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Luc Chatel a ses solutions pour remplacer les professeurs : faire appel au pôle emploi et aux étudiants

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Sur les 5 millions de fonctionnaires appelés à faire grève contre les suppressions de postes, le corps enseignant est particulièrement touché, avec 45 000 suppressions de postes d’enseignants, et leur cortège de conséquences : classes de plus en plus surchargées, options supprimées, et bien sûr des remplacements de moins en moins effectués. Sur Europe 1, leur ministre, Luc Chatel, se prononce pour des solutions concernant ces remplacements… Les avis sur leur efficacité risquent de ne pas être partagés par tous !

A la question posée par le Parisien sur les remplacements à l’Education Nationale (pourquoi les profs absents sont-il si peu et si mal remplacés ?), Luc Chatel a “sans doute” une solution :

“Le système de remplacement dans l’éducation nationale fonctionne mal, est mal organisé, il n’est pas assez souple, il n’est pas assez réactif. […] J’ai décidé de m’atteler à la tâche. […] Il faut un système de remplacement des professeurs qui soit plus réactif […], améliorer le système de remplacements des professeurs par 3 moyens :
D’abord accroître la réactivité. Aujourd’hui, on remplace trop lentement les professeurs absents.
Il y a un système administratif qui sépare les courtes absences des longues absences, un délai de carence de 14 jours pendant lesquels un lycée doit se débrouiller avec un professeur absent.
Et c’est seulement au bout de 14 jours que le rectorat intervient. Il faut que, dès le 1er jour, les autorités académiques soient mobilisées. Plus de réactivité.
Deuxième point, plus de souplesse dans la gestion. Vous savez que le système de remplacement est géré par académies […] on va assouplir ce dispositif.
Troisième exemple, nous devons diversifier et enrichir notre système de remplacement. […] Par exemple avec des partenariats avec pôle emploi, en mobilisant, ici ou là, de jeunes retraités de l’éducation nationale, ou en travaillant avec des étudiants qui ne sont pas encore admis au concours.
Nous allons tout simplement améliorer le système de remplacement; le sujet c’est que l’éducation nationale soit capable de rendre un sevice qui soit à la hauteur des attentes, à la fois des enseignants, qui sont les premières victimes de cela, quand ils ne sont pas remplacés, mais aussi des parents d’élèves et des jeunes.”

Ce n’est pas parce vous réduisez trop les postes ?

“Non. D’ailleurs ce système, vous l’avez rappelé dans votre propos liminaire, ce n’est pas un problème nouveau, il est nettement antérieur à la réduction des postes dans l’éducation nationale. […]
Le gouvernement mène une politique depuis 3 ans, qui consiste à la fois à faire de l’éducation une priorité, […], mais en même temps une politique qui consiste à dire, au moment où nous avons des départs en retraite massifs, de ne pas renouveler 1 fonctionnaire sur 2, pour mieux rémunérer les autres fonctionnaires. J’ai engagé une discussion avec les autres partenaires sociaux sur la revalorisation des enseignants, qui va être significative, environ un 13ème mois au début de carrière, c’est à dire plus de 10% pour un professeur débutant, donc c’est significatif, les professeurs ne sont pas assez pays dans notre pays, donc moins d’enseignants mieux rémunérés, telle est la politique que nous menons.”

carte des académies - www.education.gouv.frLuc Chatel, ministre de l’éducation nationale, nous propose SA solution au problème du (non-)remplacement des professeurs, un problème dû sûrement aux suppressions de dizaines de milliers de postes à l’éducation nationale.
Sa politique tient en 3 points :
1 – Réactivité, réactivité, réactivité, c’est le mot d’ordre asséné, affirmé. Dès le 1er jour, les autorités académiques devront être mobilisées. Que ne l’ont-elles été jusqu’à lors ? Et surtout, pour que ce mot d’ordre ne relève pas que de la méthode coué, ou du vœu pieux, quels seront les moyens mis en œuvre pour redresser une situation qui ne cesse de s’aggraver ?
2 – Assouplir le système de remplacement, actuellement géré par académies (clic clic sur la carte ci-contre) en permettant l’affectation de personnels d’académies voisines. Cela nécessitera sûrement de (longues ?) négociations, de chambouler les méthodes de travail, d’adapter les logiciels etc, etc. Mais pourquoi pas si cela permet d’améliorer la situation ? Mais respectera-t-on le rôle, la mission et les conditions de travail des professeurs ? Car cette revalorisation des enseignants que le ministre appelle de ses vœux passe aussi par la reconnaissance de la mission des professeurs, la reconnaissance de leurs compétences, et bien sûr des conditions dans lesquelles s’effectue leur mission. Cela conditionne évidemment l’accomplissement de leurs missions, de la meilleure façon possible.
L’exemple pris d’un professeur de Créteil qui serait affecté à Paris n’est pas représentatif des académies du reste de la France. Là où les distances s’expriment en dizaines de kilomètres, on peut traverser la moitié du pays pour traverser les académies de Montpellier à Clermont-Ferrand, de celle de Clermont à celle de Tours, ou de celle de Tours à celle de Rouen. Les échelles ne sont pas les mêmes. Dossier à suivre…
3 – Enfin, pour son troisième point – faire appel au pôle emploi et aux étudiants, ainsi qu’aux retraités de l’éducation nationale, pour remplacer les professeurs, voilà qui peut passer pour un véritable camouflet pour les enseignants, les élèves et les parents. Ainsi que pour les citoyens pour qui la citoyenneté passe aussi par l’éducation de ces jeunes citoyens. La capacité à faire appel à des retraités de l’éducation nationale, cela a-t-il été modélisé ? Des sondages ont-ils été effectué pour évaluer le potentiel de population concernée ? Ou n’est-ce mis en valeur que pour cautionner la “diversification et la richesse” de ce nouveau système de remplacement.
Notre pays a besoin de jeunes toujours mieux formés, qui devront s’insérer dans une société de plus en plus tournée vers les services et la technologie, et où les compétences et la formation sont des facteurs de plus en plus importants pour l’insertion et la réussite professionnelle et sociale.
Les professeurs, à qui est largement dévolue cette mission d’éduquer notre jeunesse, et qui ont la confiance des parents et d’une large majorité de nos concitoyens, sont-ils voués à être remplacés par des chômeurs et des étudiants ? N’y voyez pas une quelconque opprobre à l’endroit des chômeurs ou des étudiants, mais le métier d’enseignant exige des compétences propres, et de l’expérience. C’est pour acquérir cette expérience qu’au sortir de leurs études, les enseignants effectuent une année de stage accompagné.
Pour que l’éducation nationale puisse rendre ce service à la hauteur des attentes, il faut qu’elle puisse offrir l’éducation à laquelle chaque élève a droit, et non remplir une simple mission de gardiennage, ou pire, de mauvaises expériences éducatives qui pourraient conduire à des échecs scolaires.

Nous comprenons que le but de ne pas remplacer 1 professeur sur 2 lors de ces départs massifs à la retraite permettra des gains budgétaires très importants. Mais à quel prix ?

Etes vous prêts à confier l’éducation et l’avenir de vos enfants à pôle emploi ou à des étudiants ?

nono
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déjà 6 commentaires pour cet article

  1. Jan 2010
    23
    23 h 10

    Que vont apprendre les étudiants aux lycéens, aux collégiens ou aux élèves? On a qu’à les envoyer dans les centres aérées!

    elhoussaine

  2. Jan 2010
    24
    9 h 22

    Votre commentaire est intéressant et vos remarques sont justes. Mais vous dites : « C’est pour acquérir cette expérience qu’au sortir de leurs études, les enseignants effectuent une année de stage accompagné. »

    C’était le cas jusqu’ici, mais la réforme de la formation et du recrutement des maîtres qui commence à être mise en œuvre dès cette année supprime ce stage. Les lauréats des concours se retrouveront devant leurs classes sans avoir reçu de véritable formation professionnelle.

    Bien cordialement
    M.M.

    Michel Morel

  3. Jan 2010
    24
    17 h 06

    @Michel
    C’est exact. Dès la rentrée 2010 cette année de stage disparaîtra. On “jettera dans l’arène” les jeunes professeurs, pleins de bonne volonté, de vigueur et d’espoirs, mais inexpérimentés quant à la gestion d’une classe, des conflits, et des relations complexes qui se nouent entre l’élève et le prof. Malgré cette année de stage, où le jeune prof accompagné recevait de son tuteur ou sa tutrice un transfert de compétences, d’expériences, de trucs et astuces, de remotivation, l’apprentissage du métier reste difficile. Et malgré cet accompagnement, les erreurs, les errements et les baisses de moral restent un lot quotidien qu’il faut intégrer. Le tout dans l’intérêt des élèves. Certains réussiront, d’autres failliront.

    Je ne suis pas prof, mais les premières années de combat contre soi, pour acquérir le bon comportement, les bonnes méthodes, pour devenir capable d’assurer sa mission, je les ai lues à travers l’expérience des mes proches : l’apprentissage de ce beau métier ne se fait pas sans douleur. Et sans aide, sans le soutien permanent, la première année peut être vécue comme un calvaire.
    Je ne suis pas prof, je suis parent d’élèves, et tout ce qui est fait pour aider les enseignants à réussir leur mission, c’est aussi ce qui est fait pour que l’éducation des élèves, de l’enfant jusqu’à l’adulte, soit une réussite. Ou pour le moins, qu’on évite les catastrophes. Y a-t-il d’autres métiers où l’on collerait cette mission d’encadrement de dizaines de personnes sans accompagnement préalable ?

    On va jeter dans l’arène donc, des profs inexpérimentés, avec un minimum de contrôle, et on croise les doigts. Ceux qui font ce pari ne sont ni ces jeunes profs, ni les élèves. Le risque sera assumé par les élèves et par ces jeunes profs. Le pari est osé. La politique qui va être menée cette année, on la jaugera dans quelques années. Les lauriers d’aujourd’hui pourraient se transformer en couronnes d’épines pour ceux qui assumeront les responsabilités à ce moment-là.

    Quant à faire assumer l’intérim des profs remplaçants à pôle emploi, où à des étudiants non diplômés, cela me semble inconséquent.

    nono

  4. Jan 2010
    24
    23 h 23

    Un petit rappel sur le nombre de disparition de postes dans l’académie de Rouen : 1657 depuis 2003.
    Entre les paroles sur la réussite et la réalité, c’est plus qu’un gouffre !
    Une autre remarque : que devient la notion d’équipe pédagogique ? Les propositions de monsieur le ministre sentent bon le libéralisme et à ses yeux l’éducation n’est qu’une marchandise où la variable d’ajustement est le salarié, ici l’enseignant…
    Un chiffre pour bien comprendre : 95% du budget du ministère de l’éducation est sur le fonctionnement, alors comment augmenter une charge sur des fonctionnaires remplaçants ? Impossible si la vision se limite à une rentabilité financière.

    Si vous voulez parler éducation, je vous invite à une réunion de Haute-Normandie écologie :
    Réunion sur l’ éducation à Evreux , lundi 25 janvier à 19H30 : maison de quartier de Nétreville, salle polyvalente; 5 rue Dugay-Trouin Evreux
    ” Une politique écologique de la jeunesse”
    En présence de Claude Taleb : tête de liste régionale ; Perrine Hervé-Gruyer : tête de liste dans l’Eure ; Jérôme Bourlet, Jacqueline Fihey, Guillaume Llorca : candidats sur la liste Haute-Normandie Ecologie.

    jérôme

  5. Jan 2010
    25
    22 h 31

    @jérôme
    L’éducation est un investissement, un pari sur l’avenir, pas l’avenir à 1 an, 2 ans et 2 mois 1/2, mais un pari multiple qui dit que dans 20 ans, la situation de notre société et de notre monde sera aussi bonne qu’aujourd’hui, au mieux.
    Nicolas Sarkozy a confirmé ce soir que les suppressions de postes continueraient.
    Je ne suis pas sûr, enfin, je suis plutôt enclin à penser le contraire, que le lycée Henri IV connaîtra les mêmes troubles que PMF à Val-de-Reuil.
    On économise aujourd’hui mais on ampute l’avenir.
    L’école est devenue un centre de coût, misère !

    nono

  6. Mar 2010
    10
    19 h 54

    C’est en route déjà, des annonces apparaissent déjà dans certaines agences et quelques stages sont remplacés par des étudiants payés plus cher mais sur une durée courte.

    estelle

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