Vendredi 26 mai 2017, vendredi de l’ascension en pleine canicule. On en parlera du climat, d’ailleurs, lorsque l’on parlera de l’intérêt général.
A28-A13 : préfère-t-on construire une autoroute qui nuit au climat, comme aux hommes et à la nature, ou bien veut-on sauver le climat, et les hommes avec ?
Erratum : suite à la lecture des programmes des candidats, j’ai corrigé les positions de R. Jacquet, qui se trouve Pour l’autoroute, et celui du FN, qui a compris l’opposition des habitants et se positionne contre.
Non à l’autoroute a invité tous ceux qui le voulaient à une soirée film + débat au cinéma de Val-de-Reuil, avec le film “l’intérêt général & moi” de Sophie Metrich et Julien Milanesi. Merci à Jean-Claude Bourbault et à l’équipe pour l’accueil chaleureux, comme à l’habitude.
Peu de monde était présent. Mais, considérant la une de la Dépêche (comment les remercier, sinon en étant à la hauteur de la tâche), 5 candidats aux législatives étaient présent-e-s.
Pour Europe-Écologie-les Verts, deux candidat-e-s : Laetitia SANCHEZ et Alexis FRAISSE, infatigables militants de l’intérêt général, et opposants à cette autoroute depuis le commencement.
Pour France Insoumise, le candidat PCF Arnaud LEVITRE s’est fait représenter par Pierre VANDEVOORDE du NPA.
Pour EN MARCHE, c’est Bruno QUESTEL qui donne sa position.
Pour le PS, c’est Richard JACQUET qui était présent.
Disons le tout net : il n’y a aucune alternative pour cette liaison A28-A13 : ni 2×1 voies, ni gratuit sur un tronçon. C’est le projet accepté par l’Enquête publique, et présenté à la concertation en 2014. le projet présenté est définitif.
C’est ce projet (dont les usagers, les habitants et les Eurois ne veulent pas), ou rien. Ainsi que le promoteur n’a cessé de le répéter. Soit on est pour, soit on est contre. La seule alternative, c’est Non à l’autoroute.
L’A28-A13, c’est le continument du contournement autoroutier du bassin parisien, à 100 km de Paris.
Nous avions fait le choix dans les années 2000 d’un contournement à 200 km en Normandie.
Les camions ne l’empruntent pas. Trop cher. Alors qu’ils l’ont réclamé.
Comme ils n’empruntent pas l’A150, entre Barentin et Rouen. Trop cher pour eux. Les routiers en ont demandé le boycott après en avoir réclamé la réalisation – jurant à l’époque qu’ils l’utiliseraient.
Pour nous, Non à l’autoroute, on nous propose la même chose : une autoroute pour cadres pressés et privilégiés, sans aucune obligation aux poids-lourds de l’emprunter. Merci Monsieur le Préfet !
Les routiers évitent les autoroutes, comme les automobilistes normaux, qui ne peuvent, et ne veulent pas payer 80 euros par mois pour avoir le droit d’aller travailler dans la métropole.
Pour moi, écologiste, cette autoroute sera payée au prix du sang de la biodiversité et de la terre qui nous nourrit.
Les habitants payent. Les usagers du quotidien payent. Les paysans payent. On paie sur le paysage, et on paie en péages. Et on paie en camions qui reviennent sur les petites routes pour ne pas payer le péage – normal, on ne les oblige pas ! – et traversent encore et plus encore les petites routes et les communes, avec les automobiles. Devant les écoles, les cafés, les églises. Pollution, danger routier, tout ce qu’on ne veut pas.
L’intérêt général, la volonté du peuple comme certains la conçoivent. Dans ce cas, elle n’est pas là.
On évalue les risques et des destructions face aux apports, est-il là ?
Le projet est alors présenté au public au travers d’un débat public. Dans notre cas il n’y a pas eu de débat public, le promoteur considérant que le projet avait déjà passé l’étape du débat public 10 ans auparavant.
il y a donc eu concertation publique avec une écrasante opposition du public.
Mais l’avis du public n’est qu’informatif, les élus ont fait leurs choix, en opposition à la population, en faveur du promoteur.
Rappelons qu’en matière de destructions environnementales, la directive ERC s’applique dans l’ordre : ERC, Éviter-Réduire-Compenser.
- D’abord tout faire pour éviter ! C’est ce qu’a demandé le public : pas d’autoroute.
- Si on pense que les apports sont supérieurs, pas seulement les promoteurs, le promoteur et les actionnaires du BTP, on fait tout pour réduire au maximum les destructions de la nature et les pollutions, et la casse humaine et sociale.
- Enfin, si on ne peut pas réduire, on compense. Mais la nature ne peut être compensée dans ce cas. Il y a 516 ha de destructions de terres naturelles, et nous n’en n’avons plus. Les paysages cassés, il faudra casser à nouveau pour restaurer, et cela coûte. On ne le fait pas. Les nappes phréatiques et les captages sont fragiles et menacés par ce projet inutile (parti pris partagé), mais les nappes et les captages, on les ferme les uns après les autres. Faute aux pesticides d’abord, et aussi aux grands projets routiers qui polluent sols et et eau potable.
On compense donc avec des sommes versées aux victimes, des regroupements de parcelles pour les agriculteurs, mais avec perte de terres globalement (si, si, réfléchissez), mais aussi des merlons anti-bruit et autres aménagements qui prouvent que cela va être un enfer pour les habitants.
Et puis des subventions possibles pour des associations ou fondations qui repeignent le monde en vert. Le vert, c’est aussi la couleur du dollar.
Enfin, la rentabilité du projet, au moment où l’argent public est aussi d’intérêt général pour payer la sécurité, l’éducation, la médecine, les transports collectifs, la défense, la justice, et j’en passe : le promoteur a estimé que cette autoroute allait générer 1 milliard 507 millions €… en gains de temps !
Ce que bien sûr nous avons contesté, car les temps de transports présentés actuellement ne correspondent aucunement à ceux révélés par les études de terrain, comme aucun des outils qui donnent précisément les temps de transports aux heures demandées.
On l’a montré là.
Les enquêteurs publics m’ont affirmé que si la rentabilité n’était pas au rendez-vous, c’est le concessionnaire qui paierait. Sauf à faire jouer la clause de déchéance au moment opportun, et les bénéfices sont engrangés par les entreprises du BTP, le concessionnaire qui préfère contracter un emprunt plutôt que les fonds propres, payer dès le début les dividendes aux actionnaires et laisser grossir la dette qui reviendra à l’État et les collectivités locales et territoriales.
Sauf que
les collectivités n’auront pas encaissé la TVA au passage, elles seront les grosses perdantes.
La dette étant considérée comme charge financière, et que le rabot fiscal n’existe pas pour les PPP, elles échappent de plus à l’impôt.
L’impôt, c’est pour les citoyens et usagers.
Les positions des candidats aux législatives sur l’A28-A13, en vidéo :
Bruno Questel, la République en Marche
J’ai été étonné, le candidat LREM a coché toutes les bonnes cases, vertes et de gauche, allant jusqu’à défendre les positions défendues par les écologistes, en se positionnant pour le contournement Ouest de Rouen, tel que l’ont proposé les écologistes.
Chapeau l’artiste, malin Monsieur le candidat, peut-être futur député !
• Gratuité d’Incarville : Nous ne nous satisferons pas de promesses à la Destans, il nous faut des élus véritablement déterminés à combattre avec courage cette autoroute et soulager les Eurois qui prennent l’A13 pour aller travailler. Par contre attention à la concurrence déloyale de Tourville-la-Rivière pour les commerçants du centre-ville. On garde la promesse sous le coude, comme on a gardé celle de M. Destans en 2005. La voilà d’ailleurs :
Ça, c’était une promesse à la Destans, de celles qui n’engage que ceux qui veulent bien y croire.
Espérons que les propos de M. Questel ne soient pas du même acabit, car nous avons besoin de combattants de notre pays, de ses habitants, et aussi de sa nature et de ses paysages.
• Criquebeuf-sur-Seine : c’est la SANEF qui bloque tout aménagement qui permettrait de faciliter l’accès et amenuiser la dangerosité. Le budget nécessaire, 3,7 millions €, a été budgété 3 ans de suite par le département (sous-entendu grâce à lui). La SANEF a pu s’y opposer parce qu’elle possède le foncier autour de ce noeud autoroutier. Malheureusement, pas d’Alexandre le Grand dans nos élus pour tailler dans ce
noeud Gordien lors des négociations avec les concessionnaires.
La dernière négociation s’est déroulée sous le ministère de M. Macron. Le jour où il y aura une catastrophe, SANEF sera responsable. Macron et son gouvernement n’auront pas su anticiper ce qui est, non du futur, mais du passé déjà ancien. J’imagine que M. Questel saura les en prévenir ?
• A28-A13 ! Outre le doute sur les questions du financement (mais un financement, ça se trouve quand on veut on coupe un tuyau, on en ouvre un autre, on fait un peu de dette, on met un peu plus de privé…), M. Bruno Questel se positionne pour le scénario des écologistes sur le contournement Ouest de rouen (j’ai entendu Est, mais je pense qu’il a confondu à ce moment) passant par le pont Flaubert.
Eût-il dit séparation des flux de voitures et de camions (via le boulevard maritime) qu’il aurait checké 100 % des cases. Et bien sûr séparation des flux routiers et collectifs et mobilité active…
Rien à dire au niveau promesses. Reste que son parti est clairement dans la mouvance du continument de la privatisation et de l’autoroute à gogos.
Les partis qui le composent ont voté 100% pour l’autoroute à la Région.
Je veux bien croire les positions du candidat, mais nous ne l’avons guère entendu que ce soit au débat public de 2005, à la concertation publique de 2014, lors de l’Enquête publique, mais aussi au Conseil général lorsqu’il était administrateur à la SANEF. Il s’en explique : le CG ne l’aura pas laisser aborder la question, il a donc démissionné de son poste d’administrateur.
Que peut-il promettre ?
Pierre Vandevoorde pour Arnaud Levitre, PCF France Insoumise
“Le moindre kilomètre d’autoroute est en trop aujourd’hui, alors que nous somme de plain pied dans la catastrophe climatique !”
C’est donc un gros non à l’A28-A13, mais c’est aussi la demande de la suppression du péage d’Incarville qui créée des bouchons qui est prioritaire pour Pierre Vandevoorde, et qui résoudrait tous les problèmes de circulation, notamment celui de Criquebeuf.
Pour nous écologistes, ce n’est même plus une question de priorité, il y a urgence à contrecarrer le projet de nouvelle autoroute A28-A13.
C’est ultra-méga-prioritaire, puisque la situation de d’Incarville-Pont de l’Arche–Criquebeuf est gelée depuis des années par le concessionnaire qui a toutes les billes en main, qui vit de la rente de cette autoroute largement amortie, et qui refuse toute concession aux usagers et aux habitants. Le concessionnaire, c’est lui, pas les autres.
Alors que l’on se doute que Sanef va “conquérir” le marché A28-A13 (l’A13, c’est Sanef, l’A28 c’est Sanef), quel intérêt aurait Sanef de céder là dessus et de prouver qu’il n’y a pas besoin d’A28-A13 ?
Par contre, il y a urgence à faire cesser le Grand Projet autoroutier Inutile, Imposé et ruineux pour le citoyen, Sanef et sa filiale SAPN auront un intérêt de moins à défendre le péage d’Incarville et d’interdire l’aménagement de Criquebeuf.
Et ils n’auront plus d’alternative soi-disant sécuritaire à proposer hormis l’aménagement, et la gratuité d’Incarville. C’est l’intérêt général.
C’est aussi le sens de la directive ERC : 1 éviter, 2 – réduire, 3 – compenser.
Aucune ambiguîté sur le “Non à l’autoroute” pour le candidat.
le groupe communiste a voté contre l’autoroute, et contre le financement de la Région de 122 millions €.
Richard Jacquet pour le Parti socialiste : tout faux !
Richard Jacquet est POUR le contournement Est de Rouen (aujourd’hui appelé liaison A28-A13), mais contre l’A28-A13 dans l’Eure. La pédagogie, c’est l’art de la répétition. Il n’y a pas de plan B : c’est l’A28-A13 tel qu’il a franchi les étapes, ou rien. Richard Jacquet est POUR l’autoroute. C’est écrit en toutes lettres dans son programme. Attention au message fallacieux envoyé aux électeurs, je suis pour là-bas, mais contre ici, c’est totalement hypocrite puisqu’il n’y a qu’un seul projet, non amendable !
• Selon Richard Jacquet, le projet d’autoroute peut avoir un intérêt pour désengorger Rouen du trafic autoroutier. Ce que nous, à Non à l’autoroute, et ce que les écologistes contestent. Au regard d’abord des rapports des services de l’État et des collectivités. (CEREMA, Ponts et Chaussées, CREA, Cour des comptes, Haute Autorité de la concurrence, etc, etc…)
• La liaison est déjà existante avec les circuits existants, il ne manque que le viaduc Les Authieux-Rond point des vaches.
[Sauf que le viaduc n’est pas prévu sans l’autoroute et le reste. Aujourd’hui, on descend très bien par la départementale des coteaux des Authieux vers Oissel. Il n’y a personne. Allez…: pas grand monde.]
• Utiliser l’agent économisé (Ben… 1 milliard !) permettrait d’investir sur l’a13.
[Je préfère le scénario d’Arnaud Levitre et de Pierre Vandevoorde, mais je recommande et je plébiscite surtout celui des écologistes. Nous avons 1 milliard ? Investissez le dans les transports collectifs et la mobilité active, la marche le vélo. Et le ferré. Ouvrez les yeux : l’engorgement de Rouen ce sont les Rouennais en auto. Et les camions. 50% des Rouennais font moins de 3 kilomètres en auto. A moins de 10 kilomètres je gagne du temps et du plaisir à vélo. Investissons dans des pistes et des transports collectifs confortables, rapides, pas cher. Et pas en réseau en étoile obligeant à passer par l’hyper-centre. Des transports et des lignes pour là où l’on va. Vous n’aurez plus de congestion, c’est assez simple à comprendre ?
Enfin, si Richard Jacquet oublie de citer le contournement Ouest de Rouen, via les aménagements des sorties du pont Flaubert et du Boulevard maritime, j’imagine qu’il en sera d’accord avec les propositions écologistes ? Oui ? Ah bah non : autoroute à péage.]
• Les barreau autoroutier Eurois ne profitera pas aux habitants, ils n’en veulent pas (constat partagé).
• La question de l’aménagement de Criquebeuf est à la marge, la question est celle de la gratuité d’Incarville.
[Assez d’accord là-dessus, mais on oublie que le bazar généré, c’est par la volonté de l’État de céder au lobby autoroutier, de fabriquer des autoroutes à riches, de ne pas obliger les camions à les emprunter, de ne pas faire la taxe poids lourds et de nous en faire payer quand même le prix, de cette “écotaxe”.
Le Préfet ne peut pas obliger les camions en transit à prendre l’autoroute ? État faible ou État lobbitimisé ? Voire complice.
Au prix de l’aménagement de Criquebeuf, l’État et les collectivités peuvent se le payer. Mais le foncier appartient à la SAPN…]
Pour les transports ferrés, le train, Richard Jacquet déclare forfait, il ne connait pas le sujet. Un sujet majeur pourtant : 10.000 personnes font le trajet en voiture quotidiennement. Ou en car, la classe ouvrière du transport.
le groupe socialiste a voté pour l’autoroute, et pour le financement de la Région de 122 millions €, à l’exception de Marc-Antoine Jamet qui s’est courageusement abstenu.
Si vous voulez des combattants de la mobilité, contre le grand déménagement du territoire, contre cette autoroute en particulier, mais aussi contre les autres Grands Projets Inutiles Imposés (GPII), écoutez la vision futuriste des candidats écologistes de la 1ère et la 4ème circonscriptions. Limpide !
Mais avant, place aux absents, on dit qu’ils ont toujours tort. C’est vrai !
François-Xavier Priollaud pour l’UDI. Tout faux.
Ben, on est dans les cas compliqués… Il sait très bien que le projet c’est le plan A, et qu’il n’y a pas de plan B.
Soit c’est l’autoroute, payante dans l’Eure et le projet rejeté unanimement par la population et les élus locaux, mais validé par l’enquête publique.
Soit c’est rien, on recommence à zéro, et c’est ce que ne veulent pas le promoteur et les lobbies du BTP. On en reprendrait pour des années, ce que ne souhaite pas la droite pompidoulienne. Ni la gauche mitterrandienne. Ni les ni-ni qui ont un intérêt dans le business autoroutier, au détriment des usagers et des contribuables.
Comme si de rien n’était, François-Xavier Priollaud reconnait l’utilité de l’autoroute. Le promoteur ne réclame rien de plus. Ce qui dépasse, c’est des mots diplomatiques, et pas juridiques.
Les bétonneurs veulent entendre “utilité publique”, le reste, ce sont des mots ambigus auxquels on veut bien croire. C’est oui, ou c’est non.
M. Priollaud accorde l’utilité, et viendra dire plus tard qu’il voulait négocier pour les Eurois. Promesse de gascon.
Gratuit pour les Eurois ? Mensonge.
Requalifié en 2×1 voie ? Même pas en rêve.
Garanties et compensations financières pour les Eurois ? Ce sont eux qui paieront le plus.
Partie euroise gratuite ? Stop, il suffit de mentir ! La seule solution serait de prendre l’impôt des Eurois pour verser une compensation. Il y a un contrat, si on le signe, il faut respecter les termes du contrat.
Si M. Priollaud et la droite, après avoir signé une motion à l’unanimité à l’agglomération contre l’autoroute et le principe autoroutier dans l’Eure tourne casaque, c’est une traîtrise envers les administrés qui ont cru aux paroles des élus, et à la valeur d’une motion votée à l’unanimité.
C’était juste des mots couchés sur le papier, malheureusement sans valeur. Les promesses n’engageant que ceux qui veulent bien y croire, il y aura désillusion et colère. Il n’y aura aucun pardon. Et pas mon vote, quoi qu’il arrive. Désolé, je l’aime bien humainement, mais nous sommes trop opposés sur ce sujet.
M. Priollaud, comme tout son groupe, a voté pour l’utilité de l’autoroute à la Région Normandie. Il est conseiller de la majorité régionale, accessoirement maire, et candidat à la députation. Le groupe, largement majoritaire, a voté à 100% pour l’autoroute. 122 millions de la Région de subvention. Y compris, bien sûr, le péage eurois, le 2×2 voies, les destructions de terres naturelles et agricoles, de paysages, et de l’eau et du climat.
FN et Doris Perreaux : pas si faux, pas si vrai.
Bon, là on est dans le grand écart, et on n’évite pas l’autoroute mais le débat.
D’abord favorables à l’autoroute, les voilà favorables au contournement de Rouen par l’Est, et non par l’Ouest (?), mais contre le barreau Eurois désormais.
Donc c’est non pour eux.
C’est la notion d’impôt pour le contribuable, et le prix du péage, qui sont les moteurs de leur “contestation”. Reste qu’on ne les a jamais vus dans le débat public (sauf internet) et concertations publiques.
Le message, c’est on vous matraque d’impôts, également cela n’arrangera pas le trafic dans le secteur (merci à notre travail opiniâtre), et, et, et…
“je suis pour un tarif préférentiel pour les habitants du secteur.” (Doris Perreaux) Cela n’empêchera pas les camions de continuer à échapper à l’autoroute en prenant la déviation de Pont-de-l’Arche.
Et le tarif préférentiel, ce sont les impôts locaux qui vont le financer. A un moment où le Département veut fermer des collèges pour raison financière.
A la Région, le groupe FN s’est abstenu : pour le contournement, mais contre le barreau Eurois. Dans un choix oui/non, c’est courageux de voter “peut-être”…
Contre l’autoroute, donc. Ils ont compris la colère des gens…
Un peu d’air : les écologistes il y a deux candidat-e-s :
Ce dont vous parler les candidats écologistes, ce n’est pas la belle vie des actionnaires, mais celle des habitants. Niveau de vie, qualité de vie, mobilité, et leur vision de l’intérêt général.
Alexis Fraisse pour les Écologistes. Évident.
Ce que dit Alexis : “J’ai une très haute idée de l’intérêt général. La plupart du temps on a l’impression que ce sont des intérêts généraux, mais qui restent un peu particuliers.
Les aménagements autoroutiers, il n’y a même pas de question à se poser. L’intérêt le plus général, c’est quelque chose qui touche le monde entier, et qui nous touche personnellement, tous, un par un.
Le réchauffement climatique et la disparition des espèces naturelles et espaces agricoles qui nous nourrissent, on ne peut pas mettre ça en balance avec quelques minutes gagnées pour quelques privilégiés ou quelques milliards de profit.
La question ne devrait même pas se poser à l’heure actuelle. On pouvait se la poser il y a 50 ans, parce qu’on ne savait pas, parce que le réchauffement climatique, les gens ne connaissaient pas, n’y croyaient pas. La biodiversité, on s’en fichait. On s’aperçoit que les espèces sont fragiles. A force de tuer espèces animales et végétales, nous n’aurons plus de quoi manger.
Le contournement Est de Rouen, c’est quelque chose qui ne devrait plus avoir lieu de nos jours. On ne devrait même plus avoir à en parler.”
La mobilité actuelle est entièrement basée sur l’automobile et les énergies fossiles.
Nous avons un des réseaux routiers les plus denses du monde. L’argent qu’on peut investir dans le transport, il faut l’investir dans le ferroviaire, la mobilité active, le vélo, les transports collectifs. Ils sont l’alternative au contournement Est.
Le (petit) groupe EELV à la région Normandie a voté contre l’autoroute, et contre les 122 millions de subvention de la Région.Contre les destructions de terres naturelles et agricoles, de paysages, et de l’eau et du climat. Pour les gens.
Laetitia Sanchez pour les Écologistes et le climat.
Elle nous parle aussi de ces personnes qu’elle a rencontré pendant ses porte-à-portes, et qui se sentent assignées à résidence parce que les petites gares ont fermé, et que ces personnes, âgées, ou pauvres, ou handicapées, ne disposent pas de voiture. Double peine.
Elles prennent les transports collectifs, mais lorsque les vacances scolaires arrivent, des lignes disparaissent. Ou bien ceux qui sont coincés en banlieue après 20 h, lorsque les transports en commun s’arrêtent. Le restaurant, c’est chez eux. Les concerts, le cinéma, c’est la télé.
On parle LNPN, l’attrait de la vitesse, la LGV mais qui devrait fonctionner en omnibus, car les élus locaux veulent leur desserte. Un ligne avec des gares éloignées des centres-villes, qui’il faut rallier en voiture, alors que les gares du centre sont accessibles à pied, à vélo, en bus ou en métro dans le cas des métropoles. Rouen-Evreux est une ligne arrêtée, mais pas déclassée.
Cette ligne serait un remède à la congestion urbaine, mais aussi au fret pour les céréales si on la rouvrait jusqu’à Orléans. Les internes de l’hôpital d’Évreux, par exemple, ne souhaitent pas y rester lorsqu’ils deviennent médecins, par manque de train notamment.
Rouen est le 1er port céréalier européen. Et la Beauce est le grenier à blé de la France. 86% du fret passe par la route, alors qu’il transitait auparavant sur les rails. “La France m’a tuer”, c’est le constat de la politique ferroviaire. Avec moins de pollution, sans risque pour le fret comme pour les usagers, et des villes qui respirent. C’est ce que font les allemands, où les camions ne représentent plus que 40%. La compétitivité, ils ont été la chercher dans le férroviaire et le fluvial. Idem à Rotterdam ou Anvers,
quand nous avons choisi de laisser couler le fluvial, de faire dérailler le ferroviaire et de faire tousser nos villes.
On ne peut plus construire une autoroute, mais on doit s’occuper de la mobilité du futur.
|
Ferroviaire |
Fluvial |
camions |
tonnage (millions t) |
EVP (en millions) |
Le Havre |
5% |
9% |
86% |
63,51 |
2,3 |
Rouen |
5% |
9% |
86% |
21,16 |
0,12 |
Dunkerque |
4,99% |
4,37% |
90,62% |
47,62 |
0,26 |
Rotterdam |
11% |
30% |
59% |
441,52 |
11,86 |
Anvers |
8% |
32% |
60% |
184,13 |
8,63 |
Hambourg |
45,3% |
13,6% |
41,1% |
130,93 |
8,86 |
Des grands projets inutiles, chez nous, on en a. L’A28-A13 est sans doute le plus marquant. Mal nommé “contournement Est de Rouen”, il est en fait la finitude du grand projet de contournement autoroutier du bassin parisien à 100 km de Paris. C’est le grand projet de la DATAR, qui s’y accroche, au détriment des territoires et de tous les aménagements qui ont été réalisés depuis les années 60 où il a été conçu.
Un projet technocratique, hyper profitable aux concessionnaires et géants du BTP, mais une catastrophe financière pour les habitants et les collectivités.
Doublée d’une catastrophe écologique et humaine.
Triplée pour les salariés et les usagers d’un quittance supplémentaire quotidienne pour pouvoir aller travailler, comme s’ils avaient besoin de ça, ou bien plus de difficultés et de détours pour s’y rendre qu’auparavant.
Et le climat dans tout ça direz-vous ?
Dans un monde où Trump peut être élu président d’un des États les plus pollueurs du monde, et riche, et qui peut envoyer promener les accords de Paris comme on se débarrasse de ses vieilles godasses (en les jetant dans la nature), faire l’autoroute n’est pas plus cynique. Pareil, on fait péter le climat, les enfants répareront nos délits ou délires environnementaux.
Ou pas.
Je dis bien les collectivités vont payer, et les habitants, et les usagers, et la nature et le climat.
Une question a été posée après la séance sur la clause de déchéance, l’article 40-2 des contrats de concession. Ce monsieur explique ce qu’il a compris : “Pour le concessionnaire, c’est pile je gagne, face tu perds. Pour l’État, c’est le contraire, c’est pile je perds, et face tu gagnes.” Il se posait la question de savoir s’il y avait la possibilité d’attaquer ce contrat de concession, rédigé entre Bercy et les concessionnaires et le BTP.
Malheureusement, on a vu
le combat de Raymond Avrillier pour consulter ce contrat négocié entre M. Macron lorsqu’il était ministre de l’économie et les concessionnaires. Chaque citoyen en a le droit, mais dans les faits, M. Macron, notre actuel président, s’y est opposé. Citoyens, allez engorger vos files et vos campagnes.
La transparence est légale sur le sujet. Elle n’existe pas dans les faits parce qu’on ne parle pas d’intérêt général, ou parce qu’on dit que les intérêts de certains groupes privés sont d’intérêt général. Il y a eu concertation, c’est une immense majorité qui a dit non au projet fantasque d’A28-A13. Ce sont ces gens qui déterminent, après avoir écouté les arguments des uns et des autres, que ce n’était pas l’intérêt général. Ce sont eux qui vont le payer et mal le vivre.
Totalement sourds à la population, les élus de Seine-Maritime et de l’Eure, mais aussi le président de Région et les conseillers régionaux dans leur très grande majorité défendent ce projet pour l’intérêt régional. Et aussi de l’intérêt de l’Île-de-France, et aussi de l’intérêt européen, soyons fous.
Une délibération a été votée à la Région Normandie qui valide l’utilité régionale et permet d’affecter 122 millions d’euros pour cette autoroute. Les groupes écologiste et communiste ont voté contre. La droite et le PS ont voté pour à l’unanimité sauf une voix. Le FN s’est abstenu, car il est pour ce contournement mais affiche son refus du barreau eurois.
Courageusement, Marc-Antoine Jamet s’est abstenu : ni pour l’autoroute, ni contre son groupe.
En tous cas, l’intérêt Eurois n’est pas là, pas plus qu’il n’y a d’intérêt pour les plateaux Est. Destructions, bitume, pognon.
Mais cela dit, le vrai perdant n’est pas l’État. Ce sont les collectivité locales et territoriales. Et donc les habitants du crû.
L’État, lui, va récupérer la TVA sur la construction de l’autoroute, soit 20%.
L’État investit donc un peu plus de 25% de l’investissement, récupère 20%, il en reste 5%. Ces 5%, c’est la TVA sur les péages.
Sur 55 ans de concession, même à perte, cela finit par rapporter plus.
Pour les collectivités territoriales et locales – Région, départements, agglomérations et communes, c’est une tout autre chanson.
La clause de déchéance les obligera à endosser la dette en cas de faillite. Mais elles n’ont rien à en tirer, à part des investissement supplémentaires, pour l’accès à l’autoroute, une potentielle sortie à péage qui permettrait à la collectivité de faire construire une zone d’activité logistique ou commerciale, avec à terme de l’emploi relocalisé. Relocalisé d’où ? D’à côté, de quelques kilomètres tout au plus. Mais les autoroutes ne créent pas d’emplois. Au mieux, ils les déplacent.
Sans compter que les emplois créés le temps de la construction ne sont même pas locaux : le plus souvent, ils sont détachés pour nombre d’entre eux.
Le BTP et le concessionnaire annoncent que cela sera rentable.
Oui. Pour eux. Ils construisent, fabriquent les ponts, il y a plus d’un milliard de travaux. Les profits commencent là.
Après, ce sont les péages, et puis ceintures et bretelles, la clause de déchéance.
La clause de déchéance s’applique en plein pour les collectivités, celles-là mêmes qui n’ont rien gagné et au contraire subissent les conséquences de plus de transit, de pollution, de destructions de nature.
Pour Raymond Avrillier, la lutte contre la corruption est essentielle pour “éviter que les services publics soient gérés par certains élus comme des intérêts privés.”
Nous devrions nous-même nous y intéresser pour que nos impôts aillent bien là où l’on veut qu’ils aillent. Pas dans de juteux bénéfices de grandes compagnies, qui en plus ne payent pas, ou peu d’impôts, parce que l’investissement est payé par la dette (tout est emprunté), et qu’un amendement judicieusement passé comme une lettre à la Poste à l’Assemblée leur permet d’être exempté d’impôt en ce cas. Les PPP, les concessionnaires échappent au rabot fiscal. De la dette et des dividendes, et la rente à vie. La belle vie pour certains. La mort prématurée pour d’autres.
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