Le canard enchainé a révélé une note de 32 pages : elle dévoile que les responsables d'Areva avaient conduit des études sur l'acier du couvercle de la cuve de l'EPR en 2006. Ces études ont fait état des fragilités de l’acier qui compose le couvercle du réacteur en construction à Flamanville.
Ce n'est que 9 ans plus tard qu'Areva révèlera ces défauts à l'ASN. On savait en 2006, mais la loi n'obligeait pas Areva à communiquer ces résultats à l'ASN. Ce dossier a donc été caché toutes ces années.
Le chantier a maintenant 5 ans de retard et ne démarrera probablement jamais. Il en coûte aux français 9 milliards d'euros.
Cette dissimulation est scandaleuse : les responsables d'Areva, tous les techniciens et ingénieurs - qui encore ? -, qui connaissaient la dangerosité de l'installation, ont laissé les travaux se poursuivre pendant 9 ans. 9 ans d'une litanie d'aberrations, de malfaçons et d'accidents.
Si l'ASN n'avait pas ordonné une série d'analyses sur la résistance de l'acier de la cuve, aurions-nous démarré le réacteur en connaissance de cause, et en sachant le risque d'accident ?
L'abandon envisagé en 2014 de l'EPR - pour sauver l'entreprise de cette hémorragie financière - est-elle en lien avec ces risques connus depuis des années ?
Nous apprenons de plus, par cette note, que
"la technologie de fabrication retenue pour les calottes de cuve du réacteur Flamanville 3 est en régression technique par rapport à celles utilisées pour le parc en exploitation."Nous sommes coincés entre un parc vieillissant ruineux à rénover,
dangereux à rénover, et des EPR dangereux et ruineux. A quand la transition énergétique ? L'EPR est condamné.
Maintenant, la question que pose cette note révélée à l'ASN : Qui savait ? Quels sont les responsables - décideurs de l'entreprise ou politiques - qui connaissaient ces défaillances et les ont étouffées ?
Quels sont les responsables de cette gabegie, du risque encouru par la population, de la faillite d'une entreprise soutenue par la dette française ?
Seront-ils condamnés ?
694 milliards de pertes pour 9 milliards de chiffre d'affaires, un chiffre qui va augmenter d'ici la fin de l'année. 9 ans de retard sur la livraison de l'EPR finlandais, et la livraison de l'EPR français de Flamanville est repoussée d'un an de plus.
L'EPR a viré au fiasco industriel, et l'entreprise publique (à 88%) y laissera plusieurs milliards €.
Le groupe a suspendu l'ensemble des perspectives financières qu'il s'était fixées pour l’exercice 2015 et 2016, et ne garantit plus l'objectif d'un cash-flow "proche de l'équilibre".
Depuis 2008, l'action a perdu près de 90% de sa valeur.
Areva est au bord du gouffre. Pour continuer cette fuite en avant, l'Etat, les contribuables et les salariés de l'entreprise vont devoir payer les échecs de la filière. Il faudrait 2 milliards et plusieurs milliers de licenciements pour renflouer l'entreprise, si c'est possible.
L'avenir de l'entreprise publique est en jeu. Au delà du sort même de l'entreprise, c'est toute la politique énergétique de la France qui est en cause.
Au lieu de ça, malgré les alertes sur la folie de l'EPR qui nous coûte notre capacité à changer notre avenir, les milliards d'argent public qui s'évanouissent en fumée donnent le tournis.
Qu'est-ce qu'on fait : stop ou encore ? La raison conduit à dire stop ! La folie viendrait nous dire de nous acharner à persévérer dans le désastre.
Malgré cet aléa de chantier, EDF réaffirme son engagement dans le nouveau nucléaire en France, en Chine et au Royaume-Uni.
Le report d'une année supplémentaire de la mise en fonction, en 2017, de l'EPR de Flamanville vient contrecarrer la fermeture de la centrale de Fessenheim.
En effet, il faudrait que l'Etat, qui a financé entièrement le programme nucléaire, indemnise l'opérateur EDF, désormais privé, de plus de 4 milliards €. Des milliards, et encore des milliards, toujours plus de milliards. L'indemniser pour la rentabilité annuelle de 200 millions/an jusqu'en 2040. La centrale aurait alors 62 ans. On est tombés sur la tête.