Tu noteras que je n’ai pas parlé de silence "socialiste" coupable, mais de silence « général ». Pas seulement « socialiste ». Et il ne me semble pas avoir évoqué la culpabilité.
Merci donc de répondre à un sujet à plus de 1 milliard € ; un sujet sur le modèle urbain de la métropole de Rouen qui aurait vocation à aller conquérir les terrains disponibles dans les campagnes à l’est ; un sujet si sensible pour les habitants à qui on promet demain un trafic qui n’existe pas aujourd’hui, et à qui on dit dans cette période un tantinet tendue économiquement, que ce sont eux qui vont payer, plusieurs fois... Le silence était étonnant quand même.
J’ai entendu tes éléments de réponse :
- les conséquences (néfastes) sur la qualité de vie et l’environnement ;
- la disparition des terres cultivables et des forêts ;
- la région est favorable à la création de l’autoroute, mais comme l’Etat n’a plus un sou, il faut donc qu’il recoure à la concession pour la réaliser - des concessions payées pour moitié par les contribuables, qui devront en tant qu’usagers payer le reste, en ajoutant la marge qui correspond aux énormes bénéfices réalisés par le péage, partagés à environ 60-40 entre les bénéfices pour les concessionnaires et l’impôt.
Les élus, si je te suis, sont pour cette autoroute, mais sont opposés pour certains au tracé, et réclament des protections contre les nuisances de l’autoroute, ainsi que des garanties pour les habitants et entreprises lésés.
Les détracteurs dont tu parles, ou opposants à ce projet, ce ne sont pas des centaines d'écologistes, de NPA et de membres d'associations de défense de l'environnement. Les 2 500 personnes comptabilisées par le garant de la concertation, c'était essentiellement des habitants. Et j'ai bien entendu le maire de Pont-de-l'Arche, Richard Jacquet, dire non à cette autoroute, tout comme Marc-Antoine Jamet, Janick Léger, et d'autres élus locaux des communes concernées sur tout le tracé. Il ne s'agit pas d'une cohorte, mais de gens qui sont venus prendre et donner leurs avis et informations.
Et leur avis, c'est non : cette autoroute ne répond pas à leur besoins, ils n'en veulent pas.
J'ai entendu les grands élus dire qu'ils avaient entendu ceux qui n'étaient pas là et qui sont pour. C'est la démocratie absolue : ils savent ce que pensent les gens qui ne s'expriment pas.
Les raisons avancées pour la réalisation de l’autoroute (en dehors des bénéfices pour les sociétés et des impôts levés) :
- la fermeture du pont Mathilde « démontre » qu’il faut fluidifier la circulation et dévier le trafic nord-sud sur un axe éloigné de Rouen. Mais les chiffres de l’Etat sont là, et le trafic nord-sud n’existe pas à l’est. De plus, le maître d’ouvrage a rappelé à multiples reprises que le contournement est ne servirait pas à relier l’A28 au nord à l’A28 au sud. Les poids-lourds continueront donc à passer par l’ouest et la sud3 ;
- les études des services de l’Etat affirment que le projet devrait intéresser 20 000 à 30 000 véhicules par jour (en moyenne annuelle). Cette étude date de 2005, concernait un autre projet, un autre tracé, et surtout une route gratuite. La même étude affirmait qu’il y aurait 40% de trafic en moins en cas d’autoroute payante ;
- le bassin de vie et d’emplois de la vallée de l’Andelle doit être « désenclavé ». Mais les habitants ne veulent pas payer l’autoroute pour aller travailler, ou faire ses courses, ou aller à l’hôpital, ou l’université, ou en ville. Ils contournent aujourd’hui le péage en allant à Criquebeuf. Tout comme les poids lourds. Ou bien il prennent la départementale pour aller rive droite. A 30 minutes de Val-de-Reuil. On ne peut que penser que les mêmes causes produiront les mêmes effets : les usagers, poids lourds et véhicules particuliers fuiront le péage en nombre, auquel cas, il y a fort à penser que l’infrastructure n’atteindra pas les objectifs de trafic, ce qui pourrait à terme faire peser tout le poids de l’investissement sur le contribuable au vu des closes des concessions, dénoncées par la cour des comptes comme profitant trop aux concessionnaires au détriment de l’Etat. Et la situation sur le réseau secondaire sera encore plus tendue ;
- Les bouchons ! « Fluidifier » à l’Est résoudrait les bouchons. Mais on ne change pas la destination des usagers : les camions vont sur le port à l’ouest , et les usagers en interne vont à 41% vers la rive droite, à 28% vers la rive gauche. Les faire déboucher d’une autoroute payante à Oissel leur laissera le choix de rejoindre soit la sud3, par le sud de Rouen, soit d’emprunter la zone industrielle, surchargée aussi, vers la rive droite et le pont Mathilde. Il y aura ici et là le même nombre de véhicules qu’aujourd’hui, et même beaucoup plus si on arrive à attirer du trafic supplémentaire en passage et en transit.
On a vendu aux Rouennais moins de pollution, et on a bien vu au cours de la concertation qu’il n’en serait rien, bien au contraire.
On a vendu aux usagers la fin des bouchons : on se demande en quoi une autoroute éloignée de la ville pourrait résoudre des bouchons qui existent en ville, parce que les gens vont en ville en voiture, et les camions vers la zone industrielle à l’ouest.
Le maître d’ouvrage a enterré les questions liées au temps de transports.
A la question de l’étalement urbain à l’Est, qui surchargerait encore beaucoup plus la circulation : Les chiffres de circulation étaient alarmants sur la hausse du trafic interne causé par l'étalement urbain autour de l'A28. Mais là, il faut urgemment décider pour dégeler les terrains à bâtir sur les plateaux Est ! Les appels de la SAFER à la responsabilité des élus n'y fera rien. le trafic explosera, contre les préconisations du SCoT et de la CREA qui veulent éviter cet étalement urbain sur les plateaux Est.
Aux questions de destructions de terres cultivables, d’habitations, d’entreprises, il est opposé les merlons et les mesures compensatoires (bien qu’il s’agisse de destruction).
Le maître d’ouvrage a lui estimé que, selon le principe pollueur-payeur, c’est à l’usager de payer. Mais le payeur, c’est l’habitant, qui est déjà là, qui va travailler aujourd’hui en voiture, sans péage. Et demain, comme aujourd’hui, il fera tout pour l’éviter.
On nous a vendu le tourisme, car le touriste pourra venir plus facilement… voir quoi ? Des paysages plus moches, une base de Poses et Biotropica surplombés d’un pont de 25 mètres. Les touristes viendront-ils pour admirer et compter les camions ?
Mais la vraie question qui a été débattue tout au long de cette concertation, c’est l’utilité de l’infrastructure.
Le maître d’ouvrage est convaincu que cette autoroute est « utile » et « nécessaire ».
Les grands élus de Rouen sont convaincus qu’elle est « utile » et « indispensable ». Ah oui, alors, ça, ce sont des « bases précises, concrètes, argumentées et définitives », pour citer les mots de Jean-Charles.
Mais pour les autres acteurs présents, les acteurs économiques, l’utilité de l’infrastructure, ce n’est pas pour les habitants, qui n’auront rien à y gagner.
On a surtout parlé de T.I.R, de transport international routier. Il n’existe pas à l’Est de Rouen pour une liaison nord-sud. Le trafic nord-sud ne passe pas par l’agglomération rouennaise.
Et ce que souhaitent les milieux économiques, c’est bien d’inventer ce trafic inexistant.
Nous avons entendu la Chambre de Commerce et d’Industrie réclamer la création de l’A154 en lieu et place de la RN154. Pour la transformer en axe Nord-Sud, de Stockholm à Gibraltar disent-ils , passant par Rouen - Val-de-Reuil - Evreux - Dreux, Chartres - Orléans.
Les transporteurs nous ont affirmé que les camions ne polluaient plus, que le transport routier est le mode de transport le plus efficace pour les décennies à venir, et que les transporteurs routiers souhaitent emprunter des autoroutes. A se demander d’où viennent tous les poids lourds que nous croisons sur les départementales, à Criquebeuf et Pont-de-l’Arche, et partout sur les départementales qui longent les autoroutes.
L’A28 a été la solution « définitive » pour cet axe nord-sud. Constatant l’échec de l’infrastructure, c’est désormais Orléans-Rouen qui est ce nouvel axe, lui aussi définitif. Il permettrait de convoyer les céréales de la Beauce, non pas jusqu’au port de Rouen – de toutes façons, il est à l’ouest – mais de la Beauce à Anvers et Rotterdam.
Et puis de l’Espagne, du Somport à Rotterdam.
En quoi ce trafic de poids lourds va-t-il arranger la situation du trafic ou de la pollution de l’agglomération ? En quoi cela va-t-il rendre service aux habitants ?
on nous a vendu de la sécurité : l'autoroute est plus sécurisée, mais qu'en est-il sur les routes secondaires, surtout lorsque les poids lourds quittent le couloir autoroutier pour emprunter le réseau secondaire ? Je mets ce reportage de LCP - la chaîne parlementaire, qui dénonce le scandale des autoroutes en support à ce problème de sécurité. Il est court et absolument "utile et nécessaire" : tout y est.
Et, puisque c’est une question récurrente, en quoi cela est-il bon pour l’emploi ? Bien que les rapports des services de l’Etat montrent que les autoroutes ne créent pas l’emploi – les élus l’ont d’ailleurs « concédé » - on n’a cessé de nous vendre de l’emploi, de l’emploi, de l’emploi.
En quoi augmenter le trafic de poids lourds en transit international pourrait apporter de l’emploi localement ? A part peut-être aux carrossiers et aux ambulanciers ?
Au nom de quel intérêt général ce seraient les habitants de nos agglomérations qui devraient financer le trafic routier international, alors que cela ne lui serait que néfaste sur tous les plans ?
C'est bien la question qui se pose : qui paie ? Pour qui ? Et pour quoi ? Qui en paiera tout le prix ? Et c'est en ce sens que je te posais la question, cher Jean-Charles. Le débat doit être posé, les informations livrées au public. Les vraies informations, pas celles livrées dans la plaquette commerciale de l'autoroute : elles n'ont pas résisté à la concertation. Le débat continue.
Nous organisons un repas de blogueurs, qui sera l'occasion de débattre avec une figure locale : François-Xavier Priollaud, dit FX.
Il est maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris, où il enseigne les questions européennes. C'est est un jeune conseiller régional, et il est ouvert aux débats.
Il y a deux ans,
Philippe Méoule proposait aux blogueurs locaux de se rencontrer, autour d'une figure locale, M. Marcel LARMANOU, maire de Gisors et conseiller général de l'Eure.
Nous avons voulu rendre hommage à Philippe en organisant à notre tour un repas de blogueurs locaux, et pour d'inviter à notre débat une personnalité de droite cette fois.
Nous avons tout de suite pensé à M. Priollaud. François-Xavier Priollaud a aussitôt accepté notre invitation. A l'heure où la droite peine à se recomposer et est en quête des valeurs centrales qui la composent, François-Xavier Priollaud nous parlera sûrement de ses attentes et nous apportera des réponses sur l'avenir qu'il souhaite pour sa famille politique et les valeurs qu'il veut y défendre...
Ça se passe où ?
L'endroit est charmant, comme l'est la commune qui longe une boucle de la Seine encore sauvage. Beaucoup connaissent le moulin d'Andé, un centre culturel et artistique qui accueille concerts, pièces de théâtre couvert ou en plein air, dans un parc magnifique.
Le Jules et Jim, c'est à deux pas. C'est un endroit qui brasse restauration, bar à tapas et activités artistiques. Les patrons sont très sympas, le lieu est joli, et nous aurons une salle qui nous sera dédiée.
Qui sera là ?
Il n'y aura pas
Philippe, qui sera de tout coeur avec nous, mais brillera par son absence pour raisons de santé. Cette soirée lui est dédicacée.
Patrick Robert, que nous avons invité, ne pourra être présent ce soir là, pour des raisons familiales. Je le regrette, et je lui souhaite d'excellentes fêtes en famille.
Ah, oui, c'est quand ?
C'est le vendredi 28 décembre 2012, à partir de 18h45.