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Augmentation de 3% du prix de l’électricité en France. On accuse le photovoltaïque d’avoir la rage…

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Depuis le début de la semaine, l’augmentation de 3% du prix de l’électricité en France – sauf pour les industriels bénéficiant d’un plafonnement de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) – est commentée dans les médias officiels comme la contrepartie du développement de l’énergie solaire.
A la mi-août les tarifs avaient déjà augmenté de 3,4%. Pour cette seconde augmentation en moins de 6 mois, l’alibi est trouvé : c’est l’énergie renouvelable qui est pointée du doigt.
Alors que les malheurs qui fondent sur l’EPR ne sont pas mis en cause par ces médias.
Retour sur une séquence qui plombe l’électricien français et la filière nucléaire à l’exportation…
Depuis le début de la semaine, on justifie l’augmentation de 3% du prix du KwH consommé par le soutien à la production de l’électricité photovoltaïque.
Avant de faire porter le chapeau ce mode de production, il serait bon de faire un tour dans les comptes de la société EDF.
En France, le chiffre d’affaires d’EDF en France s’élève à 18,9 milliards d’euros au premier trimestre 2010, en croissance de 3,2% par rapport au 1er semestre 2009.
Le chiffre d’affaires réalisé hors de France s’élève à 18,6 milliards d’€ au premier trimestre 2010, en croissance de 12,7%, et de 0,9% en organique. Il représente 49,6% du chiffre d’affaires du Groupe, contre 47,4% au 1er semestre 2009.
l’EBIT (*) du Groupe s’élève à 5,3 milliards d’euros, soit une baisse de 22%.
Cette baisse est due pour l’essentiel à la prise en compte d’une provision pour risques de 1,1 milliard d’€ liée aux activités du Groupe aux Etats-Unis. En effet, de nouveaux éléments ou perspectives ont été pris en compte au 30 juin 2010 : la prise de risque se confirme avec l’annonce faite par Constellation Energy – le partenaire américain d’EDF – ce dimanche 11 octobre : le groupe se retire du projet CC3, une centrale EPR de 1.600 MW dans l’Etat du Maryland.
Le groupe américain souhaitait de plus exercer l’option de vente de 2 milliards de $ d’actifs conventionnels à EDF. Cette option avait été conclue entre les 2 parties en 2008 dans le but de consolider le partenaire américain en cas de nouvelle crise des liquidités. L’option consistant à recourir à un partenaire américain est une obligation légale, afin de réaliser ce projet CC3 au sein d’un groupe : la loi américaine empêche une société étrangère d’opérer seule une centrale nucléaire.
Au terme d’habiles négociations de la part d’EDF, la rupture ne lui coûtera « que » 250 millions de $. Et EDF ne passera pas de provisions complémentaires à celles de 1,1 milliard d’€ passées l’an dernier.
Pour plus d’information lire :
Sur challenge

sur le site des Echos
Alors souvenez-vous bien du chiffre de 1.1 milliard d’€.
Prenons maintenant la consommation intérieure électrique annuelle, soit 486 Twh (486 milliards de KwH).
Le coût moyen de l’achat du KwH est de 0.11€ soit une rentrée financière annuelle de 53 milliards d’€. Minorons par le prix des heures creuses soit 50 milliards d’€.
Une augmentation de 3% correspond donc à un gain de 1.5 milliard d’€ (souvenez –vous du chiffre précédent). Alors maintenant quel lien avec le photovoltaïque ? D’après le grenelle de l’environnement, il faudra 1% de la part de production photovoltaïque en 2020 – soit à consommation constante 4.8 milliard de KwH .
Donc au tarif de rachat constant de 0.60 d’euro (quelle que soit l’installation et là il y a des questions à se poser…), on trouvera 2.8 milliard d’€ pour l’année 2020.
En 2010, on peut se dire que l’on part pour 2011, sur un objectif de 50% de la production finale soit un coût d’achat pour EDF de 1.4 milliard d’€ (**). Et voilà le tour est joué : les spécialistes de la com’ devront dire « il faut 1.5 milliard d’€ pour le photovoltaïque ! » à la place de «  il faut 1.5 milliard d’euro pour les prises de risques sur le nucléaire aux Etats-Unis ! » .
Les prises de risques pour l’exportation de la filière nucléaire à l’étranger et le sous-investissement chronique dans les réseaux – qui provoque une hausse du coût du transport et de la distribution – ne sont pas mis en cause : le gouvernement préfère accuser le renouvelable. Ce n’est plus un chapeau que portent l’écologie et le photovoltaïque, c’est un sombrero !
Ce qui m’irrite le plus c’est que l’actionnaire principal d’EDF est l’état à 84.5% . Il me semble qu’aucun service n’a jugé bon de se poser cette question. A moins que la doctrine sarkosienne du moment «  l’écologie ça suffit » soit devenue la ligne de conduite officielle .

* Le résultat opérationnel (ou EBIT) est quasi équivalent au résultat d’exploitation dans le système comptable français. C’est le solde entre les produits d’exploitation, et les charges : coûts des ventes, frais administratifs et commerciaux… Ce résultat est donc mesuré avant éléments financiers, charges exceptionnelles et impôt sur les bénéfices. Il ne prend en compte que des charges, des consommations externes, des achats, ou les frais de personnel).
** En réalité, le solaire en France ne représente que 880 MW/h, soit 0.01% de la production électrique française.

Jérôme Bourlet
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