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EDF : le spectre de la réalisation des deux EPR à Hinkley Point s’éloigne

EDF_energy
Malgré la totale confiance du PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy, et celle de Vincent de Rivaz, PDG de la filiale britannique EDF Energy, malgré l'engagement total du ministre de l'économie, Emmanuel Macron, la situation semble se retourner pour EDF à Hinkley Point, ce méga-projet estimé à environ 24 milliards €. C'est plus que la capitalisation d'EDF.
Alors que les pour et les contre s'affrontent au sein même d'EDF, l'opinion publique et les journaux anglais, auparavant favorables au projet, sont de plus en plus critiques et défavorables à ce projet.
Les pour : Les contre :
En 2015, aucune des activités internationales du groupe EDF n'affichait de résultats d'exploitation positifs. Les pertes qu'EDF a connu à l'étranger se chiffrent en dizaines de milliards € : 10 Mds € en Amérique du sud, 1,4 Md € de dépréciation en Italie pour une filiale à perte, 7 Mds € de dépréciation sur British Energy, 5 Mds € dépensés dans une lutte avec Areva pour prendre le contrôle d'un groupe américain, Constellation, désormais une casse industrielle. A l'époque, pour y construire des EPR...
Les plus farouches opposants à réaliser dans l'urgence se retrouvent pourtant dans le camp d'EDF : après que les syndicats se soient inquiétés du risque de faillite du groupe du seul fait de ce projet, après que le directeur financier du groupe, Thomas Piquemal ait démissionné de son poste pour "faisabilité à court terme" de ce projet, ce sont désormais les ingénieurs d'EDF qui demandent un délai de 2 ou 3 ans, et les administrateurs du groupe EDF sont favorables à ce report d'une courte majorité.
EDF devait n'être qu'un acteur minoritaire du projet. Mais la faillite d'Areva, due en grande partie à la faillite industrielle de l'EPR, a obligé EDF à reprendre le projet à son compte. L'EPR finlandais vendu à pertes devait être livré en 2009. La livraison est reportée à 2018. Pour l'instant.
L'EPR de Flamanville connait de tels déboires technologiques qu'on ne sait pas s'il pourra être en mesure de démarrer un jour. De plus, le défaut de la cuve de l'EPR de Flamanville a été détecté sur les EPR vendus à la Chine. Risque financier, industriel, et diplomatique, peut-être, en perspective. Les retards, déboires et malfaçons risquent tant de s'accumuler que le Directeur général de l'ASN, Pierre-Franck Chevet se pose la question d'en arrêter la construction.
EDF ayant été obligé de racheter la branche Areva NP, pour ses ingénieurs, "il est désormais patent que la compétence d'AREVA en matière de forgeage et de fabrication de gros composants est tombé à un point très bas." Selon eux, il faudrait un plan de redressement vigoureux de 3 à 4 ans pour revenir au niveau requis.
C'est sur la base de ce modèle initial, trop complexe, et mal conçu, qu'EDF veut désormais vendre au Royaume-Uni, avec une livraison en seulement 6 ans. Alors que l'EPR d'Olkiluoto, commencé en 2004, ne verra peut-être pas le jour en 2018.
Trop complexe, trop coûteux et en retard, les deux EPR britanniques présentent un mauvais rapport qualité-prix, au point qu'un think tank anglais, Intergenerational Foundation, a évalué que "si le Royaume-Uni misait sur les renouvelables, il économiserait 50 milliards d'euros".
Rien n'y fait, les deux PDG d'EDF et EDF Engergy et Emmanuel Macron et le gouvernement français veulent finaliser la vente dès le 11 mai 2016.
Nous sommes engagés dans un jeu de "je te tiens, tu me tiens par la barbichette", où aucun partenaire ne veut prendre l'initiative d'abandonner ce funeste projet et risquer de devoir payer aux autres d'éventuels dédommagements.
Le projet durera encore un certain temps, et coûtera fort cher, avant que l'opinion publique et les médias britanniques, les syndicats défavorables au projet, l'opposition politique britannique qui réclame un "plan B", et les recours juridiques n'y mettent fin.
Emmanuel_Macron

La menace terroriste pèse sur les installations nucléaires

risque-nucleaire
Les attentats de Bruxelles ont révélé une menace qui a longtemps été sous-estimée : les jihadistes sont soupçonnés de préparer un attentat et peut-être d'avoir déjà commis un attentat contre les installations nucléaires... belges.
Des risques redoutés, ou qui se sont déjà produits ? Sabotages d'installations nucléaires, bombes dites "sales" (y a-t-il des bombes propres ?), détournements de convois de matières radioactives...
En août 2014, un sabotage a eu lieu dans la centrale de Doel en Belgique : 65 000 litres d'huile ont été purgés.
C'est l'huile qui lubrifiait la turbine à vapeur du réacteur.
Les caméras de surveillance ont été détournées pendant l'opération de sabotage, prouvant que ce n'était ni un acte impulsif, ni l’œuvre d’une seule personne. Puis la valve repositionnée dans sa position d'origine.
Fort heureusement, le réacteur s'est mis à l'arrêt, évitant l'accident dans la zone la plus peuplée de Belgique, à quelques encablures d'Anvers, second port européen. Après des dégâts importants, et 30 M€ de travaux plus tard, le réacteur a redémarré.
Les 2 centrales belges en exploitation, à Doel et Tihange, ainsi que la centrale expérimentale de Mol sont habituellement protégées par une société privée de sécurité.
Depuis les attentats de Paris, 140 militaires ont été déployés sur ces 3 sites, en plus des agents de sécurité.
Depuis cet acte de sabotage, 30 personnes qui étaient présentes sur la centrale ont été interdites d'accès au site. Mais l'affaire n'est toujours pas élucidée, ou tout au moins cela n'a pas été révélé au public.
Si certains évoquent l'hypothèse de l'action discrète d'un État, les soupçons se tournent vers la piste terroriste.
Au lendemain du sabotage, la direction d'Electrabel imposait le contrôle des quatre yeux, chaque personne circulant dans les zones sensible étant accompagné par un autre travailleur pour une surveillance mutuelle.
Au lendemain de ce sabotage, des drones ont commencé à survoler les centrales françaises. Il n'ont pu être ni interceptés, ni identifiés.
Parler de risque terroriste sur les deux centrales nucléaires belges sans évoquer le risque pour les 19 centrales françaises est pour le moins optimiste.
Les centrales sont protégées par 30 à 40 gendarmes par centrale, ce qui représente 4 ou 5 gendarmes seulement présents sur les sites... quand ils ne sont pas appelés en renfort ailleurs.
Tout cela dans un contexte préoccupant pour le parc français. Une note interne d'EDF indique que les bilans des groupes diésels de secours sont quasiment tous "d'état dégradé" à "état inacceptable".
Ce sont ces diésels qui permettent l'arrêt et le refroidissement des réacteurs en cas d'urgence. La pire centrale étant celle de Paluel où tous les groupes de secours sont classés "état inacceptable".
Mais c'est tout le parc et toute la chaine industrielle qui est dans un état préoccupant, comme l'explique Pierre-Franck Chevet, directeur général de l'ASN lors de cette audition devant la commission parlementaire :
Les parlementaires ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.
Il faut dorénavant ajouter à tous les risques et défaillances pointés par le gendarme du nucléaire la menace terroriste.

Accident dans le bâtiment réacteur de l’unité 2 de la centrale de Paluel

La chute d'un générateur de vapeur était jugée "irréaliste" par EDF. L'accident impossible s'est pourtant produit. Du premier coup.
L'événement n'a aucun impact, ni sur la sûreté des installations, ni sur l'environnement. Les expertises sont en cours pour connaître les causes de l'événement.
EDF
paluel
Le générateur de vapeur pesant 465 tonnes et mesurant 22 mètres de haut est tombé de sa hauteur, dans "le bâtiment réacteur de l'unité 2". C'est le début du grand carénage qui a commencé en mai 2015 qui s'arrête brutalement, pour plusieurs mois.
La facture de ce grand carénage, qui devait coûter 500 millions pour la centrale de Paluel, va augmenter. Il semble inconséquent d'affirmer que cet accident, la chute d'une installation du 400 tonnes, et de 22 mètres de haut n'a aucun impact sur la sûreté des installations avant que le gendarme du nucléaire, l'ASN, n'ait rendu ses conclusions !.
C’est une continuité d’incidents depuis le début du chantier sur le remplacement des générateurs à vapeur.
Bruno le Guillou - CGT Paluel
Le syndicat FNME-CGT dénonce les « conditions de travail déplorables dues à la pression exercée pour respecter les délais et les coûts ». Dans son communiqué de presse, il met en cause la pression temporelle pour respecter les délais et les coûts,dépassements horaires à répétition, ont entraîné des malfaçons et des pratiques à risques.
Pourtant, quelques jours avant l'accident, la sous-préfète dénonçait "une peur irrationnelle du nucléaire", qu'elle comprenait du fait "des risques sournois et les effets à retardement", mais estimait qu'"il [fallait] retrouver confiance".
C'est pourtant une crainte rationnelle, basée sur des faits avérés, et même annoncés à l'avance par des syndicats qui ne peuvent que constater la fuite de l'expérience et des compétences. Pour des raisons financières, parce que cette filière coûte trop cher, parce que les dangers augmentent, et que les investissements nécessaires pour tenter de les réduire reviennent plus chers que les investissements initiaux.
Mais on ne fait pas du neuf avec de vieux réacteurs, on rafistole. Et par manque de moyens, ça casse.
C'est donc soit la fuite en avant, en acceptant les conséquences financières et les risques de disparitions de populations et de territoires, soit la sortie programmée du nucléaire et l'investissement dans les renouvelables.

#2 Après Areva, EDF : le nucléaire français est en faillite

les zones d'exclusion en cas d'accident majeur
Après une quasi-faillite d’Areva, c'est au tour d'EDF d'être victime, selon son PDG, d’une « équation financière difficile ».
EDF a dévissé en bourse : la valeur de l’action, de plus de 85 euros il y a 8 ans, tourne autour de 10 €. Un effondrement du cours, une capitalisation qui ne représente plus de 18 Milliards €, alors que les investissements à venir s’expriment en centaines de Mds €, pour une technologie condamnée et dangereuse.
EDF a été créé en 1946, sous la forme d’établissement public à caractère industriel et commercial.
Il a été privatisé en 2004, et introduit en bourse en 2005 (15% du capital). Depuis, EDF ne cesse de s’effondrer : sa dette s’élevait à 37,5 Mds € en juin 2015, pour une capitalisation de seulement 18 Mds €. L’action qui valait 85,5 € il y a 8 ans tourne autour de 10 € aujourd’hui.
EDF possède actuellement seize centrales à charbon dans le monde : onze en Europe, cinq en Chine, et il construit une centrale à charbon supercritique à Fuzhou, en Chine. De fait, le groupe continue d’investir dans le charbon à l’étranger plutôt que dans les énergies renouvelables en France et en Europe.
69 millions de tonnes de C02 sont émis chaque année par EDF.
Areva tombé, EDF en plein tempête et au bord de la faillite à son tour, c'est le nucléaire français qui se retrouve en faillite :
Les pays frontaliers s'opposent de plus en plus fortement aux centrales françaises :
Tous nos voisins on adopté soit un moratoire sur la construction de nouvelles centrales (Espagne, Italie à l'issue de 2 référendums), soit une sortie planifiée du nucléaire (Suisse, Allemagne, Belgique).
Ça, c’est une partie de nos gamelles à l’étranger, celles qui tiennent aux États frontaliers, qui sortent, eux, du nucléaire, et vont exercer une pression conjuguée de plus en plus pressante contre les centrales postées aux frontières - Gravelines, Chooz, Fessenheim, Bugey, Cattenom. Et si la politique énergétique reste nationale, les dommages en cas d'accident seront considérables.
Selon l’IRSN, un accident coûterait de 250 Mds € jusqu’à 1000 Mds € dans le cadre d’un scénario Fukushima. 430 Mds € en moyenne, mais jusqu’à 5800 Mds € selon les aléas de la météo (si, si…). Au final, combien devrions-nous à nos voisins en cas d’accident, en plus de nos propres pertes nationales ?
Des risques financiers démesurés liés aux ventes à perte de centrales à l'étranger.
Areva va être démantelé, et c’est EDF qui reprend la branche réacteurs : Areva NP.
Pour 2,5 milliards €, mais à condition que ce ne soit pas EDF qui assume le risque financier de l’EPR finlandais. Le risque est transféré sur les contribuables. Quelques 7 milliards €. Idem pour Flamanville.
En récupérant les « dossiers » d’Areva, nous voyons poindre un autre dossier international : un protocole d’accord a été signé entre EDF et son équivalent indien NPCIL pour 6 EPR à Jaïtapur, en Inde. C’est Areva qui avait commencé les négociations qui ont longtemps achoppé sur le prix, mais aussi, sur la demande des Indiens, d’un engagement financier en cas d’accident. Les EPR se situant en zone fortement sismique. Selon les géologues, « La région a les mêmes propriétés sismiques que les zone de Koyna et Latur où des tremblements de terre équivalent à 6,5 se sont produits ces cinquante dernières années (...) Un séisme d'une magnitude d'au moins 6 sur l'échelle de Richter pourrait frapper la région de Jaitapur.»
Selon Areva, à l’époque, « C'est aux autorités indiennes de décider où elles souhaitent implanter les centrales. Le risque sismique pour Areva est pris en compte dans le cahier des charges et donc dans la conception même des réacteurs. »
Y aura-t-il pour EDF les mêmes engagements financiers que pour Areva ? Et surtout, les EPR ont-ils la capacité de résister à un séisme de magnitude 6 ou plus ?
Et le pompon, l’autre dossier international, c’est évidemment « les 2 EPR d’Hinkley Point », en Angleterre : l’investissement d’EDF sera de 66% dans ces EPR : 24 Mds €. C’est plus que la capitalisation d’EDF.
Les syndicats EDF préviennent du risque de faillite de l’entreprise sur ce seul projet. Le directeur exécutif en charge des finance, Thomas Piquemal, a averti du risque de faillite d’EDF lié à l’EPR d’Hinkley Point.
Emmanuel Macron a défendu le projet des deux EPR, le qualifiant de « très bon investissement ». François Hollande et David Cameron ont réaffirmé leur soutien au projet, annonçant qu’« EDF prépare actuellement tous les éléments nécessaires pour l’annonce de la décision finale d’investissement dans un avenir proche, avec le soutien entier du gouvernement français ».
Le directeur financier en a tiré les conclusions et a claqué la porte. Son départ a immédiatement fait chuter le cours de l’action. La faute en incombe donc au gouvernement français.
Dieu est atome, Flamanville son Vatican, et Macron archevêque atomiste.
Devant l’Assemblée nationale, M. Macron réitère la volonté du gouvernement d’engager la vente des EPR d'Hinkley Point pour la survie d’EDF lors des questions au gouvernement. « Si l’on croit au nucléaire ! », nous dit-il.
Le nucléaire n’est pas un dieu. EDF n’est pas une religion. Flamanville n’est pas une cathédrale.
Le nucléaire, ce sont les activités et les industries liées d’exploitation et au traitement du minerai, la fabrication du combustible, le transport, la sécurité, la fabrication des usines et leur exploitation, le traitement des déchets, le démantèlement des usines et la gestion des déchets issus de ce démantèlement. Les deux derniers points restent encore hypothétiques et promettent d’être très, voire excessivement coûteux. Il est cependant de la responsabilité de l’État de le faire, en tant qu’État, décideur et actionnaire majoritaire d’Areva comme d’EDF, et, avant tout, responsable de la sécurité des populations.
Si faillite il y a, comme semble s’y attendre les syndicats comme le directeur financier démissionnaire et des cadres d’EDF, ce sont le gouvernement et tous les parlementaires favorables à la réalisation du contrat avec le gouvernement anglais qui seront évidemment responsables. Non coupables ? Comme d’habitude. Ils auront « cru » au nucléaire et renieront leur "religion".
Des pertes structurelles qui croissent exponentiellement.
Il y a plus grave (Non ?! Si !..) : les coûts du grand carénage qui devraient permettre de prolonger la durée d’exploitation des centrales coûtera plus de 100 Mds €. Ils ne sont pas provisionnés.
Il y a la gestion des déchets nucléaires. Bure, le futur centre d’enfouissement devait coûter 13 Mds €, il en coûtera au minimum 35 Mds €. Le démantèlement de la première tranche de la Hague devait coûter 2,5 Mds € ; elle en coûtera 4 Mds €. Aux contribuables du coup.
Il y a la décharge nucléaire ICEDA, combattue par Genève, et tous les sites de stockage nucléaire civils et militaires dont on ne connaît ni les risques, ni les coûts… Ni parfois même l’existence ?
Un autre risque est que la plupart des centrales ont été construites, quasiment en même temps, en une décennie. Les pannes, les dysfonctionnements arriveront en même temps, et les risques d’accidents et l’impossibilité de pouvoir les déconnecter nous pend au nez.
L’IRSN pointe les anomalies génériques qui plombent le parc nucléaire : générateurs de vapeur, aéroréfrigérants, mauvais positionnement des barres antivibratoires, risques dus à l’hydrogène, fiabilité des matériaux, circuits de sécurité, dégradations récurrentes et défauts de conception, fuites…
Un risque "Fukushima dénoné de l'intérieur.
Mais ce n’est toujours pas le plus grave, il reste à venir, et c’est celui que dénonce le président de l’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, Pierre-Franck Chevet : « Il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe ». M. Chevet est un X-Mines, et le Corps des mines n’est pas suspecté d’être antinucléaire. La question pour le directeur de l’ASN n’est pas de dire si il y aura un accident de type Fukushima en Europe, mais quand celui-ci aura lieu.
Le directeur de l’ASN parle de l’Europe, mais la France est clairement dans le collimateur, avec près de la moitié du parc européen, et alors même que nombre d’autres pays ont programmé leur sortie du nucléaire. Quasiment toutes les métropoles sont donc sous la menace d’un accident majeur en France, hormis la Bretagne et la Corse.
Pour le directeur de l’ASN, « on entre dans une période où les enjeux en termes de sûreté sont sans précédent. La poursuite du fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de quarante ans est un enjeu de sûreté majeur, c’est très compliqué techniquement ». Et l’usine de retraitement de la Hague est concernée, avec une corrosion plus rapide que prévue, du à l’eau de mer.
M. Chevet prévient que tout le système industriel aura 40 ans en 2020, et qu’à cet âge respectable, cela oblige à se conformer aux standards post-Fukushima ; cela demande des moyens exceptionnels et massifs alors que les acteurs du nucléaire connaissent tous – EDF, Areva, CEA – de grosses difficultés économiques, financières ou budgétaires.
Même l’ASN n’a pas les moyens d’accomplir sa mission, et doit se concentrer sur les installations qui fonctionnent. Ce qui signifie que l’ASN n’a plus les moyens de contrôler les projets en construction comme l’EPR, le centre d’enfouissement de CIGEO à Bure, et tous les autres projets en cours.
Le directeur de l’ASN prévient que l’exploitant est le premier responsable de la sûreté. Areva aurait du contrôler la cuve, mais n’a pas estimé que c’était utile. L’ASN a dû les obliger à faire le contrôle qui a montré l’anomalie de la cuve : elle ne répond même pas aux normes d’avant 2005, qui sont des normes de bien avant Fukushima.
Comme pour l’usure anticipée de la Hague.
Les exploitants ne font pas les contrôles par eux-mêmes, l’ASN admet qu’elle n’en n’a plus les moyens, et les acteurs n’ont pas les moyens d’investir dans la sûreté, le nucléaire étranger, les démantèlements, la gestion du minerai et des déchets, et même l’exploitation, plus chère que le prix du marché. Plus chère que les ENR.
Mais : on ne peut pas investir dans la transition énergétique parce qu’on est en surproduction, on ne peut pas démanteler du simple fait du prix, même si on ne peut pas garder les installations et les déchets du fait du risque.
Et on ne peut pas risquer l’accident qui coûtera des centaines de milliards, et l’arrêt de la production européenne. Combien de morts, de terres mortes, d’enfants condamnés ?
Nous sommes coincés. Nous, la France. Les autres ont choisi de diversifier, et de sortir du nucléaire. Et ils nous font savoir que le risque que l’on fait peser sur eux, c’est nous qui le paierons.
Dans cette tempête financière, technologique, et écologique, EDF choisit de continuer tel quel, en perdant petit à petit son expérience et ses compétence, et vaille que vaille, d’espérer que ça va tenir le plus longtemps possible.
Vous avez dit indépendance énergétique ?
Lors du 1er choc pétrolier, la France a fait le choix de ne plus dépendre du pétrole. Le mythe de l’indépendance énergétique « par rapport au pétrole, et au charbon qui a été entièrement consommé en France ».
Il n’y a pas d’indépendance par rapport à l’international : l’uranium vient de l’étranger, et le scandale d’Uramin, comme le fait qu’on fait la guerre en Afrique pour protéger l’uranium démontrent notre dépendance. L’enrichissement se fait sous licence du concurrent européen d’Areva, Urenco. La totalité des réacteurs fonctionnant encore actuellement sont sous licence Westinghouse, un concurrent américain passé aux mains de Toshiba. Les turbines, auparavant fabriquées par Alstom, sont désormais sous contrôle de l’américain General Electric.
L'aristocratie des grands Corps et technocratie contre la démocratie énergétique et la transparence.
Pendant que les employés d’EDF et d’Areva s’emploient à tenir les murs, produire, sécuriser comme ils peuvent et prier pour que ça ne pète pas, le grand mercato du nucléaire continue : les gouvernements se passent le lourd héritage, en espérant que ça va tenir jusqu’au bout du mandat, et les dirigeants d’EDF suivent les politiques : 1 par mandat avec un décalage d’un ou deux ans.
Tous hauts fonctionnaires, ils avaient au début des profils d’ingénieurs, puis peu à peu, plus politiques, avant de devenir des chefs d’entreprise davantage tourné vers la finance.
Il y a eu le normalien, l’ingénieur qui a porté le parc actuel sur ses fonts baptismaux : Marcel Boiteux. Celui qui ne comprenait pas qu’on s’inquiète des rejets de plutonium dans la Loire. Il fut directeur de 1967 à 1979, avant d’en prendre la présidence de 1979 à 1987. Raison pour laquelle on le considère comme l’artisan du nucléaire français. Il fut remplacé par un ingénieur général des ponts et chaussées.
Après une parenthèse plus politique, dont un ministre de Balladur, les suivants virevoltent entre grandes entreprises (Veolia, Thalès, Vivendi, ou de banques…).
Malgré tout leur talent, EDF est plongé dans une « équation financière difficile », et l’on parle de quasi faillite d’EDF, comme Areva.
Faillite, mesures, échec.
La dette était de plus de 37 milliards en 2015.
1ère mesure envisagée par le gouvernement, la cession de la filiale d’EDF, RTE, qui vaut 12 Mds €.
2nde mesure : EDF a demandé l’allongement de la durée d’exploitation des centrales de 10 ans, ce qui permettrait au groupe d’allonger la période d’amortissement. Cela permet, d’un point de vue comptable, de réduire la dette.
Mais l’allongement de la durée d’exploitation des réacteurs est lié à la décision du gendarme du nucléaire : l’ASN.
La finance est plus importante que la sécurité pour les responsables politiques en place. La politique énergétique de la France ne doit surtout pas changer, même si le marché européen libéralisé est en surproduction électrique, la ministre de l’environnement (il n’y a plus d ‘écologie, retour aux années 70) donne son accord. Sans toutefois en endosser la responsabilité, préférant s’en remettre à l’avis, réacteur par réacteur, de l’ASN.
La ministre autorise, mais n’appuie pas sur le bouton : à l’ASN ensuite d’avoir la capacité de résister à la pression ? Et les moyens d’assurer sa mission ?
La pression qui va s’exercer sur l’ASN sera… difficilement supportable. Quel directeur pourra s’opposer aux pouvoirs politiques, industriels et aux milliards € en jeu ?
Si l’on veut ajouter 10 ans de plus pour un parc soit disant amorti, il faudra investir : plus de 100 milliards € selon la Cour des comptes), la gestion des déchets nucléaires (la Hague, le centre d’enfouissement de Bure qui pourrait coûter 35 Mds €, et le nécessaire démantèlement des vieux réacteurs.
EDF a provisionné 18 Mds € pour l’ensemble des 58 réacteurs en exploitation, et des 8 arrêtés ou en cours de démantèlement. Le Royaume-Uni a estimé le démantèlement de ses 32 réacteurs à 103 Mds € : 6 fois plus !
Certaines voix n’hésitent pas à proposer une idée folle : utiliser la provision pour le démantèlement pour désendetter EDF, puisqu’on ne pourra pas démanteler.
Et demain, on éteint la lumière ou on a le choix ?
Doit-on investir dans la sécurité industrielle et des populations, en abandonnant progressivement mais réellement la filière, en réorientant les moyens de production, les énergies renouvelables dont le coût baisse et croise celui du nucléaire qui ne cesse, lui, de grimper. On imagine mal ce qui pourrait permettre de remettre dans une situation saine le groupe à long terme si on ne bâtit pas une politique énergétique à la fois à l’échelle européenne, et à la fois plus résiliente, plus locale et profitable aux communes et aux habitants. Une solution permettant de tirer profit, de payer son électricité moins chère, d’assurer l’autonomie énergétique sans danger.
Ou bien de choisir de devoir indemniser l’exploitant en ne respectant pas la limite de durée de vie augmentée des centrales : une centrale qui fermerait avant la date limite, augmentée de 10 ou 20 ans, nécessiterait, en cas de refus de fermer de l’exploitant, que ce soit au contribuable de payer pour le démantèlement.
Un coût de fermeture « anticipée » évalué par l’Assemblée Nationale à 2 Mds € par réacteur. A multiplier par 58 !
Profits privatisés et pertes publiques, et mutualisation du risque. Et pertes de milliers d’emplois à la clé, sans solution alternative d’avenir. Cessons d’investir encore dans une filière arrivée à terme, et tournons nous, comme tous les pays du monde, vers les ENR et l’efficacité énergétique.
Ajouter dix ans d’exploitation supplémentaire n’est qu’un simple effet d’annonce visant à redonner momentanément de l’air au groupe vis à vis des marchés, en évitant de devoir remettre les réacteurs aux normes, cela n’empêcherait pas le long déclin structurel de cette trop coûteuse filière.
On continue face à l’évidence de claironner le soutien à une technologie jugée pourtant caduque par tous, car trop chère. Et trop dangereuse et polluante.
C’est la fin programmée du service public qui est annoncée : la fin d’Areva, et la fin d’EDF tels qu’on les a connus, et la privatisation de RTE, la filiale d’EDF qui gère le réseau électrique.
Comment l’État, les gouvernements successifs, politiques, administratifs et industriels en sont-ils arrivés à une telle gabegie, en faisant payer la dette aux contribuables ?
Pilule rouge : on y croit et on garde l'atome ; pilule bleue : on évalue, on constate (constat vite fait : le nucléaire failli), et on invente un avenir pérenne et renouvelable.
matrix-bleu-on-sort-rouge-on-plonge

EPR : AREVA se défend des accusations du Canard enchainé et s’enfonce

Le canard a jeté un pavé dans la mare en dénonçant qu'"Areva savait depuis neuf ans qu'un sérieux problème risquait de compromettre la solidité du coeur de plusieurs réacteurs, dont celui de l'EPR de Flamanville".
A cause des teneurs trop élevées en carbone (jusqu'à 50% d'écart), la résilience de l'acier est très largement inférieure aux limites, même selon les normes de 1974.
La résilience - la capacité à absorber l’énergie d’un choc et à résister aux fissures - se calcule en joules (J).
La limite était de 56 Joules en 1974. Elle a été portée à 60 Joules en 2005.
Sur la cuve de l'EPR de Flamanville, les plus basses valeurs mesurées ne sont que de 36 Joules (40% inférieures à la limite), et en moyenne de seulement 50,2 Joules. Danger !
Pour Areva, cette anomalie est "inhérente au refroidissement des grands lingots. C'est la physique qui veut ça." La cuve est défectueuse du fait de la physique.
L'IRSN indique que "la technologie de fabrication [...] est en régression technologique", tandis que l'ASN (Autorité - indépendante - de Sûreté Nucléaire) dénonce le manque de professionnalisme d'Areva au journal.
Le plus inquiétant, c'est qu'Areva et EDF sont optimistes. Ils semblent vouloir démarrer quand même cette dangereuse installation :
Areva a mandaté un expert indépendant pour analyser les pratiques de forgeage au Creusot et vérifier la conformité des procédures et des pièces forgées avec ses exigences.
Cette analyse porte sur les défauts des processus de fabrication, et aussi sur l'"imprécision" des contrôles qualité.
Cette étude ne porte pas sur la cuve elle-même.
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"Nos premières études vont dans le sens d'une absence de risque pour la sûreté", a indiqué Patrick Poret, directeur des équipements lourds d'Areva.
L'analyse de la méthode de fabrication et de contrôle, qui semble être positive, ne remet pas en cause la défectuosité de la cuve, avérée après l'étude conduite par l'ASN.
Le malade est mort, mais l'opération s'est parfaitement déroulée. Vous voilà rassuré-e.
Mais : on peut lire dans le JDD  :
"Un sentiment partagé par le haut-commissaire à l’énergie atomique, Yves Bréchet, qui se veut lui aussi rassurant" :
"La situation n’est pas de nature à poser de problème pour la cuve. Les calculs sont optimistes."
Nous voilà donc dans le sentiment, et l'optimisme un tantinet forcé, vu l'historique...
Est-ce à dire que les calculs ont-été refaits à la va-vite pour nous expliquer qu'on peut accepter une résilience des matériaux jusqu'à 40% inférieure à la limite, avec une teneur en carbone deux fois trop élevée ? Avaient-ils vu trop large dans leurs études, qui ont pourtant pris plusieurs années ? Et après la découverte des anomalies, en deux coups de cuillère à pot, les calculs montrent enfin que la sécurité est déjà bien suffisante ?
Ou bien n'a-t-on pas les moyens de refaire une cuve, et va-t-on bricoler la partie accessible - le couvercle -, en délaissant le fond de cuve qui devra recueillir le magma nucléaire en l'état, c'est-à-dire avec une résilience affaiblie, à nos risques et périls ?
La réglementation prévoit en effet qu’"un fabricant peut choisir de ne pas respecter les valeurs minimales figurant dans le décret, s’il justifie de la mise en oeuvre de dispositions permettant d’obtenir un niveau de sécurité global équivalent" ! Va-t-on nous expliquer qu'on avait pris trop de marge, ou bien que de nouveaux calculs réalisés cette année viennent compromettre nombre d'années d'études ou de calculs (et pas un EPR ne tourne dans le monde) ?
Nous avons tous conscience de l'état d'Areva : le cours d'Areva a fondu de 77%, l'entreprise serait en faillite si l'État ne venait la garantir, et il faudrait recapitaliser (= dette publique) Areva de nombreux milliards € pour qu'elle ne s'effondre pas.
Accepter cet état de fait revient à liquider la sécurité nucléaire pour le traitement des déchets nucléaires. Et en même temps, cela condamne la France à accepter d'augmenter sa dette publique. Faire semblant que tout va bien, alors que la faillite de l'EPR est manifeste, mondialement.
Continuer, c'est la remettre à plus tard, en conservant la valeur nominale de cette dette dans les comptes publics pour le prochain gouvernement, qui dira que c'était la faute de l'autre - ils l'auront découvert entre temps dans les comptes  ; et les français-es paieront.
EDF ne peut pas s'attaquer à l'ASN pour lui reprocher ses contrôles. C'est la mission de l'ASN. En "toute" indépendance.
Les lobbyistes nucléaires issus d'EDF dénoncent l'ASN.
Ce sont donc le lobby d'EDF, des retraités d'EDF, X-mines, qui s'y collent :
André Pellen, un ancien ingénieur EDF, a écrit une lettre à l'ASN au nom de son collectif, estimant qu'"en révélant les défauts du fond de la cuve de l'EPR et de son couvercle, l'ASN abuse de son pouvoir et met en danger la filière nucléaire française !"
Il ne pose aucune question sur les risques liés aux découvertes de l'ASN, mais interroge l'ASN sur les risques encourus par la filière, sur les méthodes et la méthodologie du contrôleur.
L'ASN n'aurait pas respecté l'omerta patriotique, alors qu'Areva est en grand danger, et menace l'ASN : "Dans le cas contraire, que mes amis et moi n’envisageons pas une seconde – les informations concernées, réputées d’accès public, ne sont en aucune manière couvertes par le secret défense – un mutisme équivalent à une rétention d’informations par un organisme public s’exposerait à une sanction au plus haut niveau de l’État, que nous serions contraints de solliciter pour recouvrer nos droits citoyens.
J’attire votre attention sur le fait que ce courrier est une lettre ouverte, susceptible de vous parvenir en nombre, sous le nom et la qualité de personnes et d’organismes qui en partagent le contenu, avec la volonté de matérialiser ainsi une démarche collective la plus ample possible."
Ah ! Le contrôleur qui révèle un défaut - c'est sa mission de sûreté - s'exposerait à une sanction du plus haut niveau de l'État pour éviter que ce machin nous pète à la figure !
A contrario de ceux qui ont commis ou caché des erreurs, fautes, ou accidents.
Quant aux révélations du canard enchainé, c'est Areva qui s'y colle, au travers d'un communiqué de presse.
Qu'y disent-ils ? Le Canard s'est trompé, ils n'ont pas fait d'études de résilience en 2007, mais des études de positionnement du lingot (de 155 t.), et que c'est à cette occasion qu'ils ont découvert la teneur en carbone, et qu'ils ont communiqué ces données à l'État dès 2008. L'État ne l'aurait pas vu [non pas parce que les données étaient noyées dans un fatras de données au jargon ésotérique et optimiste, NDLR], donc il n'y a pas de responsable.
"Ces résultats ont été communiqués aux autorités dès la fin des analyses, puis rendus publics." Donc le public est complice de ce naufrage et de cette faillite, et les citoyens n'auront que leurs yeux pour pleurer quand :
  • Ils devront recapitaliser l'entreprise pour toutes ses défaillances (EPR, URAMIN, incidents,...) 
  • Ils doivent déjà trois fois le prix exprimé par les experts, déjà, mais des milliards sont à prévoir ;
  • ces milliards et tous les autres seront imputés à la dette publique, aux citoyens et contribuables donc, en pure perte ;
  • les yeux d'Angela seront fixés sur un des pays les plus endettés d'Europe (et nucléarisé du monde)... : nous ;
  • et si on le démarrait quand même pour prouver qu'on avait raison ? Et Boum !
Pourtant, l'ASN (l'Autorité indépendante qui abuse de son pouvoir contre EDF) alerte sur son manque de moyens. Une grosse partie du budget normalement affectée à L'ASN se retrouve versée au budget général. « Cela correspond à la fois au souhait du gouvernement de limiter la fiscalité affectée et à la volonté du président de la République de ne plus créer d’impôts nouveaux », dit Bercy, qui en profite, donc.
Est-ce à dire que pour assurer la sécurité nucléaire, il faut d'abord ne pas y trouver de faille de sécurité, et donc supprimer les contrôles ? Bonne chance à toutes et tous.
Canal+ et l'équipe de Spécial Investigation ont consacré un documentaire sur les accidents de Saint-Laurent des Eaux, le 4 mai 2015.
Dans l'extrait ci-dessous, on peut voir l'ancien président d'EDF, Marcel Boîteux, qui a accepté l'interview. Ce qu'avait refusé l'actuelle direction d'EDF.
Niant d'abord tout accident nucléaire en France lorsqu'il était président, il l'admet ensuite. Il admet les rejets volontaires et illégaux de plutonium dans la Loire, et admet avoir caché l'accident nucléaire en le comparant à un accident de voiture. Cela nous a été caché pendant 35 ans. C'est le rapport interne détenu par un employé de la centrale qui a permis d'en faire la preuve.
Nous avons besoin donc d'une Autorité de contrôle efficace, avec les moyens nécessaires à l'exercice de sa mission.
Et nous avons besoin d'une Autorité de contrôle vraiment indépendante, car l'ASN aurait bien été aussi destinataire de ce rapport confidentiel...
Une alternative à "Boum, big Badaboum" ? => La transition énergétique, la décentralisation, et les ENR.
Merci pour les générations futures, en arrêtant de leur donner le choix entre rien, en leur enfouissant les déchets nucléaires sous les fesses, en leur disant qu'ils pourront en faire ce qu'ils veulent d'ici 100 ans.

Plus de 6 heures pour maîtriser l’incendie de la centrale de Paluel

L'incendie s'est déclaré à 22h30 dans la nuit du jeudi 2 juillet au vendredi 3 juillet dans la salle des machines. Il aura fallu plus de 6 heures aux 71 pompiers pour en venir à bout.
Paluel
La direction de la centrale s'est voulue rassurante en expliquant qu'«il n'y aucun risque lié à de la radioactivité.»
L'incendie s'est en effet déclaré dans la salle des machines, le circuit secondaire, et non dans le circuit primaire, ce qui aurait été une autre catastrophe.
L'incendie, un feu de métal en fusion, difficile à éteindre, s'est déclaré au cours d'une opération de maintenance. Le réacteur était donc à l'arrêt. Selon le communiqué de l'ASN,
il n’y a pas eu de blessé et la situation ne présente pas d’incidence pour la sûreté nucléaire et la protection de l’environnement.
ASN
centrale_nucleaire
Nous l'avons échappé belle !
La propagation du feu a été maîtrisée, mais nous pouvons être très inquiets : ce réacteur est le premier des réacteurs à effectuer sa troisième visite décennale dans le cadre du "grand carénage", un projet consistant à investir 55 milliards (selon EDF) ou 110 milliards € (selon la cour des comptes) pour prolonger la durée d'exploitation des centrales françaises vieillissantes.
Et dès la première intervention survient un dangereux incendie.
Le secteur nucléaire connaît déboire sur déboire ;
l'EPR de Flamanville est un fiasco industriel, accumulant les malfaçons et les milliards engloutis ;
tout comme l'est celui d'Olkilutoto en Finlande ;
Areva se retrouve en situation de quasi faillite ;
cet état de quasi faillite conduit Areva à licencier 3 000 à 4 000 employés en France d'ici trois ans (quelle sécurité dans 3 ans ?) ;
des pannes à répétition, comme à Blaye le 24 juin, où le personnel a du être évacué, et où 11 personnes ont été contaminées ;
ceci une semaine seulement après un incident similaire dans la même centrale ;
des menaces de plaintes se multiplient contre l’EPR d’EDF au Royaume-Uni ;
c'est tout ce secteur industriel est en déclin, de plus en plus dangereux et difficile à maîtriser, et révèle un gouffre financier dont la tendance ne fait qu'augmenter.
Qu'attendons-nous pour entrer vraiment dans la transition énergétique, en augmentant l'efficacité énergétique, en développant les ENR sans dangers et de plus en plus compétitifs par rapport au nucléaire ?
Plutôt que constater les incidents et accidents industriels à répétition, en attendant "la grosse"...

L’OPA d’AREVA sur Uramin : deux milliards d’euros se sont envolés sous notre nez. Mediapart enquête sur un scénario digne de l’arnaque…

L'histoire que nous raconte mediapart pourrait être celle d'une banale arnaque, sauf que le montant de l'arnaque n'est pas banal : deux milliards d'euros. C'est un chiffre qui ne passe pas sur un chèque, la case des chiffres est trop petite pour y mettre la somme : 2 000 000 000 euros. Qui perd ? Areva, l'Etat, et donc nous, les français.
Comment l'Etat, comment nos élites, qu'elles soient aux manettes à l'Etat ou à Areva ont pu se laisser prendre dans ce dossier UraMin, une petite société créée en 2005 dans les île vierges britanniques, un paradis fiscal, et dont la valeur n'atteignait que 60 millions de dollars. C'est toute la question que se pose le journal, et qu'il tente de comprendre et d'élucider pour nous.
L'enjeu de cette affaire, c'est l'uranium, une ressource de plus en plus rare sur notre planète, et donc de plus en plus chère. Cet uranium, en 2006, Areva en a un besoin urgent. Non pour alimenter nos centrales, mais pour vendre l'EPR en Chine. Le gouvernement chinois exige plus qu'un réacteur. Il veut un package qui inclut les transferts de technologie sur le réacteur EPR, le cycle de retraitement, et des garanties d'approvisionnement d'uranium à bon prix.
En 2006, Areva commence à lorgner sur la société UraMin, qui fait savoir autour d'elle que ses gisements d'uranium en Afrique semblent très prometteurs. Areva n'a d'abord pas donné suite à la proposition de rachat de la société UraMin.
Mais dès le mois d'octobre 2006, les deux directions signent un accord confidentiel.
En décembre 2006, la Chine met fin aux espoir des français de vendre leur EPR, lui préférant le réacteur de l'américain Westinghouse. L'affaire aurait pu en rester là.
Mais les luttes d'influences autour d'Areva poussent la responsable d'Areva, Anne Lauvergeon, à retrouver l'autonomie de son groupe, et à se libérer de la tutelle de Bercy. Thierry Breton avait empêché le rachat d'un groupe minier australien, avait refusé la privatisation d'Areva [depuis le 30 mai 2011, l’intégralité du capital d’Areva est cotée sous forme d’actions ordinaires, Ndr], ou en lui interdisant de racheter à prix élevé RePower, une PME allemande spécialisée dans l'éolien.
Les négociations vont continuer entre Areva et UraMin. L'offre de départ de 400 millions n'a pas fait l'objet d'un accord écrit. En 2006, Areva embauche Daniel Wouters, un homme d'affaires belge, spécialiste de l'Afrique et du monde minier, pour mener les négociations, tout en l'autorisant à mener ses activités personnelles.
En six mois, le prix d'UraMin va exploser. La société quitte la place londonienne pour se placer à Toronto, plus spécialisée dans les projets miniers, et qui offre plus de garanties boursières et d'expertises techniques dans ce type de projets. A son entrée en bourse, l'action cote 2,8 dollars canadiens, et représente une valeur totale de 420 millions de dollars américains.
UraMin fait connaître les résultats d'expertises qu'elle a fait lancer, et les résultats de tous les sites sont plus prometteurs les uns que les autres. Comme le fait remarquer Mediapart, une grande partie des déclarations et articles de cette période ont disparu du web.
En mars 2007, Areva acquiert 5,5% du capital d'Uramin, pour une valeur de 4,3 dollars canadien par action. Comme dit le journal, "le poisson mord, il n'y a plus qu'à le ferrer."
En avril 2007, UraMin rompt les négociations confidentielles avec Areva, et lance un processus de mise aux enchères.
Au lieu de rompre les négociations, Areva continue de s’intéresser à l'acquisition de la société canadienne, et de ses ressources prometteuses. Le cours s'envole. Une rumeur d'un possible partenariat avec le groupe China National Nuclear Corporation, démentie par le groupe chinois quelques jours plus tard, fait prendre 4% à l'action en une séance.
En juin, UraMin annonce une nouvelle concession minière au Niger et l'action atteint 7,8 dollars canadiens à l'action.
C'est Jean-Louis Borloo, ministre des finances depuis un mois, qui donne le feu vert à une OPA sur UraMin.
7,8 dollars canadiens, c'est le prix que paiera Areva pour s'offrir UltraMin. Et encore, sans la nouvelle concession minière au Niger.
Le seul avantage qui sera concédé à Areva, c'est que sa proposition sera préférée à une offre concurrente en cas de surenchère, à condition de s'aligner sur celle-ci.
Juillet 2007, Areva lance son OPA sur UraMin, société créée seulement deux ans auparavant et qui ne valait alors que 60 millions de dollars, pour un montant de 2,5 milliards de dollars.
La valeur d'UraMin, acquise pour 1,8 milliard d’euros en 2007, et qui a nécessité des investissements par la suite, n’est plus que de 400 millions d’euros.
Le groupe français va afficher des pertes qui se chiffrent en milliards d'euros, suite à ses déboires sur UraMin, sur l'EPR en Finlande, et à la catastrophe de Fukushima qui a terni son avenir. Des milliers d'emplois vont certainement être liquidés. L'Etat français, actionnaire à plus de 80%, devra mettre la main à la poche, et l'argent public servira probablement à augmenter le capital du groupe.
Merci à Mediapart et à Martine Orange pour son enquête, dont j'ai utilisé les sources pour ce billet.
Comment une telle affaire a-t-elle été possible ? Le groupe français est leader et expert en matière de gisements d'uranium. Or, selon Mediapart, aucune expertise approfondie n’a été menée, même si des équipes internes ont bien travaillé.
L'essentiel des chiffres et des appréciations proviennent des expertises du cabinet américain SRK, et ont été fournis par le vendeur.
Comment l'Etat français, principal actionnaire, a pu ne pas arbitrer cette OPA, et au contraire donner son feu vert à l'OPA ? Quand il y a un perdant, il y a des gagnants. Qui a bénéficié de cette spéculation ? L'enquête de Mediapart nous fournit déjà des pistes, mais seule une enquête judiciaire permettra de connaître les détails de l'affaire. L'enquête de Mediapart, elle, continue...
A lire : le communiqué commun d'AREVA et d'EDF qui explique que les comptes liés à l'acquisition désastreuse d'Uramin semblaient réguliers et sincères.
Le communiqué ajoute : "Toute personne ayant une information sur un éventuel délit d'initié ou sur la surévaluation de la qualité des gisements d'Uramin avant 2010 doit la communiquer au parquet, au régulateur boursier canadien, voire à une commission parlementaire, fait valoir M. Ricol".

LA TRIBUNE, en difficultés financières et actuellement en procédure de sauvegarde, est menacée de se faire couper le jus

Depuis l'abandon du titre par LVMH, et malgré des tentatives de relance, La Tribune connaît des difficultés financières. Le journal est actuellement en procédure de sauvegarde. Le tribunal de commerce statuera sur son sort le 19 janvier prochain.
Et si l'avenir de La Tribune ne tenait qu'à un fil
C'est dans ces condtions dfficiles que le titre a fait paraître en ligne un article indiquant que l'électricien français se préparait à abandonner le modèle EPR.
Aussitôt paru, aussitôt démenti par le PDG d'EDF, M. Proglio : "EDF n'a pas l'intention d'abandonner l'EPR, les équipes sont pleinement mobilisées" sur Flamanville et à l'international, "l'EPR est un atout et une formidable opportunité de développement"...
Et les sanctions de suivre : "le 14 novembre, la direction de La Tribune est informée par Euro RSCG (Havas), l'agence de publicité d'EDF, que l'électricien 'souhaite annuler toutes ses communications dans La Tribune jusqu'à la fin de l'année du fait de l'article paru dans le quotidien'", nous dit Libération. "EDF aurait même fait savoir qu'il ne souhaitait 'plus être présent dans le titre'."
Une campagne annuelle en cours annulée, avec manque à gagner de 80.000 € (?) pour La Tribune, selon le journal.
La presse est prise en sandwich entre la nécessité d'informer ses lecteurs, et celle d'assurer sa survie en louant ses espaces publicitaires. Les deux sont apparemment inconciliables pour EDF.
Il faut dire que la situation n'est pas facile pour EDF et AREVA : avec deux chantiers en cours dont les coûts ont explosé, et les retards accumulés. Le chantier finlandais d'Olkiluoto, qui devait être achevé en 2009, ne devrait être mis en service à pleine puissance qu'au deuxième semestre 2013. Et déjà TVO a qu'il était possible que cette mise en service n'intervienne qu'en 2014. L'impact financier de ce nouveau retard n'est pas encore connu.
EDF et son PDG, M. Proglio, font donc feu de tout bois :
Ensuite en prenant des sanctions financières contre LA TRIBUNE pour un article trop incisif.
C'est aussi EDF et AREVA qui interviennent dans les accords politiques, selon mediapart.
"[...] Deux sources socialistes ayant participé aux négociations nous ont confirmé que le texte a été volontairement «trappé» durant le BN socialiste. Et d'expliquer qu'il s'agirait d'une intervention forte téléguidée par Henri Proglio, président d'EDF, et acteur de pointe du lobby nucléaire. «Nous avons tous reçu des textos en plein BN, nous demandant de retirer le texte. On n'a pas réussi à se mettre d'accord, donc on a retiré le paragraphe à la hussarde, après le vote…»
Henri Proglio affirmera n'être «absolument pas intervenu de quelque manière que ce soit dans la rédaction du programme EELV/PS.
C'est une dépêche AFP qui indiquera qu'Areva reconnaît «avoir appelé le responsable socialiste Bernard Cazeneuve, porte-parole de François Hollande, et député-maire de Cherbourg-Octeville, pour lui faire part "des conséquences économiques, sociales, industrielles, environnementales très graves, qui conduiraient aussi à la disparition du leadership de la France dans le nucléaire civil"». (source mediapart)
Et c'est l'accord EELV/PS qui est mis en danger pour caviardage au sujet du chapitre concernant le traitement du MOX.
EDF nous doit plus que la lumière. Plus que la lumière... la transparence ?

Denis Baupin et Hélène Gassin, élus EELV, répondent au patron d’EDF, Henri Proglio

Le PDG d'EDF, Henri Proglio, affirme au cours d'un entretien paru dans le Parisien, que la sortie du nucléaire coûterait 1 million d'emplois.
"[...] une telle décision menacerait 400.000 emplois directs et indirects de la filière nucléaire, 500.000 emplois dans les entreprises actuellement localisées en France et très gourmandes en énergie, comme l’aluminium, qui risquerait de partir à l’étranger. Il faut y ajouter 100.000 emplois futurs provenant du développement du nucléaire mondial à partir de la France. Au total, 1 million d’emplois seraient mis en péril et cela coûterait entre 0,5 et 1 point de PIB. Rien de tout cela n’est inimaginable. Techniquement, c’est faisable et on peut très bien choisir de le faire, voilà ce que cela impliquerait."
Denis Baupin et Hélène Gassin, élus Europe Ecologie Les Verts, lui répondent :
La fébrilité du lobby nucléaire franchit un nouveau stade. Dernier exemple en date, l'édition du 9 novembre du Parisien donne une tribune au patron d'EDF. Jamais avare d'approximations, M. Proglio avance des chiffres sans commune mesure avec la réalité et les études existantes. Il prétend ainsi qu'un million d'emplois seraient condamnés par une sortie du nucléaire. Plus c'est gros...
Rétablissons la vérité des chiffres: le nucléaire aujourd'hui en France, c'est 100.000 emplois directs et 300.000 emplois indirects, soit 400.000 emplois, chiffre cité par le patron d'EDF. Mais en plus, M. Proglio invente 500.000 délocalisations d'emplois sorties du chapeau et qui ne sont étayées par aucune démonstration ou étude sérieuse. Pour faire bonne figure, il ajoute 100.000 «futurs» emplois à l'export qui ne seraient pas créés, sans doute pour atteindre le chiffre symbolique du million.
Ce que montrent les exemples étrangers de sortie du nucléaire est strictement inverse. D'une part, les emplois directs seront préservés sur une longue période dans le cadre d'une sortie progressive du nucléaire. Il y a un avenir pour les salariés du nucléaire dans une hypothèse de sortie: il faudra gérer les centrales en fin de vie, démanteler le parc, garantir la sécurité des installations et de l'héritage radioactif que la politique énergétique française passée et actuelle lègue pour des milliers d'années, et notamment traiter et stocker les déchets. Or cela nécessite non seulement de préserver les emplois, mais aussi de former de nouveaux salariés.
D'autre part, et l'exemple allemand le prouve largement, sortir du nucléaire, c'est entrer dans une économie d'efficacité énergétique, et faire émerger enfin des modes de production d'énergie réellement respectueux de l'environnement. Et cela représente la bagatelle de 600.000 emplois à créer, dans la filière des énergies renouvelables et du bâtiment notamment. Donc, en regardant la réalité en face, sortir du nucléaire, c'est créer de l'emploi en France, qui plus est non délocalisable !
Reconnaissons malgré tout à M. Proglio l'honnêteté d'avouer implicitement que le modèle nucléaire dépérissant un peu partout dans le monde, les hypothèses largement surévaluées de création de 100.000 emplois pour l'exportation atomique se révèlent totalement caduques. La responsabilité n'en revient pas aux seuls écologistes, mais aussi aux gouvernements et peuples du monde entier qui ont tiré les leçons de Fukushima. Il y a par contre un domaine où la France pourrait encore devenir leader mondial si elle le décidait, celui de la constitution d'une filière d'excellence dans le démantèlement.
La seule véritable démonstration de cet entretien est qu'EDF n'a pas anticipé les changements mondiaux. De nombreux pays dans le monde, comme nos plus proches voisins, ont décidé de sortir du nucléaire. Ils vont en connaître les bénéfices pour leur développement industriel et la dynamique de l'emploi localement. Le train du développement énergétique soutenable pour la planète a commencé à avancer sans nous, et plutôt que de chercher à le rattraper, les nucléocrates de tout bord veulent nous faire rester à quai. Il n'est pas trop tard pour nous tourner vers l'avenir.
Denis Baupin (EELV), maire adjoint de Paris chargé du développement durable, de l'environnement et du plan climat
Hélène Gassin (EELV), vice-présidente de la région Île-de-France chargée de l'environnement, de l'agriculture et de l'énergie.

Augmentation de 3% du prix de l’électricité en France. On accuse le photovoltaïque d’avoir la rage…

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Depuis le début de la semaine, l'augmentation de 3% du prix de l'électricité en France - sauf pour les industriels bénéficiant d'un plafonnement de la contribution au service public de l'électricité (CSPE) - est commentée dans les médias officiels comme la contrepartie du développement de l'énergie solaire.
A la mi-août les tarifs avaient déjà augmenté de 3,4%. Pour cette seconde augmentation en moins de 6 mois, l'alibi est trouvé : c'est l'énergie renouvelable qui est pointée du doigt.
Alors que les malheurs qui fondent sur l'EPR ne sont pas mis en cause par ces médias.
Retour sur une séquence qui plombe l'électricien français et la filière nucléaire à l'exportation...
Depuis le début de la semaine, on justifie l’augmentation de 3% du prix du KwH consommé par le soutien à la production de l’électricité photovoltaïque.
Avant de faire porter le chapeau ce mode de production, il serait bon de faire un tour dans les comptes de la société EDF.
En France, le chiffre d’affaires d'EDF en France s’élève à 18,9 milliards d’euros au premier trimestre 2010, en croissance de 3,2% par rapport au 1er semestre 2009.
Le chiffre d’affaires réalisé hors de France s’élève à 18,6 milliards d’€ au premier trimestre 2010, en croissance de 12,7%, et de 0,9% en organique. Il représente 49,6% du chiffre d’affaires du Groupe, contre 47,4% au 1er semestre 2009.
l'EBIT (*) du Groupe s’élève à 5,3 milliards d’euros, soit une baisse de 22%.
Cette baisse est due pour l’essentiel à la prise en compte d’une provision pour risques de 1,1 milliard d’€ liée aux activités du Groupe aux Etats-Unis. En effet, de nouveaux éléments ou perspectives ont été pris en compte au 30 juin 2010 : la prise de risque se confirme avec l’annonce faite par Constellation Energy - le partenaire américain d’EDF - ce dimanche 11 octobre : le groupe se retire du projet CC3, une centrale EPR de 1.600 MW dans l'Etat du Maryland.
Le groupe américain souhaitait de plus exercer l'option de vente de 2 milliards de $ d'actifs conventionnels à EDF. Cette option avait été conclue entre les 2 parties en 2008 dans le but de consolider le partenaire américain en cas de nouvelle crise des liquidités. L'option consistant à recourir à un partenaire américain est une obligation légale, afin de réaliser ce projet CC3 au sein d'un groupe : la loi américaine empêche une société étrangère d'opérer seule une centrale nucléaire.
Au terme d'habiles négociations de la part d'EDF, la rupture ne lui coûtera « que » 250 millions de $. Et EDF ne passera pas de provisions complémentaires à celles de 1,1 milliard d'€ passées l'an dernier.
Pour plus d'information lire :
Sur challenge
sur le site des Echos
Alors souvenez-vous bien du chiffre de 1.1 milliard d’€.
Prenons maintenant la consommation intérieure électrique annuelle, soit 486 Twh (486 milliards de KwH).
Le coût moyen de l’achat du KwH est de 0.11€ soit une rentrée financière annuelle de 53 milliards d’€. Minorons par le prix des heures creuses soit 50 milliards d'€.
Une augmentation de 3% correspond donc à un gain de 1.5 milliard d’€ (souvenez –vous du chiffre précédent). Alors maintenant quel lien avec le photovoltaïque ? D’après le grenelle de l’environnement, il faudra 1% de la part de production photovoltaïque en 2020 - soit à consommation constante 4.8 milliard de KwH .
Donc au tarif de rachat constant de 0.60 d’euro (quelle que soit l’installation et là il y a des questions à se poser...), on trouvera 2.8 milliard d’€ pour l’année 2020.
En 2010, on peut se dire que l’on part pour 2011, sur un objectif de 50% de la production finale soit un coût d’achat pour EDF de 1.4 milliard d’€ (**). Et voilà le tour est joué : les spécialistes de la com' devront dire « il faut 1.5 milliard d’€ pour le photovoltaïque ! » à la place de « il faut 1.5 milliard d’euro pour les prises de risques sur le nucléaire aux Etats-Unis ! » .
Les prises de risques pour l'exportation de la filière nucléaire à l'étranger et le sous-investissement chronique dans les réseaux - qui provoque une hausse du coût du transport et de la distribution - ne sont pas mis en cause : le gouvernement préfère accuser le renouvelable. Ce n'est plus un chapeau que portent l'écologie et le photovoltaïque, c'est un sombrero !
Ce qui m’irrite le plus c’est que l’actionnaire principal d’EDF est l’état à 84.5% . Il me semble qu’aucun service n’a jugé bon de se poser cette question. A moins que la doctrine sarkosienne du moment « l’écologie ça suffit » soit devenue la ligne de conduite officielle .

* Le résultat opérationnel (ou EBIT) est quasi équivalent au résultat d'exploitation dans le système comptable français. C'est le solde entre les produits d'exploitation, et les charges : coûts des ventes, frais administratifs et commerciaux… Ce résultat est donc mesuré avant éléments financiers, charges exceptionnelles et impôt sur les bénéfices. Il ne prend en compte que des charges, des consommations externes, des achats, ou les frais de personnel).
** En réalité, le solaire en France ne représente que 880 MW/h, soit 0.01% de la production électrique française.

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