Accueil > écologie > Audition du Préfet et des services de l’État sur la catastrophe Lubrizol à la Région Normandie
Le groupe écologiste a sollicité une audition de la Préfecture afin de faire un point d’informations. Comme le souligne Hervé Morin, la parole politique a perdu toute crédibilité auprès du public avec le suivi de cet événement.
Ce point préfectoral, accompagné du point de la Dreal et des services de l’État (ARS, DDPP 76, SDIS, Direccte) sur la situation de la métropole après la catastrophe, permettront-ils de recouvrer la crédibilité perdue de la parole publique ?
L’usine Lubrizol, usine Seveso seuil haut, et des entrepôts de Normandie Logistique, qui contenaient 4157 tonnes de produits en provenance de Lubrizol, ont pris feu en plein cœur de l’agglomération rouennaise, déclenchant un panache de 6,5 km de large sur 22 km de long. Que contenaient les entrepôts Lubrizol et Normandie Logistique qui ont brûlé ? Quels substances ont été relâchées ? Quels sont leurs effets, et les effets cocktail ?
Quels sont les risques pour la population et l’environnement ? Quel sera le suivi sanitaire ? Quels risques représentent à l’avenir les entreprises Seveso en cœur de ville – alors que l’usine, déjà placée en seuil haut, a déjà connu plusieurs accidents ?
Un écoquartier devait être construit à proximité de l’usine Lubrisol. L’usine, qui a connu l’accident, sera-t-elle reconstruite ? L’écoquartier sera-t-il effectivement implanté à côté des usines Seveso ?
L’usine, classée ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement), était soumise à la règlementation la plus élevée en matière de sécurité et de surveillance (hors sites nucléaires).
Cependant, la législation s’est considérablement allégée ces dernières années :
II.-Le IV de l’article L. 122-1 du code de l’environnement est complété par un alinéa ainsi rédigé :
loi pour un État au service d’une société de confiance, article 62 (extrait)
« Toutefois, lorsque le projet consiste en une modification ou une extension d’activités, installations, ouvrages ou travaux qui relèvent des autorisations prévues aux articles L. 181-1, L. 512-7, L. 555-1 et L. 593-7, le maître d’ouvrage saisit de ce dossier l’autorité mentionnée à l’article L. 171-8. Cette autorité détermine si cette modification ou cette extension doit être soumise à évaluation environnementale. »
De fait, Lubrizol a présenté deux demandes d’augmentation de quantités de substances stockées sur le site :
Contrairement à la première demande consistant en une régularisation, cette deuxième prévoyait une phase de travaux incluant notamment la démolition d’un bâtiment amianté et plombé. La motivation de Lubrizol était de réduire les coûts liés au stockage des containers jusque-là réalisé sur le port du Havre puis dans une entreprise de stockage. Là aussi, la préfecture n’est pas en mesure de dire si ces travaux avaient déjà été mis en œuvre par l’exploitant avant l’accident.
actu-environnement.com
Ainsi que le précise actu-environnement : “Chacune des deux décisions préfectorales prend soin de préciser que l’établissement relève déjà du seuil haut de la directive Seveso et que les augmentations de capacités ne conduisent pas à de nouveaux franchissements de seuils de la directive, qui auraient donné lieu à une nouvelle autorisation. Pourtant, si l’on cumule les capacités des deux augmentations successives, on parvient à des quantités supérieures au seuil haut des deux rubriques contribuant au classement Seveso.”
L’autorité (le Préfet) a déterminé que cette extension ne nécessitait pas d’être soumise à évaluation environnementale, et l’accident industriel a eu lieu.
L’incendie s’est déclaré le 26 septembre 2019. Deux jours après l’accident, le Préfet, Pierre-André Durand, déclarait : « Nous sommes dans un état habituel de la qualité de l’air à Rouen. »
L’enquête en flagrance a été clôturée le 28 octobre, mais n’a pas permis de déterminer la cause de l’incendie, ni son origine.
Une information judiciaire contre X a été ouverte par le parquet de Paris, avec 7 chefs d’accusation :
Lubrizol constitue une manne pour la métropole, que le Poulpe évalue à 11 millions € / an, dont 3 millions d’euros pour la métropole.
L’entreprise pèse lourd : un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros, dont 75 % à l’export.
D’autre part, Lubrizol emploie 416 personnes, dont l’immense majorité n’est pas responsable de la politique de l’entreprise, ni de son implantation dans la ville. Ils font le boulot qu’on leur demande, un métier à risque, comme on le constate. Ils ont été présents tout au long de la crise. 206 emplois supplémentaires sont liés à la sous-traitance.
Mais doit-on choisir l’emploi et les retombées fiscales de la CVAE et de la CFE au prix du risque encouru par la population, dans une opacité et un manque de contrôle qui ont stupéfié la population ?
Pour beaucoup, en premier le PDG de Lubrizol, il faut une réouverture rapide. Le gouvernement prône un temps de latence plus important, peut-être en attendant que la pression soit redescendue au sein de la population.
La plupart des groupes politiques de la Région Normandie (hormis les écologistes) prônent la réouverture ici, sur le site Seveso seuil haut en ville, pour l’emploi, pour les retombées économiques, pour le développement.
La victime collatérale de la catastrophe industrielle et environnementale est le quartier Flaubert. Le choix est simple pour les conseillers régionaux de droite ou d’extrême droite : il faut rouvrir l’usine, mais vu le risque, il faut tirer un trait sur ce que les uns appellent “un projet stupide”, et qui est pour les autres trop risqué car trop proche de l’usine Seveso. Il faut donc se préparer à un nouvel accident…
Faute d’informations collectées le jour de la catastrophe, il sera difficile, sinon impossible, d’établir une relation de cause à effet pour les pathologies qui pourraient advenir pour les habitants qui ont respiré les substances chimiques, ou ont été exposés à l’amiante et à la dioxine lors de l’incendie de Lubrizol.
La demande d’information de la population a conduit le premier Ministre, Édouard Philippe, à annoncer une transparence totale sur l’accident.
À ce titre, à la demande du groupe écologiste, le Préfet Pierre-André Durand et les services de l’État (Dreal, ARS, SDIS, Direccte, DDPP) sont auditionnés et questionnés par les conseillers régionaux.
La présidence a organisé une visite à la mairie de Rouen, et une déambulation “impromptue” dans les rues de Rouen.
Outre la promesse d’un événement international dans la ville en 2020,il a tenu a rappeler que l’État n’a pas commis de défaillance.
Les services de l’État ont agi avec compétence, avec beaucoup de sang-froid, beaucoup de professionnalisme. Les services de l’État ont agi avec compétence, avec beaucoup de sang-froid, beaucoup de professionnalisme.
De là où je suis, je n’ai pas vu de défaillance, au contraire.[…] Faites-moi confiance, on va faire le suivi. On doit regarder ce qu’on améliore et on doit penser à l’avenir.
Emmanuel Macron
Le président évoque la gestion de crise, pas la loi de simplification, ni les contrôles et le suivi de l’entreprise et de ses sous-traitants avant la catastrophe. Chapeau bas, Messieurs les pompiers.
Outre les remerciements adressés au groupe écologiste pour avoir initié cette audition, le président de Région, Hervé Morin, tire des leçons de cet incendie :
En question préliminaire au débat, Hervé Morin pose la question de l’urbanisme et de l’avenir du quartier Flaubert. Sans poser la question de la sécurité des habitants qui habitent déjà sur place, et tout d’abord des foyers qui habitent le Petit-Quevilly. Les habitations les plus proches sont à 30 mètres de l’usine, mais c’est tout le nord de Petit-Quevilly qui se trouve très urbanisé. Rouen a été une ville basée sur le textile au 19ème s. Puis dès le 20ème s. elle s’est industrialisée, a connu la sidérurgie, la chimie…
La société Éclair Prestyl, un fleuron du textile installé depuis 1924 à Petit-Quevilly, comptait encore jusqu’à 1000 employés dans les années 70.
Les employés qui y travaillaient habitaient aussi à proximité de l’entreprise. Après la reconstruction, la rive gauche s’est densifiée, et étendue jusqu’à Grand-Quevilly, Petit-Couronne, le Château Blanc à Saint-Étienne du Rouvray. Lorsque Lubrizol s’est installée en 1953, Rouen était une ville sans voiture, ou presque. Le développement industriel était rendu possible par l’énorme infrastructure ferroviaire rive gauche. Les quartiers populaires, ouvriers, se sont développés, les équipements (écoles, centres sportifs, églises, magasins et coopératives) ont permis aux habitants de ces quartiers populaires de créer un bassin de vie riche, autonome, et aujourd’hui encore on y vit.
La culture du risque industriel était très peu présente : on reconstruisait après la guerre qui a ravagé la ville, on développait l’économie, la ville était moderne.
Aujourd’hui, on va au travail en voiture. Mais le Petit-Quevilly est toujours habité, densément, et le risque industriel est plus que jamais présent, avec 10 Seveso sur la rive gauche. L’incendie monstrueux de Lubrizol ne fait que montrer ce risque pour la population environnante. Les premières habitations ne sont qu’à 30 mètres de l’usine Lubrizol, mais l’essentiel des habitations se situe à 250 m, la première école à 500 m.
Et l’incendie, rapidement circonscrit par les sapeurs-pompiers – qu’on ne remerciera jamais assez pour leur actes et leur bravoure -, met en question le modèle urbain de Rouen.
Grâce à eux, nous sommes passés à côté du pire : seuls 10% de l’installation a brûlé, que serait-il advenu dans d’autres circonstances ?
Si le président de Région remet en cause “l’écoquartier”, qui se situerait à 300 m de l’usine, qu’en est-il de toutes ces habitations qui sont plus proches encore, et comment protéger la population en cas d’accident plus grave ?
Faut-il raser les habitations et éloigner la population pour la mettre à l’abri d’un nouvel accident ? Les envoyer à la campagne, pour revenir travailler en ville en voiture ? Faut-il favoriser l’étalement urbain, ou bien densifier la ville ?
Le groupe Normandie conquérante semble bien faire le choix de conserver en ville l’installation Seveso (qui rapporte beaucoup et emploie 720 personnes), de mieux équiper les professionnels, d’inculquer la culture du risque et des bons réflexes auprès de la population en cas de nouvel accident, et d’interdire tout nouvelle implantation de population : le quartier Flaubert.
Sans résoudre la problématique de la population du Petit-Quevilly.
Rouen est-elle une ville pour habiter, ou bien une ville pour produire, une ville Seveso ? On déplace Lubrizol, ou l’on déplace les populations ?
La ligne stratégique fixée a été d’éviter l’effet domino : que l’incendie se propage aux 9 autres sites Seveso (seuil haut) environnants (ce qui eût été une catastrophe sans précédent).
La première analyse a été de vérifier s’il s’agissait d’émanations d’hydrocarbure, ou d’émanations létales ou irréversibles dans les minutes ou heures qui suivent. La préfecture s’est dite rassurée rapidement.
“L’angle d’attaque n’était pas le sujet du nuage, c’était le sujet de l’incendie”, dit le Préfet. “L’incendie était monstrueux.”
“L’incendie a été éteint en 12 h, avec zéro mort, zéro blessé, et il n’y a pas eu d’immeuble détruit comme cela a pu se produire dans d’autres catastrophes” (AZF, NdR).
Le Préfet a choisi de ne pas déclencher les 31 sirènes pendant l’incendie, préférant déclencher les 2 sirènes à proximité du site à 8h30 le matin, au moment où les gens partent travailler.
L’outil de communication est daté, et il devra s’adapter dans les années à venir (messages sur les téléphones portables, pour ceux qui ont un portable et les lisent la nuit, NdR).
Par précaution, les produits agricoles ont été interdits, le temps de faire des analyses qui se sont révélées satisfaisantes.
L’entreprise Lubrizol a indiqué au Comité de transparence qu’elle prendrait ses responsabilités sur l’indemnisation des agriculteurs (mais la Région fera l’avance de cette indemnisation), ainsi que l’ensemble des dégâts qu’elle a causés.
Pierre-André Durand explique que toute la sphère publique devra remonter les données sur les dégâts qu’ils auraient subis et leurs coûts (nettoyage à grande eau en régie directe ; nettoyage compliqué, avec facture et causalité bien établie, afin de tenter d’obtenir ce remboursement de Lubrizol ; repas scolaires commandés et non consommés…).
Pour les agriculteurs, un fonds national abondé par Lubrizol viendra indemniser les 15 jours de pertes d’exploitation.
Les analyses sur l’air, l’eau et les suies se révèlent satisfaisantes, selon le Préfet.
Sur les produits agricoles, les résultats sont également satisfaisants, nous dit le Préfet.
Il y a de telles rumeurs, et des inquiétudes légitimes, nous dit le préfet, qu’il faut “objectiver”.
Lubrizol devra assumer ses responsabilités, mais Lubrizol ne pourra assumer des conséquences liées à d’autres événements, type “gilets jaunes”.
Le Préfet a eu des échanges avec des associations de commerçants et la Chambre de commerce.
Lubrizol s’est engagée à assumer les conséquences financières envers les services publics, les agriculteurs et les PME.
Pour les particuliers, le numéro vert est censé traiter les opérations de nettoyage par le passage d’une entreprise au frais de Lubrizol. Celui-ci n’a pas fonctionné au départ, mais est censé être fonctionnel à présent.
Sur la santé, une cellule d’accompagnement psychologique a été mise en place, mais a été arrêtée au bout de quelques jours, faute de demande.
Enfin, un suivi épidémiologique a été mis en place. Selon le Préfet, il faut tirer les conséquences de l’accident très incommodant du mercaptan de 2013 : un Comité de suivi sera mis en place, qui se réunira au début de façon soutenue, puis plus espacée dans le temps.
Pour la population, un simple numéro vert, dont l’enquête d’Envoyé Spécial semble démontrer malheureusement qu’il a trouvé très rapidement ses limites. Vous pouvez écouter sur Tendance Ouest l’appel à ce numéro, qui n’est pas de nature à rassurer selon le journal.
Le Préfet ne dit pas un mot sur l’augmentation de la capacité de stockage autorisée par deux fois par la préfecture, ni sur le fait que 4157 tonnes de matières premières et de produits finis en provenance de Lubrizol étaient stockées dans un entrepôt voisin de Normandie Logistique, entreprise non classée ICPE.
Pas un mot non plus sur les contrôles qui auraient pu être faits par les services de l’État, suite à cette augmentation de capacité de stockage de produits dangereux.
Pas d’explication sur le fait que Normandie Logistique ait pu stocker des futs de matières premières de Lubrizol, alors que celle-ci n’est pas classée ICPE. 1691 tonnes y auraient brûlé sur les 4157 tonnes stockées. Y a-t-il eu contrôle des installations ?
Un article du Monde interroge sur une étude de 2010 sur la sécurité, qui pointait les lacunes alarmantes des sous-traitants.
On y lit que “Lubrizol assure se « conformer à toutes les normes applicables » et que ses employés sont « formés aux risques de sécurité ». Et à l’instar des sept autres établissements Seveso implantés près de Rouen, la firme américaine a recours à des sous-traitants.“
« Nous travaillons avec nos sous-traitants afin de nous assurer qu’ils mettent en œuvre des politiques de sécurité équivalentes », indique Lubrizol.
Le Monde a interrogé un inspecteur du travail, syndicaliste CGT : “Ces dernières années, nous avons maintes fois alerté le ministère du travail et la préfecture des risques d’un nouvel AZF sur des sites Seveso de la région. Depuis 2012, nous avons multiplié les courriers sur la base des constats réalisés par les agents de l’inspection de Seine-Maritime démontrant des violations des règles de sécurité par les industriels dans le secteur de la pétrochimie. […] Malgré nos préconisations très claires, ce que nous constatons depuis 2010 au niveau du comité régional d’orientation des conditions de travail, c’est que rien n’a été fait, ni par l’administration ni par les entreprises, pour renforcer la formation des sous-traitants.”
Vous pouvez lire le billet sur le site contournement-est.fr.
Ce qu’on en retient :
Voilà qui est là pour rassurer la population : il n’y a pas eu de pollution, qui est assimilable au “bruit de fond”. A part deux points de benzène à proximité des usines.
Le seul pic de pollution serait dû à l’absence de contournement Est de Rouen, dont la Dreal est Maître d’ouvrage. Bref, tout est normal, selon le directeur de la Dreal.
Et la responsabilité de l’État ? Une autorisation d’extension a été autorisée sans nouvelle évaluation environnementale. “je pense que la décision qui a été prise était normale et proportionnée”, dit Patrick Berg. “Les textes le permettant, naturellement”, ajoute le Préfet Pierre-André Durand.
Le site Lubrizol est extrêmement connu parce que les Seveso seuil haut sont extrêmement connus de l’Inspection des installations classées, et pour un site qui a connu un accident déjà important en 2013, je vous garantis que la Dreal le connaît très bien.
Je pense que ces textes ont raison de confier la responsabilité de la sécurité aux exploitants. A un moment donné, c’est leur affaire, la sécurité ! Nous assurons une mission d’inspection et de contrôle, qui est placée sous l’autorité du Préfet de la Seine-Maritime, et de la Ministre de la transition écologique et solidaire. C’est à l’exploitant de maîtriser les risques. Voilà.
Patrick Berg, directeur de la Dreal
Mais les contrôles de la Dreal et inspections de l’Autorité environnementale ne sont-ils pas là pour assurer à la population la sécurité maximum, surtout pour des sites Seveso en zone urbaine ?
N’est-ce pas l’affaire de l’État que de garantir la sécurité des citoyens ?
Quels ont été les dysfonctionnements, leur analyse, et les solutions que la Préfecture envisage pour assurer une meilleure protection de la population à l’avenir ?
L’industrie chimique, fleuron du développement économique de la Seine-Maritime a été la fierté de Rouen et de ses habitants. Elle a fait vivre, et fait vivre encore, des milliers de familles. Mais les Rouennais sont passés du rêve au cauchemar. En cas d’accident, on établit un arbre des causes. Selon les protagonistes, le point de départ, la “racine”, n’est pas le même. Il faut remonter au début du détricotage de la loi, sous le gouvernement de la présidence Sarkozy, auquel appartenait M. Morin ; continué par le gouvernement actuel (voir plus haut). Ce détricotage a permis d’obtenir par deux fois l’extension sans inspection environnementale.
Lubrizol a su rester dans la légalité, apparemment, en procédant à cette extension en deux temps.
Est-ce que ces deux demandes d’augmentation de capacité de stockage ont permis une augmentation qui n’a pas été maîtrisée ?
L’entreprise voisine Normandie Logistique stockait des milliers de tonnes de matières premières et produits Lubrizol sans être classée ICPE. Si les textes actuels permettent de telles situation, il doivent être revus, et pour le moins, les visites de la Dreal auraient dû alerter, et aboutir à un renforcement des moyens de protection.
A quand remonte la dernière inspection de la Dreal ? De quels moyens humains disposons-nous en Normandie pour surveiller nos installations classées ?
La gestion de la crise a montré ses limites. Il ne reste plus qu’à affronter les conséquences sanitaires et environnementales de ce dramatique accident.
L’Anses et l’Ineris vont se lancer dans des campagnes faramineuses de mesures de composés chimiques. Mais nous n’avons pas à ce jour la liste exacte des composés chimiques (qui ont brulé NdR). Notamment ceux de la société Normandie Logistique.
Quand bien même, que savons-nous de l’effet de ces composés lorsqu’ils sont brûlés, et mélangés ? La toxicologie du 21ème siècle est celle des effets cocktails et des exposomes, celle des perturbateurs endocriniens pour lesquels la dose ne fait pas l’effet.
Il est certain qu’elle a eu lieu, cette exposition. Et sans doute persiste-t-elle pour certains d’entre eux. 600 000 personnes peuvent en témoigner et vous le rappeler le temps venu.
La nécessaire transparence dont il est question, ce sera bien hélas le suivi de l’état de santé des populations et de l’environnement une fois la catastrophe advenue. Puisque la prévention a failli.
C’est pourquoi le groupe écologiste fait les demandes suivantes, dont certaines vous ont déjà été faites par les élus de la métropole rouennaise et par les associations de la fédération France Nature Environnement.
Sur le plan sanitaire :
Sur le plan juridique :
Puisse cette histoire régionale collective abolir définitivement l’idée que l’écologie bride l’économie d’une société, mais bien plutôt qu’elle la protège.
Les propos rassurants du Préfet et des services de l’État peinent à masquer qu’il s’agit là d’une catastrophe technologique. L’objectif était de rassurer la population, mais a rendu ces propos plus obscurs.
L’élu remercie les services, notamment les pompiers, dont il convient de saluer le courage et l’abnégation (dans un tel braiser, comment être sûr que tout ne va pas péter ?).
Le groupe salue l’importance de toutes celles et ceux qui œuvrent pour les services de secours : pompiers, policiers, services hospitaliers, agents de l’Éducation nationale, de la DDTM, de la Dreal, de l’ARS, les agents communaux, et autres. Il ne faut donc pas réduire le nombre d’agents du service public.
De trop nombreux maires ont fait part de dysfonctionnements des systèmes d’alerte, d’information et de communication. Ils n’ont pas pu répondre à leurs administrés. Et les mesures différentes selon les communes, faute de préconisations de la part des services de l’État.
Les administrés souhaitent connaître l’état de l’air qui a été respiré. Qu’en est-il de l’enquête contradictoire réclamée par le maire de Rouen ? A Préaux, on a décelé un taux de dioxine 4x supérieur à la normale.
L’avenir du site est remis en cause par certains, sans prendre en compte les milliers de salariés de Lubrizol (416, NdR) et des entreprises sous-traitantes (Vincent Laudat, président de la CCI de Rouen, alerte sur la question primordiale des sous-traitants de Lubrizol, 300 salariés dans le bassin d’emploi de Rouen, source : Les Echos, 206 selon la Direccte, soit au total 622 emplois pour Lubrizol, ses fournisseurs et sous-traitants).
Pour l’élu, il faut éviter la délocalisation vers des pays où les normes environnementales sont dégradées, voire ignorées.
NdR : oui, les emplois, oui à la responsabilité de la production : mais quid face au risque encouru par la population, à la baisse de la sécurité, et à la gestion du risque par les sous-traitants ?
Fort heureusement, il n’y a pas eu de victimes directes, l’incendie a été circonscrit avant que la production ne soit atteinte. Les conséquences auraient été irréparables.
Alors, on fait un choix bénéfices-pertes. Il y a les emplois, il y a le risque, il y a les rentrées fiscales, il y a 10 usines Seveso seuil haut en cœur d’agglomération. Et Lubrizol a connu plusieurs accidents avant cette catastrophe.
Une catastrophe de plus dans l’agglomération, et il en sera fini de l’attractivité et de l’emploi dans la métropole.
De vives questions face à une catastrophe industrielle, économique, environnementale et sanitaire. L’odeur, la fuite des habitants, et une information non maîtrisée, c’est le bilan des premiers jours de la catastrophe.
25% de la surface utile agricole du département est impactée par l’interdiction préfectorale.
Depuis 15 jours, l’élu parcourt les campagnes et ne voit que des paysans à bout, sans réponses. 700.000 litres de lait sont jetés chaque jour et les marchés sont vides. Une perte financière sans précédent.
Il comprend la nécessité du principe de précaution, et attend les résultats “définitifs” des analyses du sol et de l’air.
Il faut redorer l’image abimée de la Région, et de ses produits agricoles.
Le site de Lubrizol est un bel outil industriel, il ne faudrait pas que le débat légitime sur l’incendie et ses conséquences ne se transforme en procès de l’industrie.
Lubrizol s’est montré très défaillant dans sa communication, et flou dans le fait d’assumer ses responsabilités.
S’il y a eu défaillance dans les services de l’État, il n’y en n’a pas eu de la part des services de secours, et dans la manière dont a été traité l’incendie.
La question tabou est celle de l’origine du sinistre. Pour l’élu, elle est extérieure au site de Lubrizol, mais il faut savoir si c’est une origine accidentelle ou criminelle. Si c’est accidentel, il faut en trouver la source, si c’est criminel, il faut s’inquiéter pour les conséquences à venir.
La deuxième question est celle de la pollution. De l’air, de l’eau et des sols. Les informations ne sont pas assez précises sur la toxicité. Il y a défaillance de la communication.
Il faudra indemniser les agriculteurs d’abord, mais aussi les commerçants.
Lorsque les entreprises se sont installées, il y avait une faible population rive gauche (?), aujourd’hui la population vit à côté des usines Seveso.
Le risque est que cette pollution majeure tombe dans l’oubli, une actualité chassant l’autre, et qu’il n’y ait pas un suivi de long terme.
La communication du Préfet a été volontairement rassurante, ce qui a évité un effet de panique. Mais il ne faut pas que cette communication contrevienne à l’exigence de vérité.
Il faut à l’avenir une communication directe, par messages électroniques, envers les habitants afin qu’ils puissent évaluer les risques.
Les réponses de la préfecture sont parcellaires, souvent lacunaires, il appartient au Préfet de corriger cette communication pour que les Normands et les Rouennais ne se sentent pas méprisés, dans les risques qu’ils ont subis, ou risquent de subir dans les prochaines années.
Le point de vue du RN, qui évoque l’hypothèse criminelle – pour ne pas dire terroriste – n’est pas à prendre à la légère en matière sécurité des installations classées. Comme le disait le Préfet, l’urgence n’était pas l’analyse de l’air dans les premières heures, mais la lutte contre l’incendie, afin d’éviter l’effet domino qui eût été autrement catastrophique et incontrôlable.
La proximité des 10 installations classées entre elles fait partie du risque en cas d’accident. Ici, on évoque la possibilité d’un incendie qui aurait débuté à l’extérieur, et qui se serait propagé dans l’enceinte Lubrizol. Toutes ces usines Seveso doivent avoir un niveau de sécurité renforcé dans le cadre de la lutte anti-terrorisme.
Mais qu’en est-il des installations des sous-traitants, et notamment des lieux d’entreposage ? Il ne s’agit pas de faire le procès de l’industrie en général, mais de poser la question de la sécurité de centaines de milliers d’habitants. On ne peut que constater le refus du risque imposé à une population qui croyait de bon aloi que tout était en sécurité. L’accident du mercaptan, puis cet incendie lui montre que l’accident industriel majeur est possible. La preuve, il vient d’arriver. Il peut donc se reproduire.
Merci aux soldats du feu d’avoir courageusement circonscrit celui-ci, sans même savoir à quels composés chimiques ils s’attaquaient. Ils ont protégé la population au péril de leurs vies.
Mais l’implantation d’un tel complexe industriel basé sur la chimie en ville ne peut que poser question, face au rejet de la population.
Quel niveau de sécurité, quel niveau d’inspection pour chaque installation classée et pour les entrepôts ? Le directeur de la Dreal nous explique que la sécurité, c’est l’affaire de l’exploitant, et non de l’État. Mais nous constatons qu’il y a eu faillite de la sécurité, et mise en danger des citoyens. L’État, c’est nous, femmes, hommes et enfants. Et nous ne déléguons pas notre sécurité à un industriel, mais aux services de l’État. Avec les moyens de contrôle, d’action et la transparence qui nous sont dus.
“La peur de l’enchaînement tragique du petit matin, la marée noire terrestre, la peur des effets sanitaires de moyen et long termes sont le prix extravagant d’un développement industriel irréfléchi et non maîtrisé, auquel tout le reste a été, sinon sacrifié, au moins subordonné.”
Les responsabilités ne sont pas partagées entre ceux qui décident et imposent, et ceux qui subissent.
“Nous avons tous été biberonnés, et adhéré, même peu ou prou, à ce modèle industriel, qui est aussi un modèle industrieux, un modèle créateur de richesse économique. Ce douloureux moment intervient à un point de bascule. Le moment où nous sentons qu’il nous revient de décider, que ce modèle a fait son temps, qu’il faut collectivement assumer la responsabilité d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire sociale et industrielle de notre agglomération, de notre département.”
Il reste à inventer la toxicologie du 21ème siècle, comme l’a dit Caroline Amiel, il y a une exigence de soins. Malgré l’exercice de langue de bois du directeur de la Dreal, on ne peut que constater le détricotage des réglementations protectrices, l’ignorance des produits auxquels la population a été exposée, la méconnaissance des effets cocktail.
il faut réinventer la culture de la sécurité dont on voit qu’elle a été inexistante. L’engagement admirable des pompiers nous a sauvé du pire, mais on ne peut que constater l’impréparation générale face à cette catastrophe qui était annoncée.
L’autre enjeu, c’est celui de la réparation :
Il ne serait pas superflu d’engager massivement la réparation des milieux naturels qui ont été impactés par la catastrophe. Et aussi, depuis des décennies par un modèle consommateur de foncier et de ressources : renaturer les espaces publics, comme les jardins privés pollués, reboiser et replanter des haies dans les espaces dépourvus en Seine-Maritime et dans l’Eure, afin de rendre l’atmosphère durablement plus respirable.
L’élue comprend les dysfonctionnements en débuts de crise, mais pas que ceux-ci persistent dans le temps.
Elle regrette que 3 ministres soient passés, sans apporter le moindre centime d’aide de l’État. Les collectivités prennent leur part, mais il est incompréhensible que l’État n’annonce pas un geste plus précis.
“On ne peut pas inscrire le principe de précaution et ne pas en tirer toutes les conséquences concrètes.” Elle veut la vérité sur la totalité des produits stockés chez Normandie Logistique.
La sénatrice évoque longuement le rôle des maires, qui ont manqué d’information. Elle considère qu’on a besoin d’un État fort, avec des services efficaces et une législation protectrice.
A la faveur de la suppression des CHSCT, avec leur savoir-faire et leur expertise, à la faveur d’assouplissement ou de simplification qui font reculer le droit de l’environnement et des protections, à la faveur aussi du droit des affaires, qui fait en sorte que la puissance publique ait de moins en moins de droit de regard dans les entreprises, nous voyons que nous sommes de moins en moins protégés. [Elle] pense qu’il faut revenir sur ces sujets, que c’est d’ailleurs la condition pour que nous puissions préserver, développer notre industrie ici, en Normandie, parce que, sachons-le, si ce n’est pas ici, sous nos exigences sociales, environnementales, et nous avons raison d’avoir des exigences extrêmement fortes et rigoureuses, si ce n’est pas ici que nous produisons un certain nombre de produits, précisément, alors ce sera dans d’autres pays où le coût du travail est moins élevé, les normes sociales et environnementales plus faibles, mais la pollution n’a pas de frontière. Et donc moi, je tiens au développement et au maintien de l’industrie ici. Mais pour qu’elle puisse être maintenue ici, alors, il faut que ce soit dans les conditions les plus sûres possibles.
Céline Brulin, sénatrice, conseillère régionale et conseillère communautaire de la Communauté d’agglomération Caux-Seine
Maintenir, et développer l’industrie (en l’espèce, chimique) ici, nécessite de revenir sur le détricotage des lois de protection de l’environnement, de rétablir les CHSCT, de revenir sur la loi de simplification qui permet de se passer de l’avis de l’Autorité environnementale, de revenir sur le droit des affaires, et c’est seulement si ces conditions sont remplies que l’on pourrait maintenir et développer l’industrie à Rouen.
Pragmatiquement, cela reste un vœu pieu. Le secret des affaires est de plus en plus présent, notamment dans les multinationales, du secteur chimique ou autres. Les lois sont détricotées, et les lois de confiance et de simplification ne font que masquer le retrait de l’État dans tout ce qui a trait à l’économie, mais aussi à la sécurité. Il suffit d’écouter le directeur de la Dreal, pour qui la sécurité, c’est l’affaire de l’exploitant !
Leurs dirigeants n’habitent pas Rouen.
Malheureusement, fort malheureusement, force est de constater que depuis des années, au national comme à l’international, l’État se retire de son rôle de contrôleur et de juge, la sénatrice le constate elle-même, laissant les entreprises gérer elles-mêmes le contrôle de leur production, de leur sécurité, mais également celle de leurs sous-traitants.
En l’état, avec les lois et règlementations en place – et qui ne vont pas dans le sens d’une amélioration -, si l’on rouvre dans le cadre légal actuel, et qu’une nouvelle catastrophe se produit, ce que personne ne souhaite, mais ce que personne n’écarte plus, qui sera responsable ?
On peut comprendre la volonté de maintenir l’emploi, de conserver la manne fiscale, de conserver la responsabilité de la production pour des produits exportés, mais rappelons-le, l’agglomération Rouennaise est à la fois un bassin d’emplois, un complexe industrialo-portuaire dédié en grande partie à la chimie, mais aussi un bassin de vie.
Et si ça explose de nouveau, quelque en soit la cause ? C’est un pari ? Une statistique ? Un accident tous les 10.000 ans ?
Ce qui inquiète Nicolas Mayer-Rossignol, c’est que le sujet ne soit pas traité à la bonne hauteur.
Ce sujet n’est pas un incident local, comme cela a pu être dit par d’autres, pas par vous [le Préfet, Ndr], je me souviens des premières expressions de l’entreprise Lubrizol, qui étaient malheureuses de ce point de vue là : Nous sommes embarrassés par cet incident. Nous ne sommes pas embarrassés, nous sommes inquiets et en colère, et ce n’est pas un incident local, c’est une catastrophe nationale, qui emporte des conséquences nationales.
Nicolas Mayer-Rossignol, le 14 octobre 2019
Il formule 6 propositions :
1- Suivi sanitaire et épidémiologique : il y a un flou… Où s’enregistre-t-on ? Sur le long terme, il pourrait y avoir des conséquences d’ordre de santé publique. Qui s’est retrouvé dans les conditions qui justifient un suivi sanitaire ?
Mettre en place un centre d’accueil des victimes. Il y a des consignes interministérielles, et un guide méthodologique pour créer un centre d’accueil, pas seulement pour le côté sanitaire, mais pour les assurances, la Sécurité sociale, les avocats… Il est étonnant qu’il n’y ait pas de centre d’accueil centralisé des victimes. Et il y a des victimes. Des victimes sociales, économiques, psychologiques…
2- Le préjudice économique : contrairement à la communication du gouvernement, l’entreprise Lubrizol a indiqué, par écrit : “Aucun montant n’a été encore déterminé.” Le gouvernement indique une enveloppe de 50 M€, en particulier pour les agriculteurs. Là encore, il y a un flou. “Si, parce qu’il y aurait un préjudice, ce serait à la fin au contribuable de payer, franchement, on se fiche de la gueule du monde.”
“On aurait une énième fois un cas où, pour des raisons de globalisation, une entreprise internationale s’exonèrerait de conséquences locales, et ce serait aux élus locaux de tous bords, et aux citoyens, et même à l’État de payer, c’est à dire au contribuable. ce ne serait pas acceptable. Nous avons besoin d’une clarté sur le montant, et pour l’instant, ce n’est absolument pas clair.”
3 – Pour les commerçants : pour le agriculteurs, nous votons une aide plafonnée à 10.000 euros. Il n’y a aucune raison que les artisans et commerçants ne soient pas traités par les pouvoirs publics.
4 – La culture du risque : est-ce qu’il y a encore des toitures en amiante sur les sites Seveso ? Il faut effectuer le diagnostic. Un audit devra être fait dans les plus brefs délais.
Sur la formation, mettre en place un outil pour apprendre comment réagir en cas d’urgence.
Atmo Normandie n’était pas suffisamment outillé pour réagir en situation d’urgence. Dans les premiers jours Atmo Normandie n’était pas au niveau.
La Région doit aider Atmo Normandie à se doter des moyens, équipements et ressources nécessaires.
5 – Le code de l’assurance : l’état de catastrophe technologique n’a pas été reconnu. Il y avait un délai de 15 jours. Il eût fallu pour la déclarer qu’il y ait au moins 500 habitations inutilisables. C’est la plus grande catastrophe industrielle depuis AZF, que faut-il de plus pour déclarer cette catastrophe technologique ? Des morts, et 500 habitations ? Ce n’est pas acceptable juridiquement. Cette loi a été promulguée après la catastrophe AZF. Si au final cela ne fonctionne jamais, elle ne sert à rien. Il faut revoir la loi et les critères.
6 – Pour l’avenir du territoire : facile de dire qu’on déplace ces entreprises plus loin, et encore plus loin, pour atterrir en Afrique, en Inde, dans des conditions déplorables au plan social et environnemental. Il faut trouver un avenir durable pour le développement de notre territoire, comme le réclament les écologistes.
Il y a un enjeu réputationnel pour la métropole, et un préjudice pour tout le territoire. Croyez-vous qu’il y aura un actif qui va acheter un appartement sur le quartier Flaubert ? Un actif d’Île-de-France qui se poserait la question de venir travailler à Rouen ? Le préjudice est à long terme.
Il faut une COP 21 normande, un contrat pour la vallée de la Seine à s’engager dans une transition écologique. En commençant par installer l’Ineris en vallée de Seine (actuellement située dans un village de l’Oise), et pourquoi pas dans l’écoquartier Flaubert ? ce serait un signe de regain d’attractivité et un engagement clair vers une culture du risque et de la transition écologique et sociale.
En juin, avec l’Armada, Rouen se montrait fière et attractive. Trois mois plus tard, le 26 septembre se produisait l’accident industriel. Tous ont reconnu le professionnalisme des sapeur-pompiers, mais chaque citoyen et chaque élu local a mesuré la gravité de l’événement, sans toutefois savoir quoi faire pour se protéger.
Les reproches envers la Préfecture furent acerbes. Unanimement, les élus locaux de tous bords n’ont pas compris le décalage et le manque de clarté des informations qui leur auraient permis de mettre en œuvre les mesures nécessaires à la protection des habitants. Ouverture des écoles, bus qui circulaient normalement, sans avoir reçu de consignes. Les policiers se sont inquiétés de ne pas avoir de réelles protections autour du site. Il faut avoir une plus grande culture du risque, aux échelles de l’État et des collectivités locales. Chaque jour, on nous dit que ce que vous pouvez écrire dans vos rapports n’est pas forcément la vérité.
Malgré un nombre impressionnant de réunions sur les risques technologiques, un PPRT, un PPI, on constate au bout du compte, un si grand sentiment d’improvisation et de déficit d’information. La parole publique est si dévoyée qu’il a fallu créer un “comité de la transparence et du dialogue”, comme si cette recherche de la vérité et la communication n’allaient pas de soi.
Les commissions parlementaires devront permettre de déterminer les origines de l’incendie, de pointer les responsabilités – il y a des responsables – , et trouver des pistes d’amélioration de la gestion de crise.
La désignation des responsables devra permettre l’indemnisation des victimes, et de toutes les filières économiques impactées : en particulier les commerçants du centre-ville et des quais, et les agriculteurs. Il a fallu nettoyer les lycées, collèges, écoles, bâtiments publics.
Concernant les indemnisations, le Préfet a écrit aux collectivités que l’entreprise Lubrizol s’est publiquement engagée à les indemniser. Le Préfet demande des états chiffrés des dépenses engagées aux collectivités pour évaluer l’enveloppe du préjudice que l’ensemble des acteurs économiques du territoire a subi.
Restent les craintes pour la santé. Un suivi épidémiologique et sanitaire est indispensable sur la durée. Et pourquoi pas deux générations ?
Nous connaissons l’histoire de notre industrie de la vallée de Seine. C’est la richesse du territoire. Mais les habitations ont fini par encercler les usines Seveso. On n’interdit pas à l’urbanisme de se développer dans ces zones. La notion d’urbanisme n’est pas suffisamment prise en compte, comme si l’on pouvait déplacer ces usines facilement.
L’industrie d’hier est pourtant révolue. Nos modes de vie et de consommation doivent évoluer, et l’industrie doit évoluer pour nous faire entrer dans une nouvelle ère, et s’associer à la lutter contre le réchauffement climatique, émettant moins de GES [la question des rejets de GES de l’incendie n’a pas été citée, mais là aussi, il y a un coût carbone, NdR]. Il faut que l’industrie s’engage à repenser son modèle de production dans un cadre plus environnemental.
Mais l’industrie est indispensable pour notre territoire. Il n’est pas question de la rejeter simplement. Il convient d’imposer sa transformation, de garantir la sécurité de ses employés, ainsi que celle de la population qui vit dans son environnement.
On a laissé l’urbanisme se développer autour de ces entreprises sans se préoccuper de la sécurité des habitants.
Le président de la Région et les élus régionaux de la Métropole s’interrogent sur la participation de la Région à un écoquartier Flaubert qui jouxte les entreprises industrielles dans le périmètre Seveso. Est-ce qu’on peut continuer à densifier une zone qui est véritablement dangereuse ? C’est la majorité de gauche – écologistes, socialistes, communistes – drapée dans ses certitudes, qui a accepté sans réserves et sans recherche d’impact l’écoquartier Flaubert.
La majorité de droite demande de stopper toute commercialisation, et de prendre le temps de repenser la physionomie du quartier Flaubert, pour tenir compte de l’impact industriel de cette zone. Il faut continuer à résorber les friches industrielles, éviter l’étalement urbain, mais le faire de façon la plus sécurisée possible, et revoir nos documents d’urbanisme.
Le SRADDET, le SCoT, le PLU, le PLUI, tous ces documents doivent être réactualisés et sensibilisés aux risques industriels et technologiques, sans minimiser les impacts, notamment du quartier Flaubert.
Avec de nombreux atouts, l’image de Rouen s’est dégradée. Nous sommes toujours aux côtés des Normands dans la difficulté, faîtes-nous confiance, conclut Pascal Houbron.
Pascal Houbron fait un choix entre le quartier Flaubert et l’usine Lubrizol. Il fait le choix de l’usine, et sacrifie le quartier Flaubert, dont il remet en cause le financement régional, et demande à en arrêter la commercialisation.
Sur le fait de la majorité qui a voté pour le quartier Flaubert, il me semble que les élus écologistes se sont abstenus, préférant le qualifier de “quartier” plutôt “qu’écoquartier”, en raison précisément de sa proximité avec la zone Seveso.
Ce que ne mentionne pas le maire de Bihorel, c’est que les quartiers d’habitation actuels ne sont situés qu’à 250 mètres de distance de l’usine Lubrizol et de son voisin Normandie Logistique. Que faire pour ceux-là ?
Doit-on les raser pour tenir compte du risque technologique ? Ce sont de milliers d’habitations, des écoles, des équipements. La première école n’est distante que de 530 m du site Lubrizol.
Et ce ne sont pas des quartiers qui ont encerclé Lubrizol et les sites Seveso. Ces quartiers existaient bien dans les années 50-60. Certes, ce ne sont pas les plus huppés, cela a longtemps été des quartiers populaires, ou ouvriers.
Mais doit-on raser ou les laisser exposés au risque ?
En attendant que tous les documents – SRADDET, SCoT, PLU,…- soient réactualisés, que l’industrie ait terminé sa transition écologique, qu’elle ait modifié ses modes de production et agi contre le dérèglement climatique, que les sous-traitants des usines Seveso seuil haut soient eux-aussi classés ICPE, que nous ayons modifié nos modes de vie et de consommation, toutes ces sages préconisations, mais qui prendront du temps : si l’on rouvre l’usine Lubrizol ici, comme presque tous les élus le souhaitent, alors, en cas de nouvelle catastrophe, la responsabilité politique et celle de l’État seront totalement engagées.
Même si, en théorie, le risque n’est que d’un accident tous les 10.000 ans, on constate qu’il n’en n’est rien.
En matière d’urbanisme, M. Houbron a raison de dire qu’il faut changer, et tenir compte de cette catastrophe pour envisager une ville autrement : d’abord mettre la population en sécurité, celle qui vit actuellement sur place.
On pourrait voir là la tentation d’étendre la ville au Nord et à l’Est, plutôt que résoudre le risque Seveso. On continue, jusqu’à la prochaine fois.
Mais nous avons besoin de contrôles plus sévères des services de l’État des sites Seveso existants ; d’un traitement systématique des modifications ou extensions par l’Autorité environnementale ; du classement ICPE des sous-traitants qui stockent des matières premières, avec des formations liées au risque technologique pour le personnel ; tous les matériels les plus modernes en matière de sécurité ; et d’une sécurité qui prenne en compte les risques naturels, ainsi que terroristes.
Mais comment se fait-il qu’une usine Seveso ne soit pas protégée de la propagation d’un incendie d’un site voisin ? Qui plus est, d’un sous-traitant qui stockait des matières premières Lubrizol ? Lubrizol ne pouvait pas l’ignorer.
L’intérêt général, c’est d’abord défendre la sécurité de tous les citoyens, non le seul intérêt économique du territoire.
Cet accident industriel ne sera jamais oublié.
À l’aune de la requalification à venir des accès au pont Flaubert et de l’urbanisme de toute la zone, on pourrait enfin prendre en compte la demande des écologistes, qui a été de demander la séparation des flux poids-lourds et VL sur la Sud III, en obligeant les poids-lourds à emprunter le boulevard maritime (route du port rive gauche), laissant la Sud III aux VL et utilitaires, sauf desserte ultra-locale.
Enfin, l’autre priorité, c’est d’éviter l’étalement urbain : il oblige à utiliser la voiture, et accapare les terres vivrières, agricoles et naturelles. Et donc éviter le projet pharaonique de contournement Est de Rouen, qui encouragera l’étalement, mangera 516 hectares de terres (en plus des 1000 hectares prévues par le PLUI), alors que l’alternative à l’Ouest est plus que possible : la redéfinition de l’urbanisme liée à la catastrophe rend le contournement Ouest plus évident encore.
Le groupe RN a donné son soutien à l’industrie chimique dans le coeur de ville. Dans la lancée de Pascal Houbron, ils demandent d’abandonner le projet “stupide” d’écoquartier Flaubert, trop proche du site Seveso qui a failli. Toujours sans penser aux habitations qui jouxtent déjà, au plus près, la zone Seveso.
Le groupe se prétend localiste, mais quelle approche politique a-t-il face à l’étalement urbain, qui, précisément, accapare les terres agricoles ? Il faut de la terre pour cultiver, pas des autoroutes, ni de catastrophes Seveso.
Le Préfet en appelle à l’unité, et qualifie cet incendie de monstrueux. Le sujet central était le feu, qu’il a fallu circonscrire.
Il précise ainsi à Caroline Amiel, EELV, que l’assouplissement de la loi n’est en rien la cause de la catastrophe. Il ne peut pas laisser dire que cette autorisation sans avis ni inspection de l’Ae est à l’origine de l’accident.
Ce n’est pas ce qu’elle a dit. Mais, en utilisant cet assouplissement pour prendre la décision d’extension sans consulter l’Autorité environnementale, sans visite des installations, sans obliger Normandie Logistique à mettre ses installations au niveau Seveso seuil haut du fait des produits stockés, n’est-on pas passés à côté de mesures qui auraient dû être prises, et les défaillances corrigées ?
Cette inspection de l’Autorité environnementale, et le classement ICPE de l’entrepôt Normandie Logistique auraient-ils permis d’éviter l’incendie ?
“La règlementation en question, au cas d’espèce, n’a pas eu d’effet sur l’incendie”, dit le Préfet.
“L’unité de stockage autorisé par le Préfet n’était pas encore construit”, rappelle le Préfet.
Sur l’État de “catastrophe technologique”, il n’était pas possible juridiquement de l’arrêter.
Sur les aspects épidémiologiques : “Par delà des très bonnes analyses que nous avons, Il se trouve que les analyses d’air, d’eau, de suies, de même que les analyses agricoles qui rentrent massivement sur tous les grands indicateurs, se révèlent satisfaisantes. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas, dans la durée, avoir ce travail de suivi. Le gouvernement s’est engagé à l’avoir. Le gouvernement a souhaité prendre le contrepied de ce qui s’est fait en 2013.”
“Il y a un travail que fait Atmo, qui doit peut-être se consolider, se réoutiller, et il y a aussi des fausses nouvelles. Dans la gestion de cette crise, j’ai été personnellement très frappé par la puissance des réseaux sociaux et par l’ampleur de la désinformation qui a été donnée. L’État a porté plainte contre les faux communiqués qui étaient faits, avec en-têtes de l’ARS, de la Préfecture des Hauts-de-France. Sur Préaux, par exemple, il y avait une erreur d’indicateur, les quatre fois…, et c’était absolument faux.”
Les analyses sur les produits agricoles se révèlent satisfaisantes, favorables. Soit elles sont inférieures à des normes, soit s’il n’y a pas de normes, elles sont analogues à un “bruit de fond”.
L’industrie occupe une place importante en Normandie. Elle compte des entreprises qui impliquent une technicité particulière, ce sont nos fameuses entreprises Seveso : 100 en Normandie tous seuils confondus (10 en seuil haut à Rouen, NdR). Il faut un niveau de sécurité particulièrement exigeant, il est déjà très élevé par la règlementation actuelle. Mais, en l’espèce, il s’est révélé, c’est absolument évident, insuffisant.
Mais on ne connaît ni la cause, ni l’origine de l’incendie.
Entre évacuation, confinement ou mise à l’abri des populations les plus fragiles, c’est la mise à l’abri qui a été choisie.
Pour éviter le suraccident, l’information n’a pas été donnée de suite, et le choix du maintien des transports en commun a été fait. Pour éviter l’usage de la voiture aux abords de la zone.
Pour les indemnisations, évidemment, Lubrizol devra payer.
Sur l’urbanisation, les PPRT sont vertueux, car ils permettent d’imposer à l’exploitant de réduire les conséquences d’un accident à l’entreprise source, pour accepter en regard une urbanisation plus rapprochée.
Mais il ne lui appartient pas de se prononcer sur le quartier Flaubert. Ce sont des choix politiques.
En matière de communication, la Préfecture a réalisé un “matraquage” de communication, mais qui n’a pas été entendu. A la fois pour une parole publique qui a perdu sa crédibilité, et la suspicion liée à ce que deviennent les réseaux sociaux dans la société actuelle.
Les préjudices sont à la fois financiers et moraux, et d’image. Cela devra aussi être compensé.
Sur les compensations de Lubrizol, il faut d’abord évaluer les préjudices. Le Préfet a commencé le recensement auprès des collectivités locales et de la sphère publique. Ce que cela a coûté sera présenté, paquet par paquet, à Lubrizol. Le PDG a été reçu par madame Borne, et a pris des engagements forts.
Les indemnisations seront réceptionnées sur un fonds unique (à déterminer), puis redispatchées.
Pour la culture du risque, cela va passer par une amélioration des systèmes d’alerte.
Sur les audits Seveso seuil haut, une circulaire a été rédigée par la ministre de l’écologie, et ce sont les Dreal qui en seront chargées.
Le Préfet dit ne pas revenir sur l’état de catastrophe technologique, ni sur l’avenir du territoire, et il croit que nous partageons tous ce besoin d’union : “On est au fond de la piscine, on redonne le coup de pied, et évidemment, pour repartir très vite”.
Une question taraude : Outre que l’enquête judiciaire a permis d’établir des chefs d’accusation très graves – manquements et violations délibérées, voir plus haut -, comment se fait-il que l’entreprise Normandie logistique n’ait pas été classée ICPE, seuil haut, alors qu’elle abrite depuis longtemps des matières premières et produits de Lubrizol ? La situation était connue des services de l’État, ainsi que la note de la DGPR semble le confirmer.
Il existe deux entreprises en Normandie aptes à stocker ces matières dangereuses, dont Maprochim à Saint-Aubin les Elbeuf, l’autre au Havre. Cela coûte plus cher qu’un simple entreposage, mais quel est le prix de la sécurité de la population ?
Quant au déficit d’information pour éviter le sur accident, qu’en aurait-il été si l’incendie était passé hors contrôle ? Encore une fois, merci aux pompiers, mais un tel accident n’aurait pas dû se produire, et la population est assez adulte pour prendre les mesures de sécurité qui s’imposent, selon les consignes : confinement, circulation, évacuation, …
Il y a 3 temps dans la surveillance des victimes :
1 – le temps de la surveillance syndromique, qui est derrière nous : les passages aux urgences. Le jour de la catastrophe, il y a eu 70% d’appels de plus au SAMU, de personnes qui demandaient des conseils aux professionnels de la santé, et les gens qui passaient aux urgences pour les irritations liées aux produits.
Les pathologies d’exacerbation d’un état pré-existant, notamment respiratoires (crises d’asthme, crises bronchiques, sur des patients déjà fragiles,…) ont conduit à quelques hospitalisations ;
2 – le suivi sanitaire : on continue à surveiller les passages aux urgences, mais aussi les consultations chez des médecins généralistes sentinelles ;
3 – la surveillance épidémiologique : il faut savoir quels sont les produits qui ont brûlé, savoir ce que donne l’effet cocktail quand ils brûlent – et brûlent ensemble -, étudier les risques sanitaires de ces produits qui ont brûlé, et enfin savoir ce que l’on cherche. Santé Publique france a été missionnée pour éyablir un protocole de surveillance épidémiologique : que cherche-t-on ? Sur quelle temporalité ? Sur quelles populations ?
A ce moment, on pourra mettre en place les registres. Faute d’établir ces éléments, on reste dans le flou.
Toute la population est bien sûr derrière les soldats du feu, et les remercie de les avoir sauvé du pire, au risque de leurs vies. Les objectifs :
5 départements, 2 unités militaires, les personnels de Lubrizol et des sociétés privées ont apporté leur aide pour jugulé le feu le plus rapidement possible, et éviter plus de fumées encore, tout en préservant les axes logistiques, une priorité décidée par le Préfet.
Les pompiers se sont rendus au plus près pour limiter la propagation et les effets thermiques, en créant des rideaux d’eau.
Le choix de retarder l’alarme auprès d’une population endormie a été fait pour ne pas générer de panique supplémentaire. Comment cette panique aurait-elle pu être jugulée, notamment par les équipes de secours concentrées sur la lutte contre l’incendie ?
Le commandant Chislard ne revient pas sur les défaillances dans le système anti-incendie, qui ne sont pas le fait des pompiers, mais de l’entreprise.
Tout d’abord, ce n’est pas le gardien de Lubrizol qui alerte le SDIS, mais celui de l’entreprise voisine Triadis.
Lorsque les pompiers arrivent sur les lieux, il font face à un feu qui se propage très rapidement, des explosions et des vagues d’hydrocarbure en flammes.
Ils constatent que la réserve incendie de Lubrizol est déja bien entamée, les extintcteurs se seraient déclenchés trop tôt. À 4h15, les réserves étaient vides.
Le PDG de la Lubrizol, Eric Schnur, a soutenu devant les parlementaires que les « sprinklers » avaient « fonctionné comme prévu », qu’ils avaient « protégé le bâtiment pendant des heures », mais que l’ampleur de l’incendie avait « dépassé leurs capacités ». Il a également fait cet aveu : « Notre système de protection incendie est prévu pour un feu qui vient de l’intérieur, mais pas de l’extérieur. »
Or, c’est une obligation légale pour un site Seveso comme Lubrizol de prévoir l’effet domino de tout incendie, qu’il vienne de l’intérieur ou de l’extérieur.
Les quantités d’émulseurs en réserve chez Lubrizol, nécessaires pour lutter contre les feux d’hydrocarbures, n’ont pas été suffisantes. Il a fallu en faire venir des entreprises Seveso voisines et de Gonfreville-l’Orcher.
« On a éteint en quatre heures un feu qui aurait pu durer trois jours, a estimé le directeur du SDIS 76. Normalement, un feu d’hydrocarbures de plus de 5 000 m2, c’est quasiment mission impossible. »
Source : le Monde.
L’impact économique : outre les 416 salariés de l’entreprise, 206 emplois sont concernés, selon la liste des 27 sous-traitants et fournisseurs que Lubrizol a communiquée. Dans la logique de soutien de ces personnes, la Direccte est dans l’écoute, mais également dans l’action en mobilisant le dispositif d’activité partielle (chômage partiel).
63 entreprises, artisans, commerçants ont fait des demandes au vu des difficultés à rémunérer leurs salariés, pour 1500 salariés, et 3000 heures ont été payés pour soutenir les artisans et commerçants les plus proches et les plus impactés.
Le temps est venu de réfléchir à la reconstruction et au travail avec les secteurs du tourisme, cafés, hôtellerie, restauration et le secteur agro-alimentaire, au-delà du secteur agricole.
Bien que cela aille de soi, cela irait mieux en le disant : c’est bien Lubrizol qui prendra en charge ces heures et le chômage partiel ? cela fait bien partie du préjudice que l’entreprise devra indemniser ?
La DDPP revient sur les mesures faites sur les productions animales (lait, oeufs, poissons, miel) qui sont le plus exposées au HAP, au PCB, aux dioxines et métaux lourds.
91 exploitations sentinelles ont été définies en Normandie et les Hauts-de-France. Des prélèvements ont été réalisés par les services de l’État (DRPP, pôle concurrence, consommation, répression des fraudes de la Direccte, Draaf). Sur 300 résultats d’analyses, tous les résultats sont conformes.
Passé les remerciements de rigueur, Hervé Morin interroge sur les effets de 300 molécules mélangées, ce sur quoi personne n’a de réponse. Compte tenu des incertitudes, il faut des réponses extrêmement fermes en matière de santé publique.
Tous les groupes régionaux ont pu s’exprimer et poser des questions, lesquelles n’ont pas toujours trouvé de réponses.
Mais les réponses se veulent rassurantes, malgré l’énorme risque encouru par la population, et les dysfonctionnements et manquements de l’entreprise et de son sous-traitant “Normandie logistique”, selon les chefs d’accusation relevés par l’information judiciaire contre X.
On a le sentiment d’avoir échappé au pire !
Les conseillers régionaux font part de la nécessité d’union face à une telle crise, mais c’est une union à couteaux tirés, on voit que les municipales et les sénatoriales ne sont pas loin.
L’enjeu, c’est l’avenir de l’agglomération rouennaise, de son avenir industriel, de la protection de la population, et de l’orientation qu’elle va donner à son développement. La démographie de la métropole stagne depuis 25 ans, et plus grave, la population baisse en Normandie depuis 2018. De plus, c’est une population qui vieillit.
Quel sens donner à la ville ?
La population doit-elle partir à la campagne pour se mettre en sécurité face au risque Seveso, c’est l’étalement urbain, la voiture et la congestion urbaine aux heures de pointe, ou bien doit-elle chercher à se densifier, à se reconstruire sur elle-même, et notamment sur ses friches industrielles ou d’habitation ?
Nicolas Mayer-Rossignol a entendu les balles siffler à propos de son projet d’écoquartier Flaubert, qualifiés par certains de “stupide”.
La région, qui cherche à faire des économies, y trouvera sûrement son compte. C’est le sens des contributions de Mrs Morin et Houberon.
Certes, il y a à dire sur ce projet :
Aujourd’hui voisin de Lubrizol (comme le Petit-Quevilly Nord, plus près encore),
mais aussi en zone qui pourrait être inondable si les mesures ne sont pas prises pour y remédier. On se souvient des dernières inondations sur les quais de Rouen et nous sommes encore en influence maritime.
Et un quartier traversé par la Sud III.
Cela fait beaucoup pour un écoquartier. Appellons le “quartier Flaubert”, c’est déjà bien.
C’est tout le sens de la ville qui est interrogé. La ville est-elle faite pour loger des populations, commercer, y faire des études et donner accès à la culture, développer des activités commerciales et industrielles du 21ème siècle, ou bien pour continuer à abriter une usine Seveso qui a déjà 4 accidents à son actif et qui empêche le développement de l’urbanisme en coeur de ville ?
C’est une question que ne se pose pas la majorité régionale, parce que ça rapporte (et parce que l’écoquartier coûterait). Pour la droite et l’extrême-droite, le risque existe bien, aussi, il faut faire le choix entre l’usine et l’urbanisation. Ils choisissent l’usine.
Pour le PC-Front de gauche, les 622 emplois de Lubrizol et des sous-traitants (M. Moyse dit “des milliers”) doivent rester “ici”. Mais Paris accepterait-elle une usine Seveso seuil haut en centre-ville, sur sa rive gauche ?
Le coeur de ville est-il bien la place d’une telle usine ? Doit-on faire la ville à la campagne parce que l’air y est plus pur et la sécurité moins mise en cause, ou bien éloigner une installation classée et dangereuse – située actuellement à quelques dizaines de mètres des habitations – dans un endroit qui garantit la protection des populations ?
Les risques sont industriels, les risques sont terroristes, et ce n’est pas cela qui rendra la ville plus attractive.
Rappellons les propos du PDG de Lubrizol, qui ne laissent d’être inquiétants : « Notre système de protection incendie est prévu pour un feu qui vient de l’intérieur, mais pas de l’extérieur. »
La réponse est politique, mais c’est aussi une question d’urbanisme et de développement durable : doit on vider la rive gauche de ses habitants et s’étendre vers le Nord et et l’Est pour conserver des zones à risques sur la rive gauche ?
Si une nouvelle catastrophe devait arriver, les habitants sauront vite trouver les responsables.
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