Les habitants de Saint-Pierre du Vauvray l’auront senti : un vent pestilentiel s’est installé dans notre commune. Il s’agit de l’entreprise Holcim, qui n’avait plus fait beaucoup parler de lui depuis les travaux entrepris en 2005 ans pour empêcher ces particules et odeurs nauséabondes de ruiner la tranquillité et la santé des riverains. C’est le grand retour des nuisances industrielles dans notre petit bourg rural.
Cela fait 3 nuits aujourd’hui que l’entreprise HOLCIM (ex SOVRAC) empuantit notre commune. Cela commence le soir, vers 23 heures, persiste la nuit durant, et loin de s’estomper au matin, cette odeur insupportable continue de nous empoisonner la vie, en extérieur, comme à l’intérieur des maisons, où elle semble s’accrocher durablement à chaque vêtement, rideau ou meuble.
Avec Jérôme Bourlet, élu de la commune, Conseiller Régional, et Président du SCoT, nous nous sommes rendus le vendredi 23 avril de bon matin dans les locaux de l’entreprise afin d’obtenir des explications.
En l’absence des dirigeants, nous avons été reçus par les secrétaires et un technicien.
C’est donc lui qui nous a expliqué la raison de ces nuisances : des usines du groupe étant momentanément fermées, l’usine de Saint-Pierre du Vauvray a accepté de traiter une citerne qui devait être traitée ailleurs. De l’eau nous explique le technicien. Ils ont procédé au dépotage et au stockage de cette “eau”, et le personnel constatant l’odeur, la décision a été prise de remettre le liquide nauséabond dans la citerne et de la renvoyer.
Mais voilà, la citerne de l’usine (et non du camion), équipée d’un capteur de COV, en avait conservé la puanteur. Et les conditions climatiques ont du jouer, selon le technicien, entraînant le dépôt des particules odorantes sur les habitations Saint-Pierroises.
Mais voilà encore, le soir même : patatras ! A 23 h, la puanteur envahit de nouveau nos rues et nos jardins. Pas de taux d’humidité particulièrement préoccupant, il faisait plutôt bon, l’air était sec, le vent était faible, mais les odeurs reviennent. Comme les autres soirs.
Cela pue donc du soir au matin, puis cela s’estompe dans le courant de la matinée. Dès que l’odeur a disparu, il nous faut à notre tour aérer nos maisons qu’imprègne le tenace remugle.
Nous avons entendu les explications de l’employé d’Holcim. Mais j’avoue ne toujours pas comprendre pourquoi, si la citerne de l’usine est bien équipée d’un capteur de COV et si l’incinération fonctionne en continu – comme le demande l’arrêté préfectoral -, les odeurs persistent à se déclarer dans la soirée et la nuit durant.
Constatant également le stockage à l’air libre de “bigs bags”, on peut aussi se demander si ceux-ci ne participent pas aux émanations ?
Nous avons contacté la DREAL (ex DRIRE et Diren) pour les alerter de cette situation préoccupante. Une main courante a été déposée en mairie de Saint-Pierre du Vauvray, et et nous avons appris que d’autres habitants de la commune ont également contacté la DREAL et la mairie par téléphone pour les avertir de la pollution…
Bonjour, le fait que l’odeur apparaisse le soir, jusqu’au matin, doit dépendre de la densité du gaz qui varie en fonction de la température.
La nuit il fait froid : la densité du gaz augmente, et celui-ci se retrouve plus dense que l’air. Ce qui fait que le gaz odorant ce retrouve au niveau du sol.
Vers 9H30 du matin, la température augmente et la densité du gaz diminue : il se retrouve moins dense que l’air et remonte.
Donc ce qui m’inquiète c’est que l’émission de gaz semble continue, mais que dans la journée elle ne nous atteint pas.
Restons vigilant, signalons les odeurs à la DREAL, et aussi à l’association air normand qui suit ce genre de pollution olfactive.
jérôme
Je suis passée ce matin à la mairie de la commune voisine de Saint-Etienne du Vauvray : là aussi, il y a des plaintes d’habitants et les élus étaient mobilisés. A 10h30, les pompiers sont venus effectuer un prélèvement.
Depuis les plaintes et la pétition de 2005, une étude sanitaire avait été commanditée par l’ex DRIRE (aujourd’hui la DREAL)et un Comité de Concertation Environnemental avait été mis en place pour informer les élus des territoires concernés (Saint Etienne et Saint Pierre du Vauvray), en présence de la DRIRE.
En général, ce comité se réunissait vers le mois de mars (le dernier en date ayant eu lieu le 31 mars 2009). Cette année, toujours rien…
Qu’en est-il donc, M. Thille ? (Responsable Exploitation et Développement)
laetitia
4 jours désormais que l’odeur est présente. Jérôme, je veux bien te suivre en pensant que c’est la densité du gaz qui fait qu’il monte ou redescend.
Mais s’il monte, celui-ci n’est pas captif de la zone géographique, et il devrait être dispersé par les vents.
L’émission serait alors continue, comme tu l’indiques ?
4 jours !
nono
C’est franchement insupportable! Sans les explications de mon professeur de physique préféré, j’aurais eu tendance à penser que l’usine profite de la nuit pour “dégazer” plus tranquillement.
Quoiqu’il en soit, un grand merci à votre blog pour la réactivité et la qualité de l’information.
Bon vent, (qu’il monte ou qu’il descende… plutôt vers St Etienne, hein ? non, je plaisante)
Hébus
“Mesdames, Messieurs,
Des habitants de Saint pierre du Vauvray, nous ont téléphoné pour signaler de fortes odeurs incommodantes.
La mairie ayant localisé la provenance de ces odeurs à contacté la société GEOCYCLE et la DREAL afin que des vérifications soient faites sur ce site.“
Même s’il ne fallait pas être l’inspecteur gadget pour localiser le responsable (nous l’avions localisé nous-mêmes le 24 au matin, et nous nous sommes rendus dans l’entreprise le 24 au matin, et Jérôme a posé une main-courante à la mairie au sujet de la pollution de l’entreprise géocycle -Holcim), je salue la réaction.
J’espère qu’elle sera plus rapide la prochaine fois, car plus on sera nombreux à réagir auprès de l’entreprise et de la DREAL, et ce le plus tôt possible, plus la réaction sera rapide de la part de l’entreprise. Et peut-être seront-ils plus prudents.
J’espère aussi que le Comité de Concertation Environnemental sera remis en place et que la municipalité y assistera.
Pour lire le communiqué officiel de l’entreprise, cliquez sur la petite vignette…
nono
Bonjour encore une nuit et un petit matin odorant. Alors pour quand le retour à la normale ? Hier ,j’ai eu au téléphone Mme Buhot, responsable dreal pour notre secteur, qui m’a précisé la situation. Après plusieurs vidange de cuve ( à chaque fois création d’odeurs) aujourd’hui interviendra la phase de curetage (retrait des boues qui ont pris l’odeur), donc de nouveau un épisode odorant qui doit être le dernier! Après si les odeurs reviennent le problème ne se limitera plus à un incident mais bien un défaut dans le système de production ,je compte alors sur la dréal pour prendre toutes les mesures nécessaires.
En attendant, je suppose que les responsables de l’entreprise lisent nos propos et j’en profite pour leurs demander une analyse de la composition des cov emis lors de cet épisode. Les riverains de l’entreprise méritent au moins cette transparence.
jérôme
Cette nuit c’est le test. Pendant toute la semaine, dès 23 heures les odeurs envahissaient le bourg.
Selon les responsables de l’usine, cela devrait cesser.
Donc à 23 heures ce soir, il n’y aura plus d’odeurs. Le dernier curetage ayant été fait hier.
1 semaine de pollution à Saint-Pierre tout de même !
nono
Ah ! Ca pue, ça pue. Ca pue toujours ! Après un répit ce week-end, ou le lilas a repris ses droits, c’est de nouveau l’odeur pestilentielle du solvant qui règne.
Là, si j’ai tout compris, le dernier curetage ayant eu lieu le jeudi 29 avril, nous n’avions plus l’occasion de re-sentir ces solvants, accompagnés de leurs lots de COV.
Y a-t-il un problème dans le process industriel ? Les habitants que j’ai rencontrés ont les mêmes interrogations.
On se ferait pas un peu enfumer ?
nono
J’ai eu l’occasion depuis le dernier commentaire de m’entretenir avec M. Thille, responsable de l’entreprise Géocycle (Holcim- ex-Sovrac).
Tout d’abord, son accueil a été charmant. Et M. Thille semble sincèrement regretter l’incident industriel qui s’est produit sur le site de l’usine, et qui nous pourrit littéralement la vie.
Je reconnais l’intérêt de la valorisation du produit : vous le lirez sur la page 9 de cette plaquette : il s’agit de valoriser les déchets en les combinant aux sciures, afin de servir de combustible qui alimentent deux usines du Pas-de-Calais : Dannes et Lumbres.
Cela me semble une bonne initiative, mais cependant, l’usine de valorisation, située bien loin de leurs usines clientes, ne devrait pas faire l’objet d’incidents industriels de cette sorte, surtout après les promesses engagées en 2006 qui ont permis de mettre fin aux nuisances que nous avions connues à cette époque.
J’admets que ces nuisances olfactives (qui ne sont pas des nuisances pour la santé, nous dit M. Thille..), avaient disparu depuis que les mesures avaient été prises, suite à la mobilisation citoyenne, à l’action de la DRIRE (désormais DREAL), de la préfecture, et des responsables de l’usine, qui ont consenti à faire des aménagements industriels pour atténuer l’impact environnemental.
10 jours de pollution c’est trop, et M. Thille en convient et comprend notre position. Cependant, il attribue la pollution d’aujourd’hui à d’autres facteurs que l’odeur de la cuve ou une faille dans le process industriel. Il s’agirait plutôt du stockage des camions, qui se trouvent cependant en milieu confiné, et dont le dernier camion partira demain, 4 mai. A partir de ce moment, nous ne devrions plus être importunés par les odeurs de solvants (dernières bouffées demain donc).
M. Thille ne connaissait pas l’historique de l’entreprise depuis 2005, et il s’avère que le détournement de cette livraison – suite à des grèves -, un produit qui contenait 95% d’eau, ne semblait pas pas présenter de risque. [NdR c’était les 5% qui posaient problème]
Il m’a dit n’avoir pas attendu notre réaction du 23 avril au matin pour agir : la décision avait été prise dès le 22, à la réception du produit, dès le dépotage, de le renvoyer.
M. Thille promet d’être plus vigilant à l’avenir, et nous retournerons à une situation normale.
Enfin, M. Thille affirme sa volonté que l’environnement, la santé et le confort des habitants soient respectés.
Que sa volonté soit faite. Merci M. Thille pour vos explications.
Un communiqué officiel sera donné à M. Loeb, maire, vendredi à 17h30.
nono
Bonsoir les odeurs sont de retour, et vue la fraicheur des températures, elles ne font pas le printemps. Blague à part si je me permet de parler saison, c’est que sur Saint-Pierre l’activité touristique est présente. Et ces nuissances sont préjudiciables à cette activité économique.
Comme le fait remarquer M.Thille le problème se trouve au niveau de la réception et du départ des camions de livraison. Je me permet de demander la mise en place d’un groupe de travail pour solutionner ce problème. Nous ne pouvons ,malgré la situation économique qui est la nôtre, accepter de tels désagréments sans broncher.
De nouveau je ne peux que constater l’écart entre la volonté de transparence et les actes. Nono parle d’un communiqué par la mairie, sans vouloir court-circuiter la communication officielle, je regrette le temps des réunions de concertation au niveau de l’entreprise avec les riverains.
jérôme
Le Comité de Concertation Environnemental se réunissait tous les ans fin mars. Le dernier a eu lieu le 31 mars 2009, comme le rappelle Laetitia.
J’en ai parlé avec M. Thille hier, qui m’a dit souhaiter une réunion de ce comité en juin.
nono
Holcim s’apprête à s’installer à la Rochelle, et nous promet de dérisoires rejets de poussières dans l’environnement .
Ce témoignage devrait convaincre les naïfs, qui croient encore que l’usine sera propre et ne génèrera que peu de nuisance (n’est-ce pas Monsieur le Maire de La Rochelle ? )
Ce ne sont pas les quelques 20 emplois envisagés qui vont nous convaincre.
Non à Holcim à la Rochelle
signez la Pétition : http://NUB71.com
MMADEL
Il ne faut pas implanter ce genre d’usine aussi près d’une zone touristique…
Ne pas oublier que le tourisme aussi génère beaucoup d’emplois, qui se trouveraient donc menacés en grande quantité par cette industrie.
mancion