M-REAL est une usine qui a prouvé sa rentabilité et son utilité publique. On y fabrique près de 5% du papier vendu en France, on y fabrique un papier recyclé de grande qualité, et la filière pourrait être encore améliorée, de façon écologique et économique. Si Véolia voulait trier le papier plutôt que de sous-traiter le recyclage du papier en Chine. Si les propriétaires de l'usine, le groupe Metsäliitto ne s'acharnait pas à fermer cette usine, alors qu'elle est rentable, et que ce même groupe, par l'intermédiaire de son PDG, M. Mikko Hellander, empêche toute possibilité de reprise du site. Des repreneurs, le français Fin Activ, et le Thaïlandais double A acceptent toutes les conditions imposées pare le groupe finlandais. Le groupe finlandais s'obstine à ne pas laisser cette usine survivre.
C'est une catastrophe pour les familles des ouvriers de l'usine d'Alizay, mais aussi pour toute la vallée de l'Andelle, les collectivités, les commerces... Y avait-il lieu plus emblématique pour venir défendre l'emploi, défendre l'usine d'Alizay, aux côtés des syndicalistes et des ouvriers, et présenter le plan pour l'emploi des écologistes ? Objectif, 1 million d'emplois en créés d'ici 2020.
Il n'y a pas de fatalité du chômage. Il y a la volonté de certains groupes industriels de délocaliser des activités qui peuvent être rentables ici, mais qui le sont plus encore ailleurs, avec des contraintes sociales et environnementales bien plus souples. Alors on ferme. Tout le monde est touché. Quand un grand groupe ferme une usine, c'est d'abord les salariés qui le payent. Mais rapidement, ce sont les partenaires de l'usine, des myriades de petites entreprises, les commerces, les collectivités locales et les régions qui en ressentent les effets, comme un jeu de domino.
La volonté des États, de la collectivité, des salariés, des habitants doit être plus forte que celle de ces groupes qui vont travailler plus loin pour gagner plus encore.
Une usine comme celle d'Alizay n'est-elle qu'un outil de production sur lequel le groupe qui la possède dispose aussi du pouvoir de vie et de mort du site ? Pourtant les collectivités ont aussi investi, en argent, en infrastructures pour que cette usine puisse s'installer. Les employés y ont leurs habitations autour. Leurs vies, leurs relations se sont construites autour de leur usine. Ils y ont investi leur argent et leurs vies. L'usine n'est pas qu'un lieu de travail, c'est aussi un lieu de vie et d'échange. Comme l'a rappelé Eva Joly au cours de la visite : "L'écologie, ce n'est pas la science de l'environnement. L'écologie c'est la préservation de l'homme dans son environnement."
Au côté des syndicalistes (Thierry Philippot pour la CGT et Eric Lardeur pour la CFE-CGC), Eva Joly a dénoncé la financiarisation de l'industrie et l'impuissance des pouvoirs publics. Le site d'Alizay est un site viable, que son propriétaire finlandais préfère laisser mourir plutôt que de le céder à des concurrents. Eva Joly s'est engagée à faire porter par les députés et sénateurs écologistes un projet de loi d'urgence qui forcerait un groupe à vendre un site lorsqu'il a prouvé sa viabilité. Elle s'est également prononcée pour une mesure exceptionnelle d'expropriation du site par l'Etat, dans l'attente d'une reprise par un nouveau propriétaire, "parce que c'est dans ce cas une mesure d'intérêt général". Les salariés ont jusqu'au 2 avril : après, pour eux, ce sera trop tard...
"travailler mieux pour travailler tous"
A 100 jours du premier tour de l'élection présidentielle, et quelques jours avant le Sommet Social pour l'Emploi de Nicolas Sarkozy, Eva Joly a choisi le site industriel haut-normand pour annoncer un thème majeur de sa campagne : le pacte écologiste pour l'emploi. Par un chiffrage très précis, Eva joly démontre que la création d'1 million d'emplois est possible par la conversion écologique de l'économie.
A l'heure même où la France perd son triple AAA, Eva Joly veut démontrer que ce n'est pas en fermant plus de sites industriels que notre dette s'allègera. On ne fait que reporter la dette sur la collectivité en arrêtant l'activité et en supprimant des emplois.
En tout premier lieu, les écologistes ont toujours prôné
les circuits courts : moins de transport, c'est moins d'émissions de CO2. C'est bon pour la planète où nous vivons, et c'est bon pour nos emplois. Dans l'industrie aussi, nous croyons qu'il faut empêcher les délocalisations, et relocaliser la production. C'est pour cela qu'à Petroplus mardi dernier (lors de sa première visite de la semaine en Normandie), Eva Joly a soutenu que
Karima Delli - qui a porté
tant que nous utiliserons des produits pétroliers raffinés, il valait mieux les raffiner ici plutôt que de les importer.
Eva Joly prône les emplois non-délocalisables.
Chiffres à l'appui, elle décline les emplois qui pourraient être créés par un plan massif de rénovation thermique des bâtiments, par le développement des énergies renouvelables, et par celui des transports en commun.
Cela permettra de compenser les pertes d'emplois dans d'autres secteurs aujourd'hui en crise, comme le secteur de la construction automobile, en permettant en outre une reconversion des savoir-faire. Ce n'est pas en mettant sous perfusion les industries du passé que l'on prépare l'avenir, c'est en organisant leur reconversion en industries d'avenir. Il en va de même pour le développement des énergies renouvelables, qui permettrait de sortir progressivement du nucléaire, en compensant là encore les pertes d'emplois (des emplois nécessaires en outre pour assurer le démantèlement des centrales).
A la question du coût du plan de rénovation thermique des bâtiments, Pascal Canfin, responsable du programme économique, répond en expliquant que le coût de l'investissement (financé par un "livret vert") sera compensé par les économies d'énergies que permettra ce plan. C'est en outre un moyen de
réduire la précarité énergétique. Car comme l'a rappelé Eva Joly le 9 janvier dernier lors du meeting « Urgence contre le logement cher ! » co-organisé par la Plateforme des mouvements sociaux pour le logement, l’association Droit Au Logement et la Fondation Copernic,
"sortir de la crise du logement, c'est aussi sortir de la précarité énergétique."
Un deuxième axe fort de son programme pour 1 million d'emplois réside dans ce que les écologistes appelent
le "vivre-mieux" : la prise en charge de la petite enfance, de la dépendance, du handicap, en sont des exemples. Créer 400.000 places supplémentaires en crèches en 5 ans aura certes un coût pour les collectivités, mais il s'agit là d'un choix politique. C'est le choix de permettre à tous de concilier vie de famille et vie professionnelle et de maintenir dans l'emploi nombre de femmes qui en sortent au moment d'avoir des enfants. C'est là aussi un moyen de
réduire la précarité, quand on sait, d'après les chiffres de
l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion que ce sont les familles monoparentales les plus touchées par cette précarit.
C'est la volonté affichée par Eva Joly, de ne laisser "personne sur le côté de la route". C'est la volonté d'égalité, de dignité et de fraternité de la candidate des écologistes à la présidence de la République.
(*)Merci à tou-te-s les salarié-e-s pour leur accueil et pour la qualité de leur écoute. Nous savons que pour eux l'heure est grave et nous leur réitérons tout notre soutien.
Merci aussi à tou-te-s les militant-e-s et aux élu-e-s qui ont pu se rendre disponibles pour venir à la rencontre d'Eva et des salariés de M-Real : Véronique, Marie-Hélène, Claire, Marie, Manue, Alexis, Gilles, Guillaume, Jérôme, René, Yves, Julien, Francis, Jean-Marie, Stéphane, Claude, Pierre, Yann, Régis, Achard, Pascal, et les autres !