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Déni de démocratie I

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Allez la démocratie, au lit, c'est l'heure ! Fais des beaux rêves...

5 ans ça change tout !

On l’a vu, le quinquennat a considérablement renforcé le pouvoir présidentiel. On parle d’Hyper-Président, omnipotent, à la tête d’une majorité plus que confortable.
Cette hyper-présidence a cependant, dans sa sagesse, consenti à doter notre République d’un “Hyper-Parlement”, juste contre-pouvoir, et de renforcer son rôle et son autonomie, tout en donnant plus de place à l’opposition. Les responsabilités sont mieux partagées, et le parlement retrouve même son rôle premier de “faiseur de lois”. Champagne !
Peut-être aurait-on pu statuer sur le rôle du Premier Ministre, voire envisager sa disparition, car son image est au mieux écornée et le rôle flou, et au pire, préjudiciable à une saine lecture des décisions gouvernementales. D’autant qu’il est contredit dès la première velléité d’annonce non visée par l’Elysée et ses conseillers, comme sur la taxe carbone. Nous avons tendance à prendre son rôle comme :”je fais l’annonce”, ça passe, l’Elysée s’approprie… ça casse, ou c’est trop tôt et là c’est le désaveu présidentiel ! Et Fillon mange son chapeau.

Mais revenons à la démocratie, c’est-à-dire nos élus

Le Parlement assure la représentation du peuple. Le rôle d’un député est de représenter sa circonscription et également la Nation toute entière. Outre son rôle de contre-pouvoir (interroger le gouvernement, examiner son action au sein d’une commission, contrôler l’emploi de l’argent public, mettre en cause la responsabilité du gouvernement), le député, par son échelle locale, est le lien entre les citoyens et l’Etat. S’il ne s’agissait que de représenter un parti, le député pourrait se faire élire et rentrer chez lui faire son jardin jusqu’à la prochaine élection. Il agit bien sûr dans un groupe, mais reste dépositaire de la parole citoyenne, et de sa voix.

Alors, que se passe-t-il en ce moment ?

Le parlement renforcé, l’Hyper-Parlement, ne peut plus s’opposer au gouvernement

Mais plus que cela, c’est le libre-arbitre de chaque élu qui est remis en cause : Hadopi, Taxe Professionnelle, et maintenant la taxe additionnelle de 10% sur le bénéfice des banques. Chacun de ces sujets avait été l’occasion pour l’Assemblée Nationale de marquer sa différence avec le Gouvernement. (je ne parlerai pas du camouflet gouvernemental à Coppé, lors du votre de la loi sur les tests ADN pour le regroupement familial).
A chaque fois, les français sont stupéfaits de constater que les votes doivent être refaits, jusqu’à ce que le vote corresponde à la volonté du Gouvernement.
Au sujet de cette taxe additionnelle de 10% sur le bénéfice des banques, l’ex-ministre des Sports, Jean-François Lamour (UMP), pretexte d’une erreur technique, explique qu’il s’est trompé de bouton: il a voté pour mais voulait dire non, comme tous ses collègues UMP. Une partie d’entre eux avait pourtant soutenu l’amendement de Didier Migaud (PS), lors de son adoption en commission des Finances.
Peut-être aux jeux olympiques, une erreur technique entraîne-t-elle aussi l’invalidation des JO ? Que l’on rejouerait donc la semaine suivante ?

Le gouvernement avait déjà obligé sa majorité UMP à renoncer à un amendement sur la taxe professionnelle

Un consensus était né entre l’UMP et le PS pour qui réécrire les mécanismes de la nouvelle «cotisation complémentaire» sur la valeur ajoutée des entreprises (impositions des entreprises à partir de 152.000 € de chiffre d’affaires et non 500.000, taux unique de 1,5% à partir de 2millions de chiffre d’affaires…).
Ce consensus a mis le Medef en colère. Mais Laurence Parisot s’est vite félicitée que «les députés aient entendu» l’organisation patronale, lorsque la majorité UMP a finalement abandonné son amendement, puis voté contre quand il a été défendu jusqu’au bout par l’opposition.
Pourtant, les députés (on pourrait dire hyper-dépités, puisqu’appartenant à un Hyper-Parlement), ont vocation à représenter la population, et à défendre le développement du territoire, et ce, au moins tout autant que les intérêts des entreprises.

Un pouvoir recentré, des élus désillusionnés, des citoyens méprisés qui ne se rendent plus aux urnes…

Ce n’est sûrement pas le cocktail idéal pour affermir la stabilité sociale, et la politique nationale, en France, en Europe et dans le monde. Le dédain affiché pour les choix de la population ne doit pas pousser aux extrêmes.

Lorsqu’on a dit non au référendum européen, on le revote, parce qu’on est trop stupides pour comprendre. J’avais voté oui, mais la population a dit non. Ce n’est pas un simple lifting qui permet de redonner une légitimité au oui, voté pour le coup sans référendum, mais un vrai travail de fond. Peut-être les citoyens ne sont pas seulement des imbéciles, et peut-être sont-ils simplement très exigeants ?

Et depuis, tous les sujets importants sont simplement revotés jusqu’à totale adéquation avec les décisions des personnes au pouvoir.
C’est peut-être pour notre bien, peut-être sommes nous bêtes comme nos pieds, et nous méritons alors nos godillots, pieds que nous sommes.
Et peut-être cela durera. Peut-être pas, la colère gronde.

nono
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