Les gains de temps, c’est ce qui justifie l’autoroute. Il sont estimés à… 1 milliard et demi d’euros, et quelques millions de poussières.
C’est quasiment l’entièreté du gain que représente l’autoroute.
Seulement, troquer 1 milliards d’euros d’investissement public – nos impôts – et d’usage – le péage -, avec autant de pertes en termes de paysages, de santé, de destructions de terres naturelles et agricoles, mais aussi tous les avantages négatifs du projet avancés par le maître d’ouvrage, il vaudrait mieux y trouver un compte quelconque avant d’engager le moindre coup de pelle(teuse) :
Vous pouvez cliquer sur l’image ci-contre pour constater les avantages/inconvénients estimés par le maître d’ouvrage.
Les gains de temps qu’il présente sont le déplacement aux horaires pendulaires entre Louviers et le rond point aux vahes : 10 minutes en véhicule léger, un quart d’heure en poids lourd.
Un autre gain est présenté entre Fleury-sur-Andelle et le rond point aux vaches, faisant passer le temps de parcours de 50 à 20 minutes.
Je me suis d’abord interrogé sur le 1er cas : comment gagner 10 minutes sur un trajet qui ne prend que 16 minutes en voiture, et 15 minutes sur un trajet d’un peu plus de 20 minutes en camion ?
Aujourd’hui, lorsqu’on prend l’A13 à Incarville, même aux heures de pointes, ce tronçon est fluide. Jusqu’au rond point aux vaches, au moins. A partir de cet endroit, le boulevard industriel (RD18e) est une des voies les plus congestionnées de la métropole.
Mais le contournement Est ferait déboucher son trafic précisément à cet endroit, que l’on sait congestionné.
L’A13, c’est un tracé simple : en ligne droite, sans changer d’altitude, avec un seul péage, sur un tronçon fluide, on peut soit bifurquer sur le rond point aux vaches, soit continuer et emprunter la Sud III, soit encore sortir au rond point des colonnes pour emprunter la rocade sud.
Avec le contournement, on nous propose non pas un, mais deux péages. On prend le péage à Val de Reuil, on traverse un viaduc de 1,7 km qui part de Lery, à 7 ou 8 m d’altitude, puis le viaduc grimpe à 25 m de hauteur, redescend à 7 à 8 mètres de hauteur entre le Manoir et Pîtres, nous conduit le long de la Seine, bifurque vers le plateau Est, on remonte jusqu’à 60 mètres, avant d’arriver à Gouy directtion les Authieux, où un viaduc de 1 km nous fait redescendre sur une pente très forte (5%) jusqu’à 10 mètres de hauteur à Oissel, où on pourra emprunter un autre viaduc qui passe au dessus du chemin de fer (ligne le Havre-Paris). Comment gagner 10 minutes en ne cessant de monter et descendre, en empruntant des viaducs où la vitesse devra être limitée, monter, descendre, remonter, redescendre ? C’est bien sûr impossible. Et même on en perdrait.
Tous les élus savent que c’est impossible, et le disent volontiers, pour certains partisans de l’autoroute, mais pour d’autres raisons que les gains de temps.
La question posée au maître d’ouvrage lors des séances d’enquête publique, il m’a été précisé qu’il ne s’agit pas de 10 minutes mais plutôt 5 minutes. J’ai pourtant bien lu 10 minutes. Et si l’on fait des calculs de VAN de 10 minutes, et que cela ne fait que 5, alors le calcul de la VAN est faux. Et s’il faut diviser le gain de temps de moitié, le projet n’est plus rentable, l’argent public gaspillé.
Personnellement j’estime que le trajet par le contournement prendrait plus de temps que par l’A13, pour un péage plus élevé. Et les Casois refusent déjà, dans leur grande majorité, le péage d’Incarville. Ils shuntent empruntent la RD 6015 et le contournement de Pont de l’Arche vers Criquebeuf pour ne pas payer les 2,10 euros. Quitte à perdre des minutes. Comme les camions d’ailleurs.
Pour gagner des minutes, le maître d’ouvrage a surestimé les temps de parcours sur les tronçons qui pourtant sont fluides. Sur le trajet CASE-métropole, mais aussi sur le trajet de Fleury-sur-Andelle au rond point aux vaches. les 50 minutes présentées en temps de parcours. Ça, c’est le parcours qui passe par le centre ville de Oissel. L’autre parcours, gratuit, passe par l’A13 et ne met que 35 minutes. C’est bien sûr ce tracé qu’empruntent les rares usagers qui iraient de Fleury-Sur-Andelle au rond point aux vaches.
Mais quel intérêt auraient les Fleurysiens de se rendre au rond point aux vaches ? C’est un trafic marginal.
S’il n’y a pas de gains de temps, ou marginal, puisqu’on ma répondu que s’il n’y avait pas de gain de temps pour CASE-métropole, il y en avait un pour les trajets CASE-Amiens.
Je veux bien le croire. Mais combien d’usagers effectuent quotidiennement un trajet pendulaire Louviers-Amiens ? Y en a-t-il même un seul, pour lequel nous serions prêts à engager 1 milliard d’euros ?
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