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Maryannick Deshayes, 1ère conseillère départementale EÉLV en Normandie

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Maryannick, il n’y a jamais eu d’écologiste élu-e dans un département de Normandie. Tu es la première, et la seule élue, ici dans l’Eure.
Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
C’est le fruit d’un travail mené sur le terrain depuis 2001. Je suis fière de cette reconnaissance par les électrices et électeurs de notre canton de Pont-de-l’Arche.
Une écologiste dans une département normand, c’est une nouveauté. Cette alliance elle-même est une nouveauté.
Le mode de scrutin choisi par l’UMP et validé par le PS, ainsi que la tentation du vote « utile », ont rendu cette élection difficile pour les écologistes.
Tous les binômes écologistes ont obtenu de bons scores, malgré là encore les appels au vote « utile », des scores sans comparaison avec les sondages qui nous mettaient à 2%.
Sur le canton de Pont-de-l’Arche, avec Gaëtan Levitre pour le Front de Gauche, et moi pour EÉLV, nous avons formé un binôme gagnant, avec un programme écologiste et solidaire pour les habitants et pour le territoire, qui nous a permis d’obtenir une avance de plus de 10 points sur la liste de droite.
Justement, beaucoup d’électeurs se posent la question de l’union entre les écologistes, partisans d’une sortie complète du nucléaire, et le Front de Gauche, notamment le PCF, favorables, eux au nucléaire ?
Notre union a fait notre force. L’élection départementale est d’abord une élection locale, avec des enjeux locaux. L’UMP, le PS et le FN ont fait de cette élection une élection nationale.
Mais c’est bien autour des enjeux locaux, sur la solidarité, l’action sociale, la culture, la transition énergétique, la protection de l’environnement et de la biodiversité, que s’est joué notre élection.
Et sur un enjeu de taille et très local, l’opposition au contournement Est de Rouen, cette autoroute à péage de plus de 1 milliard d’euros qui détruirait 600 hectares de terres agricoles, terres naturelles et forêts, nous sommes en accord.
Nous connaissons les dangers que représente cette autoroute. Pour les collectivités locales amenées à contribuer au financement, puis à payer des subventions d’équilibre supplémentaires pour rendre l’autoroute moins difficiles pour leurs habitants, pour les contribuables qui devront financer l’autoroutes avec leurs impôts, pour les usagers au quotidien de l’Eure, de la CASE, de la vallée de l’Andelle et des plateaux Est qui vont perdre l’accès facile et gratuit à la métropole, pour les habitants qui verront leurs paysages, leurs modes de vie et leur santé dégradés par un flot incessant de camions en transit dans un vacarme permanent en les exposant à la pollution et aux risques de cancers.
Les élus départementaux locaux ont bien compris le rejet de projet par la population, et ce sont des candidats qui se sont déclarés contre ce projet autoroutier qui ont été élus.
Ceux qui n’ont pas voulu se positionner n’ont pas été élus.
Pour ce qui est du nucléaire, les écologistes sont en opposition avec le PCF, mais aussi avec l’UMP, le PS et les autres partis.
Avec la catastrophe de Tchernobyl, c’est la technologie nucléaire russe qui avait été mise en cause.
Avec Fukushima, c’est le principe même de la sécurité nucléaire qui a été remis en cause.
Le projet français d’EPR, sensé apporter un surplus de sécurité, se révèle un fiasco industriel et commercial qui ruine la France.
L’EPR de Flamanville est estimé à 8,5 milliards €, le triple du prix prévu. Nous accumulons incidents, reports, accidents, surcoûts…
C’est aujourd’hui une « anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve », que révèle Areva à l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), mettant en cause la capacité de l’acier à résister à la propagation de fissures.
Cette anomalie concernerait autant Flamanville que les cuves des EPR vendues à la Chine.
Déjà, la Grande-Bretagne semble renoncer à l’EPR, trop cher ; l’EPR Finlandais va nous coûter des milliards d’euros ; et même la survie d’Areva, avec les compétences dont nous avons besoin pour le démantèlement de nos vieilles centrales, est aujourd’hui en cause. 4500 emplois sont en jeu en France aujourd’hui pour Areva.
Le prix de l’énergie EPR est bien trop cher, sans commune mesure celui de l’éolien ou du photovoltaïque. Ces derniers sont les filières d’avenir, et des filières d’emplois locaux.
Comme l’est l’isolation des bâtiments : l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas.
La sécurité des habitants et des territoires est une obligation pour les élu-es responsables.
Le débat reste ouvert avec les autres partis et nos partenaires. On peut constater l’excellence de l’ingénierie française, mais il faut aussi reconnaître l’échec industriel, et l’impasse technologique de la filière en matière de sécurité, de maîtrise des coûts et de gestion des déchets.
Cependant, nous sommes d’accord avec Gaëtan pour dire que nous devons lutter contre la précarité énergétique. Les citoyen-nes ne doivent plus choisir entre se chauffer et manger.
Il faut isoler les habitations les plus énergivores.
Nous sommes d’accord pour dire ensemble que nous devons lutter de toutes nos forces contre le réchauffement climatique. C’est une question qui doit toujours rester au cœur de nos préoccupations, dans toutes nos décisions et nos investissements.
L’urgence reste aujourd’hui l’action sociale, une compétence obligatoire pour le département. L’éducation, l’insertion, l’accès à l’emploi, le logement, la mobilité, la santé, la qualité de vie, ça ne se décrète pas. Ça se construit au jour le jour.
Nous serons là, élu-es, pour aider au maximum les personnes, surtout celles qui en ont le plus besoin, à y avoir accès.
Comment allez-vous vous y prendre pour changer la vie des gens, et combien de temps ça va prendre ?
… Il ne t‘échappera pas que nous nous trouvons dorénavant dans l’opposition. Et qu’on agit forcément moins vite lorsqu’on se trouve dans l’opposition.
Mais les projets que nous portons, à gauche et chez les écologistes sont si importants pour l’avenir que nous en débattront avec les autres élu-es, de droite comme de gauche, pour le bien du département, et surtout des habitants.
Combien de temps ? Le temps pour nous de convaincre la majorité aujourd’hui à droite de conduire une politique plus égalitaire.
Le vote front national est calqué sur la carte des inégalités, sociales et territoriales. La réponse à la montée du FN n’est pas l’invective ou l’injonction, mais la réduction des inégalités.
Et de construire des nouvelles politiques pour produire plus localement, créer des économies par les économies d’énergie, transformer nos territoires en territoires à énergie positive, et essayer de mieux vivre ensemble, tous, en n’oubliant personne.
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Des regrets pour cette campagne ?
Non. Au contraire, j’ai appris à rencontrer des militants du Front de Gauche et du PCF. Nous avons de nombreuses choses à partager, surtout au niveau local. J’ai rencontré beaucoup d’humanité avec mes partenaires, Gaëtan, Arnaud, Bruno et tous les autres.
J’ai été très heureuse du soutien des copains écologistes pour le second tour. Merci d’abord à Gilles Fraudin, une cheville ouvrière de ma campagne, merci à toi, à Jean-Michel Bérégovoy, Stéphane Martot, Laetitia Sanchez, Jérôme Bourlet, Alexis Fraisse, et aussi Henri Bonnot et Hervé Membrado pour être venus nous épauler pour cette dernière semaine très active.
Ça a bien collé entre nous tous, et entre nous et les citoyens, ce qui a permis notre élection.
Et ça a permis de nous rencontrer et de débattre. Qui a convaincu qui, sur quoi ? Nous le verrons dans les temps à venir.
Un regret, oui, j’en ai un : je suis la seule élue écologiste dans la région, alors que nous représentons énormément d’électeurs.
Le mode de scrutin doit changer, et s’ouvrir à la proportionnelle et à la participation citoyenne. Sinon, la vie politique sera de plus en plus rude et déconnectée des aspirations des gens.
On fait avec ce qu’on a, ce n’est pas beaucoup, et la responsabilité tombe sur mes épaules pour l’écologie. C’est lourd, je compte sur tous les copains, camarades, partenaires et citoyens pour y arriver.
Et les citoyen-nes peuvent compter sur nous pour les aider de toutes nos forces.
Comment ton installation au Conseil départemental s’est-elle déroulée ?
Je suis arrivée dans une maison que je ne connaissais pas, dans une ambiance assez froide.
Il n’a pas été possible de rejoindre un groupe socialiste, qui d’ailleurs est lui-même divisé en deux groupes.
Nous avons créé un groupe CEC (communiste, écologiste et citoyen) composé de 4 élu-es, 2 communistes, une écologiste et un citoyen.
Appartenir à ce groupe nous donne les moyens de travailler, et de nous rendre disponibles, avec la mise à disposition d’un bureau.
Je ne participe pas à la Commission permanente, je le regrette, ni à la commission des appels d’offres. J’espère néanmoins pouvoir faire partie de la commission développement durable.
Une dernière question d’actualité : on parle de scission chez EÉLV
A peine élue au Conseil départemental sous l’étiquette EÉLV, j’apprends par des parlementaires qui souhaitent rentrer au gouvernement que le parti serait en mort clinique, et un canard sans tête qui a perdu tout son sang ! Pourtant je le vois bouger au travers de ses militants qui agissent et interagissent avec la galaxie associative, civile et citoyenne pour défendre l’environnement et les valeurs écologistes.
Les valeurs et les idées que nous défendons sont plus que jamais d’actualité. Plus longtemps nous restons dans l’impasse, moins de temps nous aurons pour réaliser la transition écologique dont nous avons besoin.
Ne cédons pas à la tentation de la nostalgie politique, des grands projets inutiles imposés dont certains rêvaient au 20ème siècle, ou bien de gaz de schistes écologiques qui n’existent pas, et construisons un monde possible pour les générations futures, dans un climat serein.
Nous avons 2 rendez-vous à la fin de l’année : la COP21 qui décidera de l’avenir du climat dans le monde, et les régionales. Nous devons gagner les deux. Nous devons réussir à convaincre tout le monde qu’agir contre le dérèglement est une question de survie, et être présents au second tour des régionales, pour pouvoir porter la transition à la région.
C’est en étant présente au 2nd tour, grâce à un accord local, que j’ai été élue conseillère départementale.
Il nous faut réfléchir collectivement au meilleur moyen d’assurer cette présence au 2nd tour des régionales pour pouvoir agir pour la région.

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