Lors de la convention internationale sur la biodiversité de Nagoya, la France s’est officiellement engagée, entre autres, à ce que tous les stocks de poissons soient exploités de façon durable d’ici à 2020.
Il n'aura fallu que quelques jours pour renier ces engagements, en défendant un quota de pêche au thon rouge de 13 500 tonnes pour 2011.
Pour Greenpeace (qui se base sur les études de l'Iccat, tout comme le gouvernement), "La position de la France revient à ne laisser que 30% de chance de survie au thon rouge. François Fillon et Nicolas Sarkozy trahissent les engagements français pris à Nagoya en termes de protection des écosystèmes. Ils adressent là un magistral bras d’honneur à la communauté internationale et désavouent Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno".
Mais même avec un quota de 13 500 tonnes, les pêcheurs français n’auront droit de pêcher "que" 500 tonnes de thon rouge. Ils avaient dépassé leur quota de pêche de 100% en 2007 (10.000 tonnes au lieu de 5.000).
En 2010, a France, sur un quota alloué de 2.500 tonnes, les thoniers français n’ont eu droit de pêcher effectivement « que » 2 000 tonnes de thons rouge.
Pour 2011 et 2012, il est prévu qu’ils remboursent 1 500 tonnes par an.
Durant la saison de pêche 2010 (du 15 mai au 15 juin), Greenpeace est déterminée à agir en faveur de la sauvegarde du thon rouge.
Vous aussi, vous pouvez apporter votre soutien à nos actions en relayant notre campagne auprès de votre entourage et en participant à la journée nationale de mobilisation pour le thon rouge prévu le 5 juin partout en France.
"Si nous interdisons la commercialisation du thon rouge, c'est-à-dire pour être très concret, si nous inscrivons le thon rouge (en) annexe 2 de la CITES, nous interdisons 90% des exportations de l'Union européenne vers l'extérieur, donc je crois que ce sera déjà un progrès important.". C'est ainsi que le mercredi 13 janvier, le ministre de l'agriculture et de la pêche, candidat de l'UMP aux régionales en Haute-Normandie en 2010, s'est exprimé sur France 2..
Pourtant les dernières évaluations de l'ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) sont plus qu'alarmantes : La population de thons rouges aujourd’hui a chuté à moins de 15 % de la population d’origine, critère scientifique retenu pour un classement en annexe 1, sans délai.
La position du gouvernement français semble bien confuse :
La veille, Jean Louis Borloo déclarait qu’il n’avait « pas de doute », sur le soutien de la France à l’inscription du thon rouge en annexe 1.
Le 16 juillet 2009, le président Sarkozy affirmait que "les menaces qui pèsent sur certaines espèces comme le thon rouge ne peuvent plus être ignorées". Il annonçait "le soutien de la France à l'inscription du thon rouge à l'annexe de la convention internationale sur les espèces sauvages, pour en interdire le commerce."
Aujourd'hui, c'est une inscription à l'annexe 2 qui est préconisée par le ministre Bruno Le Maire.
Nicolas Sarkozy devrait annoncer en début de semaine prochaine la position officielle. Le thon rouge, on le sauve ? On le laisse s'éteindre ?
(*) Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages.
Nous avions pu croire que l'Europe pouvait changer les destinées du monde, qu'on allait sauver une espèce en voie d'extinction. C'est bien peu connaître les hommes :
Dépêche AFP : BRUXELLES (AFP) - Le principe d'une interdiction mondiale du commerce du thon rouge, qui en aurait suspendu de facto la pêche, n'a pas trouvé lundi une majorité requise parmi les pays européens, a regretté la Commission européenne à l'origine de la proposition.
Les gouvernements de l'UE étaient appelés lundi à se prononcer sur cette proposition. La Commission Européenne regrette que ceux-ci n'aient pas trouvé d'accord pour la soutenir. La commission a pourtant, je cite, "exprimé ses vives préoccupations quant à l'état des stocks qui déclinent rapidement après des décennies de surpêche".
Tous les pays riverains de la Méditerranée se sont prononcés contre (et notre cher et beau pays est un riverain de la méditerranée). La proposition n'a donc pas obtenu la majorité qualifiée qui était requise.
"Il n'y a pas eu de vote formel, mais un tour de table au cours duquel la Commission a compris que sa proposition n'aurait pas la majorité", précise-t-on de source diplomatique.
Il y a ce qu'on dit :
Et il y a ce que l'on fait :
Lors du tour de table, de nombreux Etats ont estimé qu'il était "prématuré pour l'UE de co-parrainer cette proposition" et qu'il valait mieux attendre "et écouter les scientifiques", a précisé un diplomate sous couvert d'anonymat.
Greenpeace les invite pourtant d'ores et déjà à écouter les scientifiques !
Donc on va attendre, compter, et s'étonner de la disparition de l'espèce. Et les mêmes politiques qui aujourd'hui protègent la surpêche viendront au chevet du thon rouge, et blâmeront ces vilains pêcheurs qui n'ont pas su se raisonner.
La Commission Européenne a proposé aux pays de l'UE une interdiction mondiale du commerce du thon rouge, appelé aussi thon du Pacifique.
C'est pour protéger cette espèce en danger d'extinction, mais si convoitée au Japon, que Bruxelles a demandé que le thon rouge soit inscrit à l'annexe I de la convention de l’ONU sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
Pour le Japon, qui importe 30.000 tonnes par an (80% de la pêche), c'est un nouveau combat qui va se dérouler face à l'UE et au reste du monde. L'interdiction de la pêche au thon rouge va assécher le marché japonais du sushi. Et le sushi est le produit phare de la cuisine japonaise, le produit d'appel de tous les restaurants japonais du monde entier. L'enjeu est de taille.