Pour le Conseil départemental et M. Lecornu, c’est plié : il faut fermer deux collèges à Évreux et Val de Reuil, en échange d’un nouveau collège construit au Neubourg.
Ce sont les seules considérations budgétaires qui sont la cause de ces coupes sèches dans le budget des collèges, mais aussi dans le budget de l’Éducation nationale : les moyens supplémentaires accordés grâce au Réseau d'Éducation Prioritaire vont disparaître dans les écoles du fait de la fermeture des collèges REP.
Ceux collèges sont des collèges REP+ et REP (Réseau, dans des quartiers les plus pauvres du département, qui font ou ont fait l’objet d’une politique prioritaire de la ville).
Les quartiers de Netreville à Évreux, tout comme Val de Reuil - germe de ville, sont les deux seuls quartiers de l’Eure retenus pour le NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain).
Un nouveau programme national de renouvellement urbain pour Val de Reuil.
Celui de Val de Reuil permettrait de s’appuyer sur un financement de 50 millions pour réhabiliter les quartiers autour du collège PMF.
Les deux premiers plans ANRU ont permis à la population de s’approprier leur ville, leur quartier, considérés jusqu’à lors comme une cité-dortoir.
Val de Reuil est devenue un lieu de vie, un « chez-soi », et non plus une ville-dortoir. Les travaux continuent, pour plus d’intégration sociale, et plus de mixité et de diversification sociale.
Dans ce troisième programme de renouvellement urbain, ce sont les quartiers proches de PMF, Climuche et Coulis, qui vont être réhabilités. Mais ce sont 1000 logements neufs privés qui sont attendus. Les premiers sortent de terre face à PMF qui devient le lien entre ces quartiers historiques, qui devraient être réhabilités, et les nouveaux quartiers qui pourraient permettre à ceux qui travaillent sur la zone d’activité de Val de Reuil de se loger, en profitant d’une ville rajeunie, de tous les services, dont la gare qui permet de se rendre facilement à Paris ou à la métropole.
Tout cela est au conditionnel, car on comprend bien que parmi les services pour les familles qui voudraient s’installer, l’éducation est une priorité pour les enfants. C’est le cas aujourd’hui avec un collège qui est le pignon de ces quartiers, et qui permet même aux écoles d’accorder des moyens supplémentaires qui facilitent la réussite scolaire.
Va-t-on fiche en l’air ce programme prioritaire ?
Le risque est de rater ce nouveau programme de renouvellement urbain, faute de possibilité pour les nouveaux arrivants de rentrer dans un système scolaire à la hauteur des enjeux locaux, mais aussi nationaux :
Le ministre M. Blanquer prône des nouveaux moyens, notamment pour les CP en REP (12 élèves maximum par classe), mais à quoi bon si dans le même temps on sort les écoles qui en ont besoin du statut REP ?
C’est une priorité nationale de lutter contre le décrochage scolaire - 150 000 décrocheurs sortent chaque année du système scolaire sans diplôme - et pourtant on retire moyens et éducation de proximité, ce qui favorisera le décrochage dans une zone où il existe des emplois, mais des emplois qualifiés.
Au final, on pourrait sentir une volonté de vraiment ghettoïser ces quartiers. Alors qu’à la Madeleine, il y a un bassin d’emplois, certes peu qualifiés, et qu’à Val de Reuil, il y a un très gros bassin d’emplois qualifiés, au point qu’on a besoin de chercher les compétences ailleurs au lieu de les former sur place, on ferme les collèges.
Autrement dit, le boulot, c’est pas pour les locaux. Qu’ils aillent découvrir de nouveaux horizons, et se former hors de leurs quartiers.
Pourquoi les plus pauvres devraient le faire, quand les plus aisés ont le droit, eux, de rester dans leurs quartiers. Sont-ils moins mobiles ? N’ont-ils pas besoin, eux, de découvrir de nouveaux horizons ?
Petit bémol, les ruraux et rurbains, ceux de Saint-Pierre du Vauvray, Saint-Etienne du Vauvray, Andé, Portejoie, Tournedos, allaient jusqu’à lors au collège des Fougères de Louviers.
Il est difficile de construire des collèges en milieux rural quand les villes toutes proches concentrent collèges, équipements sportifs et culturels, et services.
Tout s’y passe bien : malgré un taux de CSP défavorisées de 57%, grâce à la cohésion de l’équipe pédagogique, grâce aux effectifs maîtrisés du fait du classement REP, 96% de réussite au brevet : un record !
Les fermetures : une décision comptable, mais des manoeuvres clientélistes et des décisions politiques.
Bilan des courses, aux dernières nouvelles, les élèves n’iront pas au Vaudreuil, mais à Louviers, au Hamelet. Ce sont les élèves de Poses qui iront au Vaudreuil. Et ceux de des écoles Léon Blum et Louise Michel de Val de Reuil qui iront au Vaudreuil.
Mixité sociale et géographie auront eu raison du clientélisme.