En France, nous n'avons pas la culture vélo. Enfin, ça, c'est le FN qui le dit. Malgré les 3 millions de vélo vendus en France par an, dont 100 000 vélos électriques. Un Français sur deux possède un vélo, et ce n'est pas dans la culture des Français.
Louison Bobet, Jacques Anquetil, Thevenet, Hinault, Fignon, pour ne citer que les Français les plus connus... La "petite reine" ne ferait pas partie de notre patrimoine culturel.
L'ancêtre du vélo était certes allemand : la draisienne. Un véhicule en bois, à deux roues, que l'on poussait avec les pieds muni d'un dirigeoir permettant d'orienter la roue avant.
Mais ce sont deux Français, Pierre et Ernest Michaux, qui inventent le vélocipède à pédales, muni d'un frein, en 1855. Dès 1867, le vélo remporte un énorme succès, et déjà les clubs de vélo et les premières courses apparaissent.
C'est un anglais. Mr Starley qui invente le vélo moderne avec la transmission par chaîne entre plateau et le pignon (1884).
Dunlop invente le pneumatique, et Michelin invente la chambre à air. Il ne manquera que l'invention du dérailleur pour avoir le vélo moderne.
A partir de 1890, Peugeot, Mercier et Manufrance vendent les vélos modernes, et les ouvriers s'emparent de ce moyen de transport accessible qui réduit l'effort physique par rapport à la marche et permet de se déplacer jusqu'à 4 fois plus vite.
En 1903, le Tour de France est créé. C'est l'événement le plus populaire en France aujourd'hui encore.
En Normandie, le vélo de course est très populaire, nous avons le tour de Normandie, et le Paris-Camembert, mais ce sont des milliers de normands qui enfourchent leur vélo tous les dimanches leur VTT, leur vélo de course ou de tourisme pour arpenter les campagnes environnant les agglomérations. Et tous ceux pour qui le vélo est un mode de déplacement du quotidien, pour le travail, les courses, le plaisir et la convivialité.
Alors, pas populaire le vélo ?
"Ça ne fait partie de la culture des français le vélo", dit le front national.
"On a empiété sur la circulation des automobiles avec des pistes cyclables qui ne servent à rien", scande le conseiller régional du front national.
Ah bon ? Ah, oui ! Elles sont difficiles à emprunter, transformées en parking autos, aire de livraison, quand elles ne sont pas directement empruntées par les autos...
Pour le FN, l'avenir c'est appartient à la voiture à hydrogène, totalement non polluante selon eux.
C'est vrai, le moteur ne rejette que de la vapeur d'eau au cul du pot d'échappement. Mais la pollution est ailleurs. C'est la production d'hydrogène : 10 kg de CO2 pour produire 1 kg d'hydrogène. Mais aussi une débauche d'énergie, quelle que soit la méthode utilisée pour le produire :
- anecdotique, l'électrolyse de l'eau, puisqu'elle ne représente que 1% de la production : on casse une molécule d'eau avec de l'électricité pour obtenir de l'oxygène d'un côté, de l'hydrogène de l'autre (en fait du dihydrogène et du dioxigène pour raison de stabilité de la molécule, mais faisons simple). Il faut beaucoup d'électricité. Ce n'est pas avec notre parc vieillissant qu'il faudra de toutes façons fermer (et que nous aurions dû avoir commencé à fermer) que nous y arriverons. ;
- le vaporeformage (la quasi totalité de l'hydrogène produit) : on casse le méthane issu de la méthanisation pour obtenir par adduction de vapeur d'eau surchauffée, pour dissocier carbone et hydrogène, on obtient du dioxyde de carbone (CO2) et et du dioxygène (h2).
Ça coûte cher (multiplié par quatre), c'est très énergivore, et c'est très polluant en CO2 ;
- gazéifier le charbon de bois. Il faut faire du charbon de bois, puis le brûler à très haute température (énergie, et encore énergie) pour retrouver au final du dihydrogène et du carbone... En gros, impasse encore.
La meilleure solution pour produire de l'hydrogène serait l'électrolyse de l'eau pour profiter de l'intermittence de l'éolien (pas du solaire, nous consommons beaucoup en journée).
Le hic, c'est que le FN refuse les éoliennes, comme tous les autres d'ailleurs, sauf en mer et encore, derrière leur soutien de façade. C'est trop moche les moulins élancés, on préfère les moulins de pierre.
Vous ne voulez pas d'ENR, l'hydrogène est donc caduque.
Sans même parler du prix des véhicules à pile à combustible, hors du déraisonnable, d'un marché inexistant, de l'absence de "pompes"...
Allez, subventionner 50 véhicules pour faire du green washing pour des parcs d'entreprises privées ou collectivités, le monde y survivra.
Mais ne venez pas nous dire que vous n'avez plus une thune pour des plans vélo ou des pistes cyclables, ou des lycées, ou la santé.
Mais à qui, et à quoi, répond le conseiller FN pour qui le vélo ne fait pas partie de notre culture ? Laetitia Sanchez, la "méchante écolo" qui roule à vélo, mais qui déroule les modes de déplacements de Normands et les solutions possibles et rentables...
Devant un parterre de centaine de lycéens, Hervé Morin avait annoncé les effets présents et à venir du réchauffement climatique : perte de biodiversité, fonte des glaces, 48% des populations de vertébrés qui ont disparu en moins de 40 ans (même 60% en 45 ans). Les tensions pour le pétrole, et aussi l’eau potable. Les guerres actuelles du pétrole d'aujourd'hui seront les guerres de l'eau. Dès aujourd'hui, les migrations de réfugiés de guerre et aussi climatiques, génèrent aussi leur lot de « tensions ».
Montée des eaux, terres de plus en plus arides, pauvreté, famines et quête de l’eau potable, c'est ce qui nous attend tous. Le président de région avait indiqué que les solutions étaient mondiales, et nationales, mais aussi passaient par des comportements individuels.
Les solutions régionales ? Voitures à hydrogène et électriques. Ouf ! La voiture est sauvée (la nature, hein...).
Dans nos solutions à nous, la voiture électrique peut trouver sa place, même si ce n'est pas le mode de déplacement le plus efficace. La diffusion à grande échelle pour remplacer un problème par un autre n'est pas une solution optimale.
Le GPL est désormais "malusé", alors qu'il représente 20% de la distillation du pétrole, et qu'il permet d'économiser 20% de CO2 avec bien moins de particules fines que les autres carburants. Le carburant brûle dans les torchères.
Bien sûr, le GPL dépend de la quantité de pétrole consommée et raffinée. Mais ne pas le faire quand on carbure à l'essence, au fuel, au fuel lourd pour les bateaux, ou au kérosène, du fuel, du diesel, de l'essence, c'est de la gabegie indigne d'un Etat responsable de la sécurité énergétique.
L'hydrogène, on en a parlé plus haut : on pollue peu en ville, mais on pollue pour produire, encore plus que le carburant fossile ou issu de la méthanisation. Cela ne peut que conduire à une accélération du réchauffement climatique.
Sauf à le produire avec l'aide d'énergies renouvelables, mais il faut là encore réfléchir au bilan énergie produite dans le temps - énergie grise produite pour développer les ENR.
Et encore, cela veut dire accepter les ENR et l'éolien terrestre.
L'électrique ? Le premier véhicule électrique, et le plus efficace énergétiquement (et en énergie grise), c'est le ferroviaire : train, métro, tramway.
Puis le vélo électrique. 100 000 vélos électriques vendus par an. Avec une bande de roulement réduite, un poids des plus réduits, une vitesse en ville plus rapide la plupart du temps que les autos, une autonomie de 100 km, pour 23 centimes la recharge aux 100 km, c'est un des moyens de transport les plus efficaces. Le transport terrestre le plus efficace à part le vélo à énergie musculaire.
Évidemment l'intermodalité : prendre le bus ou le vélo que l'on colle dans le train. Évidemment travailler autrement : ne pas partir tous à la même heure le matin, et rentrer à la même heure le soir, profiter du télétravail autant que faire se peut. Et tenir compte des déplacements de tous ceux qui ne travaillent pas : chômeurs, retraités, étudiants, familles pour les activités sportives, les courses, la détente, la culture.
Organiser ces transports le plus économiquement possible.
Pour le reste, pour eux, c'est du fret routier, du fret routier, du fret routier, quand on a la chance d'avoir un fleuve de très grand gabarit et un réseau ferré qui n'est toujours pas déclassé. Rétablissons la ligne Rouen-Evreux-Dreux-Chartres-orléans pour les céréales et pour les gens.