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Peur des jeunes !

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Suicides, accidents, violences, émeutes… Entre “racailles” et “nettoyeurs au karsher”, entre discours sécuritaire qui stigmatise les “djeun’s” et irrespect social : le malaise grandit entre la société et ses jeunes.
“Peur des jeunes”. On peut le lire dans les 2 sens : les jeunes ont peur d’une société où ils ne trouvent pas leur place. L’autre, pire : la société a peur de sa jeunesse. Chaque fait divers est suivi d’insultes, de dépôts de plaintes, de commentaires acerbes, voire haineux, sur le net : l’agressivité remplace le dialogue et la médiation.
Et pourtant, au moment du pousse-café le dimanche, on ressasse ses souvenirs d’une jeunesse rebelle, libérée… lointaine.
Où va une société qui a peur de sa jeunesse, qui lui refuse la confiance et le respect nécessaires à la formation des adultes de demain ?
C’est paradoxal : d’un côté, la société de consommation développe le culte de la jeunesse éternelle, ce qu’on appelle le “jeunisme”. De 27 ans à 67 ans, tout le monde voudrait rester éternellement jeune, mince et plein de cheveux (mais pas blancs), l’Ipod dans l’oreille et la mèche dans le vent… Piège grossier pour consommateurs ! Miroir ensorceleur qui vous piège pour mieux vous faire taire : “Sois jeune et tais-toi !” clamaient les slogans de mai 68.
Quelle place la génération massive du baby boom laisse-t-elle aux générations suivantes ? Comme les femmes, comme les personnes issues des “minorités”, il est difficile de trouver sa place dans la société française quand on est jeune (que dire alors si l’on est une jeune femme issue des minorités ?!) Le monde du travail et le monde politique en fournissent les illustrations flagrantes.
Evidemment les aînés font valoir leur expérience. Car en période de disette, on a besoin de sauver sa peau. Les cadets, eux, sont nés avec une technologie qu’on a trop de mal à acquérir. Ils sont ambitieux. Ils ont envie de mettre à la retraite des utopies qui ont mal vieilli. Ils reprochent un bilan qu’on a du mal à maquiller. Ils ont la forme, la beauté, les rêves, la liberté rivée au coeur… mais ils n’ont que ça.
Taux de chômage record : « Au mois de février, a-t-on pu lire dans Le Monde du 24 avril 2009, 23% des jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage » , « Le chômage des jeunes augmente deux fois plus vite que celui du reste de la population », constate un document du Haut-commissariat dirigé par Martin Hirsch (Les jeunes dans la crise économique). Et que penser du “plan d’urgence en faveur des jeunes” annoncé par Nicolas Sarkozy le 24 mars, axé sur l’essor de l’apprentissage et des formations en alternance ? Est-ce ainsi qu’on leur donnera accès aux emplois qualifiés ?
Ni la “stagiarisation à vie”, la précarisation, le “smic jeune” ou autre CPE, n’apportent une quelconque réponse concrète.
Le 7 juillet dernier, Martin Hirsch, haut-commissaire à la Jeunesse, publiait son Livre Vert sur la Jeunesse, un ensemble de 57 propositions : création d’un “service public de l’orientation”, mise en place d’un tutorat dans les entreprises sous la forme d’un “couplage junior-senior”, doublement des contrats en alternance, interdiction des stages hors-cursus, création d’une “dotation autonomie” de 4.000 euros… Des mesures dont le coût, hormis celui de la dotation autonomie (1,6 milliard d’euros), n’a pas été estimé et qui n’ont été suivies d’aucun engagement de la part du gouvernement. Encore un dossier aux oubliettes ?!

Notre société a peur de ses jeunes. Les jeunes, bien sûr, ont peur de la société.
La société a simplement peur. A qui s’en prend-t-on ? A ceux qui sont destinés à nous épauler dans pas longtemps.
Mais vu comment on se comporte, je comprends qu’on ait un peu peur…

Laetitia Sanchez
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