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Eure : Lecornu ferme des collèges. Peu importe lesquels.

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Sébastien Lecornu, 1er cercle de bruno Le Maire (archives ©Le Démocrate Vernonnais)

Sébastien Lecornu. Le jeune loup de la politique et de la modernité, de la droite décomplexée, du premier cercle de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, décide de fermer 3 collèges dans l’Eure.
Quels collèges ? Des paillerons, les trucs qui brûlent et asphyxient. Donc le collège Pierre Mendès-France dans l’agglomération Seine-Eure.
Mais dans notre agglomération, il n’y a pas de collège Pailleron. Les deux collèges auxquels on a voulu s’en prendre, Pierre Mendès-France et les Fougères sont bien réalisés en dur. Mal isolés, c’est sûr, et tous les partis s’engagent dans leurs promesses électorales à rénover les bâtiments, dans le cadre de la transition énergétique.
Programme de l’UDI, promesse n° 32 : “32. Lancer un programme national de rénovation des bâtiments anciens les plus énergivores. Rendre effective la rénovation d’un demi-million de logements anciens par an.”
M. Lecornu s’attaque surtout à des collèges en réseau prioritaire : Pablo Neruda (Évreux, REP+), Pierre Mendès-France (Val-de-Reil, REP), les Fougères qui s’est trouvé curieusement interpellé mais n’est plus concerné par la fermeture (Louviers, REP). Il n’y a que le collège Jacques Daviel à Barre-en-Ouche qui n’est pas REP mais connaît un taux très important de population défavorisée.
Une population défavorisée, cela signifie qu’il y a nombre de familles qui ne disposent pas d’auto, et où la proximité est importante, pour les élèves d’abord, qui s’y rendent à pied, qui rentrent chez eux manger plutôt que d’aller à la cantine. Mais aussi une proximité entre famille et enseignants. C’est un gage de suivi scolaire, et donc de plus grande réussite scolaire.
Nous, parents d’élèves élus, et enseignants, nous avons interpellé les élus de l’agglération Seine-Eure-Bord (la CASE) pour leur demander d’écouter nos arguments et de nous donner leurs positions. M. Lecornu et le Rectorat ont été en copie de nombreux mails pour plus de transparence.
Finalement, les élus à l’unanimité ont voté pour demander au Conseil départemental un moratoire de deux ans sur la décision de fermeture de PMF, pour tenir compte de l’augmentation de la population au sein de l’Agglomération, et des nouvelles orientations gouvernementales en matière d’éducation. [Nous parents avions demandé “de tout collège dans l’agglomération”, ils ont spécifié PMF, mais admettons : c’est lui qui était particulièrement visé.]
Les parents et enseignants ont applaudi cette motion unanime. Seul le FN n’a pas pris part au vote. Merci encore à tous les votants.
La réponse de M. Lecornu ne s’est pas fait attendre !

Parce que j’entends depuis des mois les arguments des uns et des autres et que je souhaite que cette décision de fermeture se fasse en transparence et dans un esprit de concorde, je suis prêt à étudier vos propositions de fermeture alternative d’un autre collège.
Sébastien Lecornu, maire officieux de Vernon selon actu.fr, vice-président d’agglo, président du Conseil départemental, directeur de campagne de l’actuel ministre de l’économie pendant la primaire, puis de Fillon, et puis il a été conseiller parlementaire, peut-être sera-t-il conseiller ministériel à l’économie, et peut-être en se rasant le matin ?…

Preuve que la fermeture de ce collège n’est dictée ni par des raisons sociales, encore moins pédagogiques, d’insertion, de vivre ensemble, mais uniquement par des raisons financières, le président du Conseil départemental demande aux élus locaux de désigner un collège à faire tomber par pure mesure d’économie budgétaire.
Reverra-t-on nos élus en tractations, ou s’écharper entre eux pour garder chacun son collège – ou bien sommes-nous prêts, tous ensemble, parents d’élèves, enseignants, élus de l’agglomération à faire corps pour le bien des élèves d’abord, mais aussi d’une population éduquée et formée qui sera capable de dynamiser le territoire, et pour le bien des familles ? Certes, parents d’élèves et familles n’ont pas d’autorité, et même parents d’élèves élus, nous ne sommes pas invités à participer aux discussions et aux décisions concernant l’avenir de l’éducation de nos enfants. Nous sommes juste électeurs et contribuables. On paie les autres, et on les élit. Mais nous sommes debout. Pas en marche, debout.
Conversation imaginaire entre une Petite Maman Française (qu’on appellera PMF), mère de petits élèves qui veulent trouver leur place dans la vie, et le Leader, dit aussi le lapidaire, ou la Lime éducative, le Loup de Collège Street (qu’on appellera L, pour faire court) :
PMF – Mais je ne suis pas un pailleron !
L – Ben c’est pareil, t’es un pauvre collège.
PMF – Non, je suis un collège pour les élèves du quartier, je ne suis pas regardant sur l’argent qu’ils ont.
L – En plus, l’argent c’est moi qui leur donne. Ils n’ont qu’à bosser.
PMF – Mais ils n’ont pas l’âge légal de travailler, ils ont tous moins de 15 ans !
L – Ça va changer avec la loi travail, les entreprises pourront déterminer à quel âge on bosse, combien de temps, et si on les paie. En attendant je paie les parents.
PMF – Les parents ont déjà bien du mal à trouver du travail et de l’argent, il faut bien former les enfants pour qu’ils en trouvent ?
L – Et bien, qu’ils aillent se faire former ailleurs !
PMF – Mais ici, c’est sur place, c’est là qu’ils vivent, qu’ils mangent, ils ont même le ciné à côté, le sport, le théâtre à quelques mètres, les concerts, l’école de musique, la culture.
L – Des cinés, y en a ailleurs, et le théâtre, ça nourrit pas sa famille. Sauf Christian Clavier, Depardieu me pardonne.
PMF – Mais ils habitent là, ils viennent à pied ou à vélo.
L – Ça leur fera les pieds. Ils n’ont qu’à s’acheter une auto, ça relancera l’économie. Comme ça, ils pourront aller bosser à Cléon.
PMF – Leurs parents voudraient bien. En plus c’est payé le SMIC, voire plus. Mieux que ce qu’ils ont en tous cas.
L – Ils n’avaient qu’à faire des études !
PMF – C’est ce qu’ils veulent pour leurs enfants en tous cas.
L – Y a plus de sous. Ouste. En marche, c’est bon pour la santé.
PMF – Oh, c’est pas la santé qui manque, le tout, c’est de pas y finir. Il manque bien quelques travaux de rénovation, des débouchés après le collège, des transports, des parents rassurés, des professeurs en confiance, des projets, pour grandir en toute sérénité…
L – Y a plus de sous, qu’on vous dit ! Si vous ne voulez pas fermer ce collège, désignez-moi un collège, et je lui coupe la tête !
PMF – Euh… Montaigne au Vaudreuil ?
L -…
PMF – Nan, je blaguais. Nan, non, lui coupez pas la tête, c’était juste une blague. Ah, il va le faire… Ahhhhh … Au secours!!!
nono
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