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Le rapport de la Cour des comptes sur l’Education nationale revient sur la question du rythme scolaire à l’école primaire

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Citons le rapport : “L’organisation du temps scolaire n’est pas prioritairement conçue en fonction des élèves, dont les rythmes d’apprentissage sont hétérogènes et variables au cours d’une année scolaire. Pour reprendre les termes d’un rapport de janvier 2010 de l’académie nationale de médecine, elle montre tout au contraire que « l’enfant n’est pas au centre de la réflexion ».
La décision de rendre obligatoire sur tout le territoire la suppression des cours le samedi matin a été justifiée officiellement par le ministère de l’éducation nationale par la nécessité de prendre en compte les situations des parents divorcés et les gardes alternées des enfants qui en résultent. Le ministère de l’éducation nationale disposait pourtant de rapports des inspections générales démontrant les répercussions négatives de la semaine de quatre jours sur les élèves, en particulier les plus fragiles et ceux qui sont issus de milieux sociaux défavorisés, souvent sans activités ni loisirs le samedi. Lors de l’enquête de la Cour, les responsables des écoles situées dans les zones urbaines sensibles ont confirmé ce point. Ils ont souligné que l’absence fréquente d’activités dans certains quartiers et milieux familiaux ne permettait pas aux enfants de mettre à profit le samedi, et que, de surcroît, le lundi était souvent consacré à « récupérer » l’attention des élèves qui avaient été laissés à eux-mêmes durant deux jours. Dans son rapport précité de janvier 2010, l’académie nationale de médecine a confirmé que la semaine de quatre jours « n’est pas favorable à l’enfant, car celui-ci est plus désynchronisé le lundi et le mardi », ce qui revient à constater que la semaine de quatre jours se réduit dans les faits à deux ou trois jours d’apprentissage.
Dans des rapports de 2000 et 2002, l’IGEN avait déjà souligné que la semaine de quatre jours, alors expérimentée à l’époque dans certaines écoles, était le plus souvent mise en place «pour des motifs privés et de confort de vie familiale » et n’était pas favorable aux élèves.
Selon une note de 2009 de l’IGEN, l’application obligatoire de la semaine de quatre jours a eu pour conséquence que « le temps manque pour faire tout le programme d’enseignement, ce qui était d’ailleurs prévisible ». De même, cette note indique que le resserrement du temps scolaire entraîne une fatigue des élèves et des enseignants. Il réduit enfin le temps de dialogue avec les parents, les enseignants n’étant plus disponibles le samedi matin et l’étant moins le soir, du fait de la mise en place de l’accompagnement.
Par ailleurs, la répartition des 24 heures de cours en quatre jours implique par construction une journée de six heures, et davantage pour les élèves qui suivent les deux heures hebdomadaires d’aide personnalisée.
Aussi, les écoliers français sont-ils astreints à une charge de travail quotidienne parmi les plus élevées du monde. En ce qui concerne le rythme annuel de l’enseignement primaire, la France se caractérise en revanche par le nombre de jours d’école le plus faible en Europe, avec 144 jours de classe, contre par exemple 190 au Royaume-Uni, 210 en Italie et au Danemark. Dans son rapport de janvier 2010, l’académie nationale de médecine estime qu’« il faudrait une année scolaire de 180 à 200 jours, 4 à 6 heures de travail par jour selon l’âge de l’élève, 4 jours et demi à 5 jours de classe par semaine en fonction des saisons ou des conditions locales ».
La France pénalise ainsi fortement ses écoliers avec une journée surchargée, une semaine concentrée sur quatre jours, et une année scolaire réduite à 144 jours. Le temps scolaire défini par le ministère de l’éducation nationale est de surcroît contraire à l’égalité des chances, puisque l’école laisse souvent à leur sort, durant la plus grande partie de l’année, les élèves appartenant à des milieux sociaux défavorisés. Cette situation ne peut qu’appeler les critiques les plus vives, dans la mesure où il contribue à aggraver les inégalités tout en mettant les élèves les plus fragiles en situation d’échec dès le début de leur scolarité.
Le ministère a entamé à cet égard une évolution, puisque la circulaire de rentrée 2010 indique que « en visant avant tout l’intérêt de l’enfant… l’organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion ». La DGESCO a indiqué en outre dans une réponse à la Cour qu’un observatoire national du temps scolaire pourrait être mis en place pour rassembler des expertises complémentaires : piloté par le ministère, il permettrait d’associer les partenaires et les usagers à la réflexion. La Cour considère toutefois que la mise en place de cet observatoire ne saurait retarder une redéfinition du temps scolaire qui s’impose dans l’intérêt des élèves.” (Cour des comptes, “L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves” – mai 2010)
Laetitia Sanchez
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