Sur les 5 millions de fonctionnaires appelés à faire grève contre les suppressions de postes, le corps enseignant est particulièrement touché, avec 45 000 suppressions de postes d'enseignants, et leur cortège de conséquences : classes de plus en plus surchargées, options supprimées, et bien sûr des remplacements de moins en moins effectués. Sur Europe 1, leur ministre, Luc Chatel, se prononce pour des solutions concernant ces remplacements... Les avis sur leur efficacité risquent de ne pas être partagés par tous !
A la question posée par le Parisien sur les remplacements à l'Education Nationale (pourquoi les profs absents sont-il si peu et si mal remplacés ?), Luc Chatel a "sans doute" une solution :
Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, nous propose SA solution au problème du (non-)remplacement des professeurs, un problème dû sûrement aux suppressions de dizaines de milliers de postes à l'éducation nationale.
Sa politique tient en 3 points :
1 - Réactivité, réactivité, réactivité, c'est le mot d'ordre asséné, affirmé. Dès le 1er jour, les autorités académiques devront être mobilisées. Que ne l'ont-elles été jusqu'à lors ? Et surtout, pour que ce mot d'ordre ne relève pas que de la méthode coué, ou du vœu pieux, quels seront les moyens mis en œuvre pour redresser une situation qui ne cesse de s'aggraver ?
2 - Assouplir le système de remplacement, actuellement géré par académies (clic clic sur la carte ci-contre) en permettant l'affectation de personnels d'académies voisines. Cela nécessitera sûrement de (longues ?) négociations, de chambouler les méthodes de travail, d'adapter les logiciels etc, etc. Mais pourquoi pas si cela permet d'améliorer la situation ? Mais respectera-t-on le rôle, la mission et les conditions de travail des professeurs ? Car cette revalorisation des enseignants que le ministre appelle de ses vœux passe aussi par la reconnaissance de la mission des professeurs, la reconnaissance de leurs compétences, et bien sûr des conditions dans lesquelles s'effectue leur mission. Cela conditionne évidemment l'accomplissement de leurs missions, de la meilleure façon possible.
L'exemple pris d'un professeur de Créteil qui serait affecté à Paris n'est pas représentatif des académies du reste de la France. Là où les distances s'expriment en dizaines de kilomètres, on peut traverser la moitié du pays pour traverser les académies de Montpellier à Clermont-Ferrand, de celle de Clermont à celle de Tours, ou de celle de Tours à celle de Rouen. Les échelles ne sont pas les mêmes. Dossier à suivre...
3 - Enfin, pour son troisième point - faire appel au pôle emploi et aux étudiants, ainsi qu'aux retraités de l'éducation nationale, pour remplacer les professeurs, voilà qui peut passer pour un véritable camouflet pour les enseignants, les élèves et les parents. Ainsi que pour les citoyens pour qui la citoyenneté passe aussi par l'éducation de ces jeunes citoyens. La capacité à faire appel à des retraités de l'éducation nationale, cela a-t-il été modélisé ? Des sondages ont-ils été effectué pour évaluer le potentiel de population concernée ? Ou n'est-ce mis en valeur que pour cautionner la "diversification et la richesse" de ce nouveau système de remplacement.
Notre pays a besoin de jeunes toujours mieux formés, qui devront s'insérer dans une société de plus en plus tournée vers les services et la technologie, et où les compétences et la formation sont des facteurs de plus en plus importants pour l'insertion et la réussite professionnelle et sociale.
Les professeurs, à qui est largement dévolue cette mission d'éduquer notre jeunesse, et qui ont la confiance des parents et d'une large majorité de nos concitoyens, sont-ils voués à être remplacés par des chômeurs et des étudiants ? N'y voyez pas une quelconque opprobre à l'endroit des chômeurs ou des étudiants, mais le métier d'enseignant exige des compétences propres, et de l'expérience. C'est pour acquérir cette expérience qu'au sortir de leurs études, les enseignants effectuent une année de stage accompagné.
Pour que l'éducation nationale puisse rendre ce service à la hauteur des attentes, il faut qu'elle puisse offrir l'éducation à laquelle chaque élève a droit, et non remplir une simple mission de gardiennage, ou pire, de mauvaises expériences éducatives qui pourraient conduire à des échecs scolaires.
Nous comprenons que le but de ne pas remplacer 1 professeur sur 2 lors de ces départs massifs à la retraite permettra des gains budgétaires très importants. Mais à quel prix ?
Etes vous prêts à confier l'éducation et l'avenir de vos enfants à pôle emploi ou à des étudiants ?