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Saint-Jouin-Bruneval : destruction d’une zone natura 2000, il y a de l’eau dans le gaz !

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Claude Taleb nous alerte sur le combat que mène la population de Saint-Jouin-Bruneval contre la construction d’un terminal méthanier à Antifer.
C’est d’abord, c’est un risque industriel qui pèse sur toute population dont les habitations se situent à mois de 1 kilomètre de la zone prévue pour l’implantation de ce terminal.
Et bien sûr c’est une zone que la population, les collectivités territoriales concernées ainsi que chercheurs et associations de défense de la nature qui voudraient voir cette zone classée “NATURA 2000”, en raison de l’extraordinaire richesse de la biodiversité de cette zone spécifique.

Sur le site des promoteurs (POWEO S.A., CIM S.N.C., VERBUND Gas. GmbH) de ce terminal méthanier, on évoque une concertation avec les riverains, dans le respect de la réglementation, des normes de sécurité et de l’environnement.
On peut y lire :
Un dialogue permanent… Au-delà du respect des normes environnementales et de sécurité très strictes auxquelles est soumise toute nouvelle installation industrielle, il est nécessaire d’analyser tous les impacts possibles du projet sur son environnement, en liaison étroite avec les acteurs locaux concernés.
L’environnement d’un projet, c’est bien sûr le milieu naturel, mais aussi le patrimoine, les paysages, les activités socio-économiques et la tranquillité des riverains.
… qui a déjà commencé. La concertation est indispensable, tout au long du projet, entre les acteurs locaux et Gaz de Normandie. Dans le cadre de cette concertation, les représentants de Gaz de Normandie ont présenté leur projet au Conseil municipal de Saint-Jouin-Bruneval […] à l’ensemble des élus de la communauté d’agglomérations […], et une réunion publique d’information a eu lieu le 9 février à la salle polyvalente de Saint-Jouin-Bruneval à l’invitation du Maire.
Le 2 mai, la Commission Nationale du Débat Public a décidé l’organisation d’un débat sur le projet sous le contrôle d’une commission particulière. Ce débat a eu lieu entre le 14 septembre et le 14 décembre 2007. Les conclusions de ce débat, exprimées dans le bilan publié le 18 avril 2008 par Président de la CNDP, ont conduit Gaz de Normandie à apporter des modifications importantes à son projet. Les caractéristiques retenues pour les études d’Avant Projet ont été rendues publiques le 10 juillet 2008.
Le sous-préfet du Havre a réuni pour la première fois le 12 janvier 2009 un comité local de concertation, réunissant élus, associations et représentants des services de l’Etat. “

et plus loin :
“Enfin, une fois la construction du terminal achevée, son fonctionnement sera suivi par le Comité Local d’Information et de Concertation (CLIC) déjà mis en place autour des installations classées “Seveso” de la zone du Havre. “

Pourtant les populations et collectivités locales concernées par le projet entendent ça d’une tout autre oreille !

Les chercheurs et associations de défense de l’environnement ne décolèrent pas ! C’est tout un écosystème qui est mis en danger. Des espèces rares et protégées seraient menacées par l’installation de ce terminal.
Plus de 110 espèces sont observées chaque année lors de la migration post-nuptiale de juillet à décembre dont plus d’un tiers d’espèces nordiques et nord-atlantiques. Les trois-quarts des espèces recensées sont protégées. Beaucoup d’entre-elles se reposent dans le port et à proximité des digues avant de poursuivre leur route. Parmi les oiseaux de passage figurent des espèces nicheuses menacées en France, révélées par la Liste rouge des oiseaux nicheurs menacés établie par Bird Life International. Par exemple, la sterne arctique est en situation critique, la sterne caugek, le tarier des prés sont vulnérables, le traquet motteux et le tarin des aulnes sont quasiment menacés.
Les oiseaux sont bien sûr les espèces les plus emblématiques, et les plus visibles. Mais ce ne sont pas les seules espèces concernées : les hippocampes, par exemple, qui bénéficient d’une protection internationale, sont directement menacés, tout comme les homards, ou les mammifères d’intérêt communautaire protégés (phoque veau-marin, phoque gris, marsouin commun et grand dauphin)…

Le Maire de Saint-Jouin-Bruneval, François AUBER, tout comme le Président du Conseil Général, Didier MARIE, sont opposés à la construction de ce terminal méthanier.
Pour eux, la décision gouvernementale de faire figurer la zone de Saint-Jouin-Bruneval en zone d’exclusion de la zone “NATURA 2000” est une catastrophe.
Pour le maire, François Auber, on ne peut pas avoir un double langage, en parlant du Grenelle au niveau national, et en balayant du revers de la main au niveau local toute la richesse de notre environnement, en refroidissant les eaux et en tuant les zones de nourrissage.
Le président du Conseil Général, Didier Marie partage cet avis. Pour Didier MARIE, avec 1/6ème de l’activité du Département réalisé par le tourisme (30.000 emplois !), ce projet industriel n’est pas le bienvenu.
Pour le Président du Conseil Général, il y a déjà eu des procédures d’approche de classement, il n’y avait aucune raison de ne pas classer la zone cette fois-ci, excepté parce qu’ON veut favoriser l’implantation de ce terminal méthanier.


Apparemment, lorsque les promoteurs évoquent la nécessité d’une concertation entre les riverains, les acteurs locaux et Gaz de Normandie, qui a déjà commencé, cela relève pour le moins d’un GROS MALENTENDU !
La population s’est levée pour crier haut et fort : NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS FAIRE !
Pour le maire de Saint-Jouin, François Auber, Charles Beigbeder, patron de Poweo, veut détruire le littoral et déplacer des zones NATURA 2000. Ce combat oppose la population et les élus aux intérêts financiers d’hommes d’affaires, alliés à quelques hauts fonctionnaires. On ne peut pas importer 9 milliards de m3 de gaz par an par an, au moment où on cherche à réduire les gaz à effets de serre ! Ce “coup de pouce”, le PIG (projet d’intérêt général) a été donné à la Société Gaz de Normandie, donc à Poweo, dont le patron, Charles Beigbeder a revendu toutes ses parts à la société VERBUND, une semaine après l’opération réalisée, empochant au passage 40 millions d’Euros.
Les maires des communes de la Côte d’Albâtre, au delà des clivages politiques, sont venus témoigner leur soutien dans le combat que mène Saint-Jouin contre ce projet qui va défigurer durablement nos côtes.
Claude Taleb, Vice-Président de la Région Haute-Normandie, nous fait part de sa consternation face au double langage du ministère de l’écologie. On a un Borloo des villes, et un Borloo des champs, le premier faisant des discours sur la planète, parlant des grands engagements de la France pour réduire les gaz à effets de serre, le second, qui ne ferme même pas les yeux, mais autorise des installations dont la conséquence est la surproduction d’énergie, dans une région qui souffre déjà de surproduction d’énergie ! Comme pour ce qui est fait envers Natura 2000, cette décision porte atteinte à la crédibilité des grands engagements sur le développement durable. Si on doit charcuter NATURA 2000, on charcutera NATURA 2000, en bafouant la démocratie et la population.
M. Stéphane Hessel (ancien résistant et résistant encore, co-rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme, ancien ambassadeur de France) vient résister encore, aux côté de la population est des élus. Ecoutez les sages paroles qu’il nous délivre, pour sauver l’environnement, au moment de délivrer Marianne.

Un autre polémique oppose les promoteurs aux autres parties : la “déclaration d’utilité publique”.
Le gaz est un combustible cher, qui risque de faire augmenter les prix à long terme.
Et si “Gaz de Normandie” estime que la région doit renforcer sa position de pôle énergétique, aucun document stratégique établi collectivement (SRADT,SCoT, Plan Climat-Energie) ne partage cette position.
La Seine-Maritime est déjà suffisamment équipée, avec 2 centrales nucléaires, une centrale thermique, un port pétrolier, des usines de raffinage de pétrole, 2 centrales à charbons, plusieurs parcs éoliens off-shore, et un EPR à venir !
L’Europe s’est fixé pour objectif de diminuer les gaz à effets de serre de 20%, d’augmenter les énergies renouvelables de 20%, et de réduire la consommation énergétique de 20% d’ici 2020.
Si l’énergie à base de gaz produit moins de CO2, le méthane a un effet de serre 90 fois plus important que le CO2, et la filière a du mal a descendre sous les 12% de déperdition de gaz ! Le bilan global de la filière GNL, de terminal à terminal, représente un rejet de 12% minimum de méthane dans l’atmosphère.
En outre, le projet de terminal méthanier nécessitera un remblai sur 20 hectares, pris sur une zone fragile, avec un écosystème abritant des espèces qu’il faut protéger.
Et pour réchauffer le gaz, il faudra refroidir l’eau, et la chlorer !
La sécurité aussi fait débat : Là où GDF a besoin de 80 Ha pour séparer les installation pétrolières et gazières, Poweo n’a besoin que de 25 Ha. Et ce à quelques centaines de mètres des habitations.
Quant au tourisme, qui représente 30.000 emplois en Seine-Maritime, notamment grâce à la richesse de notre littoral, il sera malmené par un tel projet. Rien qu’à Saint-Jouin, c’est 10 projets économiques et touristiques qui sont incompatibles avec la réalisation du terminal.
Il n’est pas alors étonnant que ce projet jugé d’utilité publique dans les cénacles parisiens soit jugé nocif localement.

Laetitia Sanchez
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déjà 6 commentaires pour cet article

  1. Août 2009
    11
    16 h 08

    Je suis de tout coeur avec les habitants de Saint Jouin Bruneval.
    J’admire la combativité de son maire qui essaie de redonner une image humaine à la politique contre toute autre considération financière et spéculative.
    Le port d’Antifer n’appartient pas à une poignée de financiers dont la plupart sont étrangers et portaient des culottes courtes au moment de sa construction. Ce port appartient au peuple car construit avec son argent.
    Je souhaite que la population entière se batte derrière les habitants de Saint Jouin Bruneval pour contrer ce projet, et ceux à venir, décidé par une poignée de financiers sans scrupules à l’encontre des intérêts environnementaux et contraire au respect de la démocratie.
    Dans quelques jours, le dossier de demande des autorisations de construire sera déposé à la sous préfecture du Havre par Gaz de Normandie.
    Ce projet entre donc dans une phase déterminante.
    Je souhaite que toutes les organisations, associations de défense de l’environnement se mobilisent et organisent des rassemblements et des actions d’envergure dès la rentrée de septembre autour des saint jouinais pour faire échec à cette décision.
    Si ce projet était adopté, je crains que toute la côte entre le cap d’Antifer et le cap de la Hève soit sacrifiée et transformée à terme en un vaste site industriel à vocation énergétique.
    (ne pas oublier que Powéo projette la construction d’une centrale électrique au gaz)
    Je souhaite donc que cette lutte dépasse le cadre local car chacun d’entre nous est concerné.
    Ce qui a été possible à Plogoff dans le Finistère peut l’être à Saint Jouin Bruneval.
    Et vive le pays de Caux et ses hautes falaises !!!

    SALAÜN

  2. Sep 2009
    3
    10 h 02

    On crée la “journée nationale de l’environnement” en incitant les services municipaux et les associations à y participer vivement pour sensibiliser la population et surtout les jeunes aux problèmes de pollution, et en parallèle, les pouvoirs publics ne jouent pas le rôle.Quelle est cette fausse démocratie qui ne tient pas compte des protestations de la population, protestations justifiées scientifiquement par les spécialistes de la flore et de la faune locales? j’apporte mon modeste soutien aux élus locaux et aux habitants de Saint Jouin qui se battent pour défendre leur littoral.

    Fouache Muriel

  3. Sep 2009
    5
    21 h 47

    Dimanche 6 septembre, réunion publique à 10h à la salle polyvalente. Les maires de Saint-Jouin, Heuqueuville, Etretat s’associent aux côtés de citoyens et d’associations pour combattre un projet contraire au Grenelle de l’environnement.

    laetitia

  4. Sep 2009
    7
    21 h 49

    C TROP NUL !!!!! laissez la nature tranquille pensez à nos enfants (bandes d’abrutis),tout cela pour le fric

    dubois

  5. Sep 2009
    30
    16 h 05

    Je suis aussi complètement CONTRE ce projet , que vont t’ils faire de notre Plage ? on ne pourra plus bronzer, admirer le coucher du soleil, aller faire du jet, se baigner, du bateau, pécher.. De tous ses oiseaux et poissons ( même des dauphins viennent jusqu’ici ! =D ) Car s’ils il remplissent de terre une partie de l’eau où il y a énormément de reproduction, tout disparaitra; de plus l’eau refroidira de 6 degrés !!! Et puis c’est dangereux ( dans le temps ils ont dit : ” oui les éoliennes c’est trop dangereux imaginons qu’une hélice se décroche et qu’elle percute le pétrole .. ” ) Mais là c’est bien pire ! Une fuite de gaz et de l’eau : inflammation, si explosion c’est 55 fois Hiroshima ( ce n’est pas du tout une exagération ), et n’oublions pas qu’il y a du rejet de CO2, super le dvlpt durable !! Bref tellement de points négatifs .. surtout qu’ils peuvent faire passer un tuyau a travers la mer noire pour nous apporter du gaz .. C’est vraiment du n’importe quoi .

    Charlotte

  6. Oct 2009
    1
    15 h 27

    Quelle honte!
    La nature est déjà bien assez mise à mal dans notre région pour en rajouter!
    L’avenir appartient à la production d’électricité propre, pourquoi s’entêter dans un tel projet! Il existe bien d’autres alternatives!
    Quelle honte aussi pour la démocratie: tant de pseudo-réunions débats alors que tout est déjà décidé. Ce projet est censé servir la population, et la population le rejette en masse, il est tellement absurde de ne pas nous écouter!

    Gégé

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