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Un ouvrage sur le genre censuré au moment où s’ouvre le Salon de l’Education sur le thème de l’égalité femmes-hommes

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Un ouvrage sur le genre censuré au moment où s'ouvre le salon de l'éducation sur le thème de l'égalité femmes-hommesLe 4 septembre 2013 a été publié aux éditions SCEREN-CNDP un livre intitulé « Déjouer le genre. Pratiques éducatives au collège et au lycée ». L’auteur, Hugues Demoulin, est chargé de mission égalité filles filles/garçon dans l’académie de Rouen.
Dix jours plus tard, sur instruction du Directeur général de cette maison d’édition, l’ouvrage a été suspendu de diffusion et de distribution avec effet immédiat. Le terme « genre » figurant dans le titre, ainsi que la teneur de la quatrième de couverture, seraient susceptibles selon le DG, d’alimenter la polémique conduite par certaines associations à l’encontre du programme ABCD de l’égalité en cours dans le premier degré.
En raison de la mission d’éditeur public qu’il assume, le CNDP (Centre national de documentation pédagogique) n’est pas tenu d’exploiter les ouvrages qu’il publie de façon continue, et peut être amené à rendre à l’auteur l’intégralité de ses droits d’exploitation. Par ailleurs, la diffusion des ouvrages du CNDP se fait par un réseau de distribution spécifique indépendant des libraires, ce qui a permis à l’éditeur de rendre sa décision exécutoire dans un délai très bref.
L’ensemble de l’ouvrage avait été validé à plusieurs reprises par les commissions ad hoc du CNDP. Sa diffusion avait fait l’objet d’un avis très favorable avant l’été, avec demande à l’auteur de mettre en chantier un deuxième ouvrage portant sur le premier degré. L’ouvrage devait être présenté lors du Salon de l’éducation qui s’ouvre le jeudi 21 novembre 2013 à Paris.
La suspension de cet ouvrage s’inscrit dans un contexte de mise à l’index du terme « genre » dans l’Education nationale. De nombreux exemples en témoignent : demande de modification d’un intitulé de conférence, changement de l’intitulé de la mission « égalité et genre » de l’académie de Rouen en « égalité filles/garçons ». L’objectif serait d’éviter la polémique récurrente alimentée notamment par les associations françaises catholiques, qui dénoncent une supposée volonté des pouvoirs publics d’abolir les différences entre les sexes. Dans le champ scolaire, cette polémique reprend les arguments développés lors de la parution des nouveaux programmes de SVT en classe de 1ère et la parution du manuel de l’éditeur Hachette. Ces mêmes mouvements ont encore appelé récemment au boycott des magasins U, en raison des illustrations de leur catalogue de jouets dans lequel filles et garçons jouent indifféremment avec des jouets habituellement réservés à l’un ou l’autre sexe.
Contrairement aux affirmations de ces mouvements, le genre n’est pas une théorie. C’est un concept majeur pour comprendre la reproduction des inégalités sociales, déconstruire les stéréotypes liés au masculin et au féminin, et lutter contre les discriminations liées aux normes de sexe et d’orientation sexuelle. Il est aujourd’hui largement utilisé dans les recherches universitaires et est inscrit dans les politiques européennes (gender mainstreaming).
La censure du terme « genre » manifeste un recul de la pensée pour des raisons de tactique politique. A l‘inverse du but recherché, les décisions quotidiennes prises en ce sens, comme le retrait de l’ouvrage « Déjouer le genre », confortent les positions des opposants aux politiques publiques en faveur de l’égalité réelle et de la lutte contre les discriminations de genre. Elle entrave la tâche de toutes les personnes qui oeuvrent au quotidien dans leurs pratiques éducatives pour l’émancipation des rôles sociaux de sexe, facteurs d’inégalité.
Jeudi 21 Novembre s’ouvrira porte de Versailles Salon de l’éducation, avec pour thème « l’égalité femmes-hommes : ensemble contre les stéréotypes ». Il sera intéressant d’entendre le point de vue des intervenant-es dans les différents débats et tables-rondes sur l’utilité du genre dans l’éducation Il serait également souhaitable d’entendre la façon dont le CNDP et le Ministère de l’Education nationale justifient la censure d’un ouvrage, pourtant validé, publié et louangé par ce même CNDP, au seul motif de son titre, alors même que son contenu correspond à un besoin des équipes éducatives pour soutenir les politiques publiques en faveur d’une égalité réelle dans l’orientation, la santé, la vie scolaire et l’enseignement.

Laetitia Sanchez
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déjà 8 commentaires pour cet article

  1. Nov 2013
    21
    0 h 26

    […] Le 4 septembre 2013 a été publié aux éditions SCEREN-CNDP un livre intitulé « Déjouer le genre. Pratiques éducatives au collège et au lycée ». L’auteur, Hugues Demoulin, est chargé de mission égalité filles filles/garçon dans l’académie de Rouen.  […]

    Un ouvrage sur le genre censuré au momen...

  2. Nov 2013
    21
    9 h 36

    […] Le 4 septembre 2013 a été publié aux éditions SCEREN-CNDP un livre intitulé « Déjouer le genre. Pratiques éducatives au collège et au lycée ». L’auteur, Hugues Demoulin, est chargé de mission égalité filles filles/garçon dans l’académie de Rouen.Dix jours plus tard, sur instruction du Directeur général de cette maison d’édition, l’ouvrage a été suspendu de diffusion et de distribution avec effet immédiat. Le terme « genre » figurant dans le titre, ainsi que la teneur de la quatrième de couverture, seraient susceptibles selon le DG, d’alimenter la polémique conduite par certaines associations à l’encontre du programme ABCD de l’égalité en cours dans le premier degré.  […]

    Un ouvrage sur le genre censuré au momen...

  3. Nov 2013
    21
    23 h 03

    […] Cet article favorable au gender, prouve, s'il le fallait, que l'"égalité hommes-femmes" ou la "lutte contre les stéréotypes" sont les nouveaux prête-noms de la théorie du genre, terme désormais banni par l'administration. Exemples dans l'Académie de Rouen : […]

    Le terme "genre" mis à l’index ? | CatInfor.com

  4. Nov 2013
    22
    19 h 26

    Il faut savoir que le succès de la théorie du genre repose tout entier sur un énorme mensonge, celui du Dr Money, psychologue et sexologue doté d’un culot phénoménal et d’un charme qui conduisait ses étudiants comme ses collègues à croire ce qu’il disait comme parole d’évangile.

    Ayant, en vue de démontrer la théorie du genre, achevé la castration d’un petit garçon né normal mais privé de son pénis par accident, et donné instruction à ses parents, gens assez frustes confits en dévotion devant lui, de l’élever en fille, il proclama pendant quarante ans que cette expérience avait totalement réussi. Dans de très nombreux articles, communications et ouvrages, il a prétendu « que les jumeaux étaient devenus, en grandissant, des enfants de sexe opposé, heureux et bien dans leur peau, [ce qui] paraissait une preuve incontestable de la prévalence de l’environnement sur la biologie dans la différentiation sexuelle. Les manuels de médecine et de sciences sociales furent récrits pour tenir compte de ce cas [1]”.

    En fait il n’en était rien. Le petit garçon avait à peine trois ans quand il fut évident aux yeux de tous les témoins (y compris le Dr Money comme en témoignent les notes personnelles qu’il a laissées) qu’il ne se sentait pas fille et que son comportement (jeux, langage, goûts vestimentaires et autres) était beaucoup plus masculin que féminin. L’ignorance où il était de son sexe chromosomique provoqua chez lui d’importantes perturbations psychologiques, mais il n’en manifesta pas moins une très vive hostilité à toutes les mesures tendant à le féminiser, administration d’œstrogènes (il fallut des mesures de coercition pour qu’il les accepte) et opérations destinées à lui façonner des imitations de vulve et de vagin. Il mit une considérable énergie à refuser celles-ci et sut convaincre son entourage de son intention de se suicider si on les lui imposait si bien qu’à quatorze ans il put reprendre une identité masculine et, au début de sa vie adulte, subir une phalloplastie qui lui permit une vie sexuelle quasi normale avec la femme, déjà mère de deux enfants – qu’il aima et éleva comme s’ils étaient siens – qu’il épousa. Malheureusement, les souffrances subies dans l’enfance avaient laissé de telles traces qu’il finit par se suicider.

    De tout cela, le Dr Money avait été averti et il était même venu voir le jeune garçon pour constater personnellement la situation et peut-être tenter une dernière fois, en vain, de le convaincre de se laisser transformer en femme. Mais il refusa toujours de l’admettre et continua, pendant des décennies, à affirmer dans ses livres, articles et communications, que l’expérience avait été un succès total et que ce succès confirmait la validité de la théorie du genre. Et il exerçait une influence telle que ce n’est que plusieurs décennies plus tard que l’échec de son expérience put être rendu public. Si bien que même aux États-Unis beaucoup de gens, y compris des médecins, des sexologues, des psychologues, continuent à croire qu’elle a été un plein succès. En France, son échec est totalement ignoré.
    La validité de la théorie du genre n’a donc pas été prouvée scientifiquement ; elle reste sans doute un outil de réflexion.

    Il est évidemment nécessaire d’éviter, à l’école comme à la maison, de créer des inégalités entre garçons et filles par une préférence injustifiée pour les uns ou les autres. Cela ne justifie pas que l’on impose aux enseignants, aux parents, aux enfants, de chercher à créer une indifférenciation sexuelle qui n’existe pas dans la nature.

    Si l’ouvrage « censuré » n’utilisait le terme de « genre » que pour se conformer aux exigences des partisans de la théorie du genre, mais que son objectif réel était d’éviter des injustices entre garçons et filles, il n’y a rien à dire.

    Mais si la suppression du mot « genre » n’est qu’une réaction hypocrite destinée à désarmer des oppositions alors que le contenu de l’ouvrage tendrait à imposer aux enfants une indifférenciation sexuelle, ce n’est pas le titre, mais l’ouvrage lui-même qui ne devrait pas être utilisé dans le monde scolaire.

    [1] John Colapinto, As nature made him, the boy who was raised as a girl (traduction par mes soins).

    P.S. Je me demande si ce commentaire sera censuré !

    Anne Lys

  5. Nov 2013
    22
    19 h 50

    @lysdefrance,
    Les fleurs de lys débarquent sur saintpierre-express ! (après avoir boycotté les magasins Super U pour leur catalogue de jouets :)
    http://www.lepoint.fr/societe/le-catalogue-de-noel-qui-dechaine-les-passions-03-11-2013-1751471_23.php
    Pour élargir un peu votre champ de réflexion scientifique et psychologique : http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2013/06/il-nexiste-pas-2-sexes-m%C3%A2le-et-femelle-mais-48.html

    Laetitia

  6. Nov 2013
    23
    18 h 28

    […] Cet article favorable au gender, prouve, s’il le fallait, que l’"égalité hommes-femmes" ou la "lutte contre les stéréotypes" sont les nouveaux prête-noms de la théorie du genre, terme désormais banni par l’administration. Exemples dans l’Académie de Rouen : […]

    LA THÉORIE DU GENRE SE FAIT DISCRÈTE POUR MIEUX SE CACHER ! | uncitoyenindigné

  7. Fév 2014
    7
    2 h 49

    […] de Hugues Demoulin, chargé de mission égalité garçons-filles dans l’académie de Rouen, et déjà rapporté par ce blog, est à cet égard saisissant. La parution de son livreDéjouer le genre – Pratiques éducatives […]

    FRANCE ENQUÊTE,Circulaires, manuels, livres: les ministères censurent le mot «genre» (Médiapart) | Nantes secteur ouest

  8. Fév 2014
    9
    12 h 27

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