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CASE : les chefs s’affrontent par blogs interposés. Des visions bien différentes de l’avenir de l’agglomération

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La CASE, entre Paris, Rouen et Evreux

La CASE est structurée autour d’un axe qui relie Louviers, la bien établie vieille ville (la “cité drapière”, aime à écrire Jamet) à Val-de-Reuil, la ville nouvelle – encore trop souvent taxée de ville-dortoir ou de ville ghetto, qui s’en défend, et se bat pour échapper à cette image. L’avenir de la CASE, un bassin de vie et d’emplois pour ses 60.000 habitants, passe par les visions des maires des 2 principales communes de l’agglo : Franck Martin et Marc-Antoine Jamet. Leurs visions semblent bien différenciées. Plutôt qu’une synergie constructive, c’est un affrontement permanent entre les 2 cités qui se jouxtent, et qui, au lieu de se compléter, semblent s’ignorer. Les 27 autres communes de la communauté sont contraintes d’assister comme témoins pris à partie. Faute d’une ligne claire, celles-ci choisissent leurs alliances au gré de leurs intérêts.
Les causes de l’affrontement
La nouvelle bataille qui s’est engagée concerne l’octroi par la CASE d’un prêt gratuit à la commune de Val-de-Reuil. La première flèche a été décochée par Franck Martin le 1er juillet sur son nouveau blog : Val de Reuil en cessation de paiement : la CASE refuse de combler le trou.
Depuis, les 2 élus s’expriment sur le sujet par blogs interposés.
L’inconséquence de la commune de Val-de-Reuil selon Martin
Après avoir publié un billet sur le site de lacaze, Franck Martin a accepté une interview de Caméra diagonale dans l’article : Louviers, duel à la Communauté d’Agglo. Il s’y exprime aussi par voie de commentaire, à la fois pour expliquer son terme de “cessation de paiement”, qu’il a utilisé, dit-il, parce qu’“entre la réalité de leur situation et l’enculage de mouches, [il a] choisi, comme toujours, l’expression de la vérité”. Et parce que ça aurait été l’expression même utilisée par Marc-Antoine Jamet lors de leur rencontre.
Ensuite, il exprime la solidarité avec la CASE et son personnel, et rejette l’entière faute de l’incident de paiement de VdR sur Marc-Antoine Jamet qui a préféré assurer seul l’intégralité de la gestion financière de l’ANRU. Bien qu’estimant que la CASE n’est pas une vache à lait, et que “les élus ont refusé que Val-de-Reuil se serve de la CASE comme d’un guichet de banque, avec cette avance de trésorerie pure et simple”. Franck Martin dit avoir tendu la main à son ancien co-listier, et tenté de faire pencher les votes en faveur de Val-de-Reuil (mais pendant un vote à bulletins secrets).
La faute incombe à la CASE selon Jamet
Evidemment, Marc-Antoine Jamet entend cela d’une tout autre oreille : “la CASE qui gère les subventions de l’ORU de Val-de-Reuil [a] perdu 2 millions d’Euros de FEDER (deux millions !!!) faute de les avoir appelés.”
C’est sur le blog voie-militante que Jamet riposte. Dans un billet qui dénonçait la cabale contre Marc-Antoine Jamet, Denis Szalkowski prend fait et cause pour le maire de Val-de-Reuil. Pour lui, ce piège tendu par Franck Martin à M. Jamet ne servirait qu’à créer un contre-feu, pour étouffer l’annonce du reversement de l’écrêtement de ses indemnités d’élu à sa compagne, et néanmoins maire-adjointe de Louviers.
Mais c’est dans le billet suivant que Marc-Antoine Jamet choisit de répondre par voie de commentaire.
Voici la séquence telle que la décrit le maire de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet :
En ce qui concerne la convention ANRU de Val-de-Reuil, la Ville s’est interdit de se tourner vers l’intercommunalité.
Marc-Antoine Jamet a particulièrement insisté auprès de ses services pour qu’ils considèrent cette interdiction de mettre la CASE devant ses responsabilités ou d’imaginer faire appel à sa solidarité, afin d’avoir la paix.
Cette convention a été rédigée pour :

  1. faire retourner à la Ville de Val-de-Reuil sa direction opérationnelle,
  2. éviter que l’ANRU n’annule les crédits de l’opération de Maison-Rouge à Louviers,
  3. ne pas faire perdre la face ceux qui étaient dessaisis.
La CASE qui gère les subventions de l’ORU de Val-de-Reuil a perdu 2 millions d’Euros de FEDER (deux millions !!!) faute de les avoir “appelés”, sa part dans les 90 M€ de l’opération est restée stable (6,7 M€).
La part de la Ville (payée sur son budget) a bondi, passant de 5,7 à 9,3 M€ auxquels on pourrait rajouter le fameux excédent de l’EPV soit un total de 10,5 M€ payés par les contribuables rolivalois. L’effort de la Ville a doublé, est devenu supérieur à celui de la Case, jusqu’à être deux fois plus important.
La commune se désendettera encore de 500.000€ à la fin de l’exercice 2010, passant de 66M€ de dette en 2000 à 44 M€ aujourd’hui,
La ville n’augmente pas les impôts depuis une décennie,
Sa section d’investissements a triplé,
c’est une preuve de bonne santé de ses finances.
LA DEFAILLANCE DE LA CASE
Si la sécurité financière de l’ANRU de Val-de-Reuil est patente, il en va autrement de sa trésorerie.

  1. La Ville de Val-de-Reuil obtient l’autorisation de démarrage d’un chantier par l’ANRU et ses partenaires,
  2. Ceux-ci notifient les crédits qu’ils mettent à disposition de cette opération,
  3. les budgets étant disponibles, la CASE appelle les subventions auprès de la caisse des dépôts, de la région, du département, de l’Europe,
  4. La Ville paye les entreprises (Spie, SCREG, ViaFrance, etc…) et j’ai demandé qu’elle le fasse dans tous les cas de figure,
  5. la CASE restitue à la Ville les subventions versées par les partenaires et qui correspondent à ces paiements.
Les subventions existent. Plus d’un million d’euros dort à la région (comme Vice-Président aux finances à la région, M. Jamet le voit…).
Et pourtant, la CASE ne les appelle pas. Dans l’intervalle la Ville paye les entreprises.
Il y a donc un problème de trésorerie.
Jamet, convaincu que c’était à celui dont c’est la faute de trouver la solution à ce décalage, s’en est entretenu avec le président de la CASE le 18 juin et une formule a été mise au point qui consistait à ce que les deux entités, la collectivité municipale et l’établissement public intercommunal, lèvent une ligne de trésorerie de deux millions d’€ chacun pour combler ce gap estival, pour un coût de 10.000 €.
La délibération présentée par l’adjointe du maire de VdR, Janick Léger a été repoussée par une manoeuvre unissant Mme Véronique Jullien qui mêla sa voix ce soir là à celle de Bernard Leroy.
C’était un piège. Marc-Antoine Jamet est tombé dedans.
Le lendemain le maire de Val-de-Reuil proposait à quatre banques de suppléer la CASE.
L’affaire était réglée. D’autant plus que la Case appelait les subventions.
Effectivement, comme le confirmait Franck Martin le 9 juillet dans son commentaire chez caméra diagonale : “Vdr n’est plus en cessation de paiement, notamment parce que la CASE, en stricte application de la convention, lui a versé cette semaine 1,5 million d’euros”.
La crise est donc passée, mais en traînant un nuage de fumée derrière elle…
Une de plus dirons nous, ouf… Ce n’était pas la première, et sûrement pas la dernière.
La fumée ? Le maire de Louviers, conformément à une loi de 1992 qui autorise un élu percevant des sommes cumulées au delà de 8.100 euros par mois à désigner un collègue de son choix pour recevoir le surplus, ait choisi la maire-adjointe, en l’occurrence sa compagne, qui bénéficiera ainsi de 1.425 euros supplémentaires par mois.
“J’ai souhaité être totalement transparent, alors qu’en règle générale les élus prennent des hommes de paille. J’aurais ainsi pu attribuer le surplus à un autre élu qui me l’aurait restitué”, se défend Franck Martin à l’AFP. “Avant d’entrer en politique, j’étais cadre supérieur. Si j’étais battu, je n’aurais aucun filet de sécurité, car on ne cotise pas aux assedic. Mettre un peu d’argent de côté, c’est normal”.
Il faut être clair : tout le monde s’accorde à dire que tout ceci n’est que très légal et que rien n’est occulté dans cette (non-)affaire. Soit 9.500 € n’est pas une mince rémunération. Mais est-ce un revenu astronomique pour celui qui dirige, apparemment de façon saine, à la fois la ville de Louviers et la CASE (cela représente environ 350 personnes sous sa direction) ? Il ne s’agit pas là d’une mission visant à établir un rapport, si important soit-il pour l’avenir de la France et du monde, mais de diriger une collectivité publique, et de présider aux décisions qui vont assurer le quotidien de tous les habitants de la CASE. Ce n’est pas rien.
La manoeuvre est malhabile, peut sembler choquante à certains, mais Il n’y a pas ici d’argent occulte, pas d’enveloppes qui circulent, pas de rémunération pour des missions ésotériques, rien que du légal, respectant les usages de notre République. Il existe une solution à ce genre d’écarts, et tous le monde semble vouloir y adhérer dans le principe : limiter le cumul des mandats !
Ils en parlent :
le figaro et le Paris-Normandie s’en sont fait l’écho sur le web, comme des blogs locaux ou d’opinion, avec Jean-Charles Houel qui se régale, on s’y attendait, et surtout voie-militante, qui dénonce “des pratiques népotiques dignes de l’ancien régime”, voit l’organisation d’une cabale contre Marc-Antoine Jamet, pour organiser un contre-feu aux rumeurs courant sur Franck Martin, et surtout pose un débat essentiel, existentiel même pour la CASE : “La bataille que se livrent les deux hommes est liée à la volonté sans faille de Laurent Fabius (dont Marc-Antoine Jamet fut directeur de cabinet naguère) de récupérer la CASE dans l’escarcelle de la CREA (Communauté de l’Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe). La CASE est devenue un enjeu de pouvoir.”
Les apprentissages de l’incident de paiement de Val-de-Reuil
Je ne dis pas qu’il s’agit de basses histoires d’argent dont on ne doit pas s’occuper, et au contraire, l’utilisation des deniers publics oblige à la vigilance et est un enjeu démocratique, ouvert au débat citoyen, mais il ne faut pas que cela occulte les affaires publiques, celles qui engagent les collectivités publiques et les citoyens.
Ce n’est pas le problème du financement de l’ANRU de Val-de-Reuil qui cache l’affaire de la rémunération de Martin, mais la médiatisation de cette affaire d’indemnité qui occulte les vraies affaires : celles de la cité, celles qui engagent l’avenir et la gestion quotidienne d’une agglomération de plus de 60.000 citoyens, de ses services publics, de ses entreprises, engagées elles aussi, faisant vivre également les habitants.
Je ne peux donner un avis technique sur le scénario de cet incident, au demeurant réglé, selon les protagonistes. Laissons-les régler la résolution du problème des compétences et des responsabilités, et établir des plans pour que cela n’advienne plus à l’avenir.
Aujourd’hui, l’affaire passée, Franck Martin fait assaut de mains tendues à son partenaire à la CASE, Marc-Antoine Jamet, quand ce dernier s’emploie à éviter de faire perdre la face au premier, a toujours aidé la ville de Louviers et défendu ses dossiers, et gère seul son dossier pour éviter que l’ANRU n’annule les crédits de l’opération de Maison-Rouge à Louviers (parce qu’“étonné ou irrité que plus de temps soit consacré à critiquer l’opération rolivaloise qu’à lancer la lovérienne”) !
On le voit : le patron de la CASE est prêt à donner un rein pour son collègue – mais néanmoins parfois partenaire -. tandis que le second est prêt à donner coeur et poumons, et le cerveau s’il le faut !
Quel avenir pour la CASE ?
Il reste que nous avons 2 locomotives, avec 2 conducteurs de trains qui président actuellement aux destinées des collectivités, et de facto des habitants et de l’économie locale. Et ces locomotives ne peuvent tirer à hue et à dia, et annihiler en partie les actions des uns et des autres. L’axe Louviers-Val de Reuil est la colonne vertébrale de la CASE. Lorsque celle-ci est cassée, la CASE risque pour le moins l’immobilisme.
Avant de jeter le bébé avec l’eau du bain, la CASE a-t-elle des atouts ?
La CASE elle-même est un territoire géographiquement marqué. D’abord, nous avons l’honneur d’habiter – et le devoir de défendre – les plus belles boucles de la Seine – allez, parmi les plus belles, pour ne vexer personne -, une Seine qui ne subit plus les influences maritimes. Et de voir l’Eure et l’Iton étaler leurs beautés (avec la chance de pouvoir piquer une tête dans l’eau limpide de l’Eure au cours d’une promenade en canoë). Mais nous n’avons pas que cette chance : nous sommes idéalement placés aux portes de Paris, de Rouen ou d’Evreux, aux confluents des fleuve et rivières, des routes et autoroutes, et traversés par la ligne Paris-le Havre. On peut rêver d’une ligne régionale Rouen-Evreux, qui passerait par la CASE, quand tout le monde en aura compris l’intérêt – c’est-à-dire pas demain matin…
Les habitants de la CASE travaillent sur place, et aussi à Vernon, Paris, Rouen ou Evreux, qui sont accessibles facilement grâce au rail et à la route.
Nos centres administratifs se situent à Louviers, Val-de-Reuil, Evreux ou les Andelys, c’est à dire à 20 minutes maximum de nos domiciles. Nous avons la chance de pouvoir organiser nos loisirs sur notre territoire, avec une base de loisirs aquatiques et nautiques à Poses, et aussi sur l’Eure, où nous pouvons piquer une tête dans une eau limpide, au détour d’une promenade en canoë ; nous avons encore la chance d’avoir des forêts pour se promener ou faire du VTT, des falaises pour faire de l’escalade dans un décor fantastique, des trésors patrimoniaux que nous pouvons visiter, et une vie culturelle riche, notamment grâce aux efforts de la ville de Val-de-Reuil, mais aussi de la ville de Louviers et de celle d’Andé,… Notre communauté s’est ouverte à de meilleures pratiques environnementales, même si c’est encore balbutiant, l’agriculture bio s’est introduite sur les zones de captages par exemple, comme chez nos voisins de l’Andelle, et la CASE fait des efforts pour supprimer les traitements chimiques, pour le désherbage par exemple (oulà, pas encore de quoi se prétendre écolos, loin s’en faut, mais un bon début déjà).
Surtout, la CASE c’est, autour de cet axe structurant que représentent les villes de Louviers et Val-de-Reuil, et de Pont-de-l’Arche qui marque l’entrée dans notre territoire, près de la moitié de la population qui vit dans des communes rurales, ou rurbaines pour celles qui jouxtent nos grandes cités.
Cette ruralité, c’est une qualité de vie très différente de la vie citadine – laquelle a aussi beaucoup d’avantages, quand tout est à portée de main, de pied ou de métro… Ici, on respire, on marche, on a de la place, tout est vert, et malgré toute cette place, on a tout de même tous les commerces à proximité, et puis, on se connaît plus,…
La ruralité a aussi ses inconvénients, et au 1er rang desquels : les transports, les transports, et les transports. Des transports pour ceux qui travaillent, des transports pour les jeunes, pour aller à l’université, pour les gosses le mercredi, pour nos anciens afin de se rendre à l’hôpital, dans les services sociaux, les lieux de rencontre, les centres culturels, ou juste faire ses courses, et aussi pour les écoles, pour se rendre à la piscine, ou simplement pour se rendre en ville, ce qui peut nous arriver, tout ruraux que nous sommes.
Et plus se connaître, c’est aussi une plus grande proximité citoyenne. Si tout le monde ne côtoie pas Franck Martin ou Marc-Antoine Jamet, tout le monde connaît quelqu’un qui travaille dans la commune, les services administratifs et techniques de la CASE, et bien sûr les élus. C’est aussi ça la ruralité.
Et oui, oui, nous sommes RU-RAUX ! Et rurbains aussi. Urbains aussi ?
La CASE, un ciment indispensable pour notre vie quotidienne et citoyenne, et des services désormais acquis pour les petites communes
La CASE inefficace, trop coûteuse ? Même pas. La CASE remplit parfaitement son rôle pour quasiment toutes les communes de l’agglo. Sa gestion est saine, les communes sont globalement désendettées, ou en cours de désendettement, et investissent, avec le concours de l’agglo. L’expérience et les compétences des équipes de la CASE – dont les membres dont des locaux, qui connaissent parfaitement leur territoire – continuent d’évoluer et les compétences de l’agglo s’étendent. Ce sont des économies d’échelle, la mise en commun des moyens et des hommes, qui permettent aux toutes petites communes de bénéficier des moyens d’une “grande” ville.
Certes, tout n’est pas parfait, et au long des conseils municipaux, je n’ai de cesse d’entendre : “il n’y en n’a que pour Louviers et Val-de-Reuil”. Si Franck Martin ne veut pas que le lobbying de M. Leroy ne prenne trop d’ampleur, je l’invite à écouter et à améliorer les choses. Mais globalement, nous sommes tous gagnants. Que ceux qui ont déjà bénéficié des aides de la CASE pour se développer mais ne souhaitent pas que d’autres communes bénéficient à leurs tours des “largesses” de la CASE, c’est encore un autre problème…
Dans quel but le maire de Val-de-Reuil a-t-il “particulièrement insisté auprès de [ses] services pour qu’ils considèrent que cette interdiction de mettre la CASE devant ses responsabilités ou d’imaginer faire appel à sa solidarité est permanente et totale” ?
“La bataille que se livrent les deux hommes, nous dit voie-militante, est liée à la volonté sans faille de Laurent Fabius de récupérer la CASE dans l’escarcelle de la CREA (Communauté de l’Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe). La CASE est devenue un enjeu de pouvoir.”
Marc-Antoine Jamet en appelle à l’intérêt général, le bien public, la solidarité. Il balaie d’un revers de main l’affirmation de Denis en écrivant qu’il n’a guère de nouvelles de la CREA autrement que par le blog voie-militante. Pour paraphraser M. Jamet : “prenons une vieille expression : cherchez à qui le crime profite…”. Y aurait-t-il une volonté, ou une tentation de rendre la CASE moins efficace, moins utile ?
C’est au nom de la paix qu’il a instauré cette interdiction de recourir à la solidarité de la CASE, de façon permanente et totale. Pour lui, la guerre de clochers que se livrent Louviers et Val-de-Reuil s’envenime du fait de “la cruelle absence d’organisation et de patron politiques sur notre territoire”.
De quelle organisation politique parle-t-il ? Et de quel patron politique ?
Je comprends que la mariée est belle et que, faisant partie de la CREA, elle offrirait à M. Fabius un poids politique supplémentaire (et une belle porte sur le Grand Paris) dans la rivalité qui oppose le Grand Rouen au Grand Paris, qui souhaite établir un pont entre la capitale et la porte océane. Mais la mariée veut-elle se marier ?
Les 60.000 habitants de la CASE souhaitent-ils délocaliser leurs centres de décisions, de contrôle et de gestion ?
Nous avons besoin d’une gouvernance proche des citoyens, qui en comprenne les besoins, et qui prenne en compte les spécificités du territoire et de la population. Et nous avons besoin d’une gouvernance cohérente. Les élus des petites communes, délégués à la CASE ont aujourd’hui les moyens d’intervenir dans les décisions de l’agglo. Qu’en serait-il au cœur de cette très vaste communauté qu’est la CREA ? En terme de développement économique, de cohésion sociale, d’aménagement et d’urbanisme, de transport et de logistique, d’environnement et de politique de la ville, les spécificités de notre territoire serait-elles comprises et respectées ?
La question est suffisamment importante pour que nos élus indiquent leurs choix. J’entends la volonté du maire de Val-de-Reuil de faire, au profit des habitants, retourner à sa commune sa direction opérationnelle, son énergie, son élan… Alors, quelle est la position du maire de Val-de-Reuil (et Vice-Président de la CASE) en ce qui concerne l’avenir de notre communauté d’agglomération ?
La préférence de monsieur Jamet va-t-elle vers CASE intégrée à la CREA ? Ou préfère-t-il préserver les spécificités de notre communauté d’agglomération, en conservant une démocratie locale plus proche des citoyens, et ancrée dans son territoire ?

nono
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déjà 9 commentaires pour cet article

  1. Juil 2010
    19
    8 h 48

    Ouf ! Bravo pour cette explication parfois très technique, il faut s’accrocher. Une question, je sais ce qu’est l’ANRU mais je ne sais pas ce qu’est l’ORU. Si j’ai bien compris, mais arrête-moi si je me trompe, la ville de Val de Reuil est maître d’ouvrage mais attend des subventions inscrites au contrat d’agglo. Agglo qui n’a pas fait son taf en temps et heure en appelant les subventions inscrites au contrat d’agglo des autres partenaires. J’ai bon là ?
    Sinon, je te trouve bien aimable avec nos protagonistes, je veux bien que tout cela soit la faute de Laurent Fabius mais j’aurais plutôt tendance à considérer que l’on voit s’étaler là de minables petites querelles de pouvoir et d’égo, avec toujours en tête l’enjeu d’une future élection, cantonale, législative, municipale… Le meilleur moyen d’assainir tout ça, et là je te rejoins, serait de supprimer les cumuls de mandats !

    Laure

  2. Juil 2010
    19
    20 h 50

    Cher Nono,

    Habitant de La Vacherie (la petite pustule tout en bas au Sud sur la carte de la CASE, celle dont on se demande “ce qu’elle fout là”), je ne me sens guère proche des boucles de la Seine et me dis que nous serions tellement heureux avec les “gens comme nous” de Houetteville ou Hondouville à la communauté du Neubourg !

    Nous on est des bédats, des “grands Messieurs” comme Martin ou Jamet, ça nous dépasse!

    Leurs querelles sont tellement dérisoires quand on voit, par exemple, qu’un accident a encore failli se produire aujourd’hui sur une portion de “petite route” qui a le malheur d’être entre 2 “commagglo” et qui n’est donc jamais entretenue….

    Un no man’s land…

    Mais je me tais, il est bien connu que je tourne toujours tout en dérision !

    Bonnes vacances à vous.

    Patrick ROBERT

  3. Juil 2010
    19
    21 h 07

    ORU, c’est le nom poétique pour “Opération de Renouvellement Urbain”.

    Pour le reste tu as bon : Jamet a décidé de se passer des services de la CASE, et de récupérer la maîtrise d’oeuvre du chantier agréé par l’ANRU et ses partenaires.
    Effectivement, les recettes étaient collectées par la CASE, qui restitue à la Ville les subventions versées par les partenaires. Le gap entre le moment où la CASE était censé restituer les sommes dues, et celui où la ville a connu cet incident de trésorerie fait polémique, bien sûr, entre nos deux bretteurs.
    Pour Jamet, c’est la CASE qui n’a pas honoré ses obligations, et pour Martin, c’est l’inconséquence de Jamet qui en est la cause. Alors, prêt gratuit, ou avance de trésorerie, peu importe.

    On note encore une fois l’incapacité des 2 stars politiques de notre communauté à travailler de concert, et à trouver, ensemble et pour le bien de tous, des solutions.
    Comme dans une série, il faut que cela commence par un gros fight.

    Cependant, je prête beaucoup d’intelligence et de talent à nos 2 édiles. S’agit-il seulement de “minables petites querelles de pouvoir et d’égo” ? A ce niveau de décision, on agit pas avec ses hormones, mais avec sa tête. Cela signifie qu’il y a un but derrière tout cela.
    La querelle d’égo, je la laisse aux commentaires, où on peut lire la jalousie de ne pas avoir le même diplôme, la même rémunération, et le toutim. Foin.
    C’est vrai qu’au fil des commentaires, on a un peu l’impression d’assister à un “ouest side story”, avec les Martin Boyz qui se confrontent à la Jamet Team (et quelques Apparatchiks qui s’en mêlent). Très folklorique en effet.

    Les citoyens de l’agglo ont assisté pendant les régionales à une campagne ou ces 2 messieurs ont délivré leur parole, sans montrer aucune acrimonie, et leurs tracts, tout sourires à l’entrée des magasins ! Quand il le faut, on peut s’entendre.

    Donc, il y a des buts derrière tout ça. L’avenir de la CASE (qui déterminera aussi l’avenir de l’un et/ou de l’autre) est un enjeu majeur.
    Il est important d’entendre la parole politique, une parole politique claire, qui concerne l’avenir le la CASE (et de Seine-Bord d’ailleurs, qui pourrait être soit partenaire de la CASE, soit se faire bouloter en même temps que notre chère communauté d’agglo, je le rappelle, encore proche des citoyens et des élus des 27 autres communes qui en font partie).

    Y a-t-il, oui ou non, une volonté de délocaliser nos centres de décisions dans la CREA ?
    Et en face, y a-t-il volonté de créer des partenariats stables et équitables (tout en admettant que le débat politique est souvent houleux).

    nono

  4. Juil 2010
    19
    21 h 32

    @Patrick,

    Il n’y a pas de no man’s land.
    Il y a qu’on ne va pas sacrifier une portion de budget tant qu’il n’y en n’a pas l’obligation – ou que l’on peut la rejeter sur un autre -, que ce soit par le rapport de forces, ou pire par l’inéluctable spectaculaire qui oblige à se confronter à ses responsabilités.

    L’accident a “failli” se produire, dis-tu. Les fleurs entretenues toute l’année sur les bords de route parlent plus fort que les citoyens, ou sont plus entendues. Dommage.

    nono

  5. Juil 2010
    20
    23 h 26

    Ouah ça rue dans les chaumières ! Je découvre que les élus connaissent internet, voila déjà un progrès. Il ne leur reste plus qu’à grandir un peu et arrêter de se pouiller pour penser à leurs électeurs

    LGV

  6. Août 2010
    16
    12 h 41

    Pour une fois ! Pour une fois que quelqu’un tente d’expliquer la réalité autrement que par la caricature, je dis merci ! Depuis 10 ans, je souffre de la profonde bêtise qui, par paresse intellectuelle, ramène tous les débats – tous les éclats – à une querelle d’egos. C’est si facile ! Cela fait paraître malin, informé… Et c’est idiot, aussi idiot que d’expliquer l’Histoire de France par les coucheries et les querelles entre têtes couronnées. Cette sottise a depuis longtemps disparu, mais perdure au niveau local. Bien entendu, il y a aussi querelle de personnes… comme dans tout conflit politique. Mais c’est parfaitement négligeable et secondaire : sur le fond, il y a d’abord et avant tout une querelle entre le créateur de la CASE, qui croit en l’intercommunalité et celui qui refuse la logique intercommunale et ses institutions.
    Par ailleurs, la réussite de la CASE, au service de ses habitants, est remarquable et je suis prêt à en faire le bilan : hors de la CASE, tout le monde reconnait l’ampleur et la qualité de la politique mise en oeuvre. Dans ce bilan, les querelles Martin-Jamet, qui font tant jaser, sont infinitésimales. Mais voilà : on préfère trop souvent s’informer auprès de Closer ou que lire le Monde ou au Figaro, qui n’ont pas d’équivalent dans la presse locale ! Enfin, cher Nono, ton analyse est truffée d’énormes erreurs. Mais nous en reparlerons…
    Pour le reste, après avoir remercié Nono de hausser le niveau du débat, je pr

    Franck Martin

  7. Août 2010
    16
    21 h 46

    Bonjour Franck,

    Je suis désolé, ton commentaire semble tronqué. Pas une volonté de ma part, un souci du monde numérique…

    Bien entendu les conflits et les affaires qu’on s’envoie à la figure semblent cacher d’autres enjeux.
    C’est pour cela qu’il est nécessaire de parler vrai aux habitants, citoyens et néanmoins électeurs, pour leur présenter des projets dans lesquels ils se sentiront bien – ou pas -, mais en tous cas d’éviter de prendre les gens, tous, pour de simples consommateurs débiles des services publics.
    Les querelles d’égo pourraient n’avoir que peu d’importance, s’ils ne cachaient, dans notre communauté, un profond déséquilibre : la CASE sans Val-de-Reuil, c’est une communauté d’agglo qui danse sur un pied !
    Or nous nous inscrivons sur notre territoire au niveau communauté d’agglomération, mais nous nous inscrivons aussi dans des schémas plus vastes, entre Grand Paris, Grand Rouen, région, …
    Les petites communes ont besoin d’une grande CASE, bien assise sur ses piliers, avec des projets pour l’avenir. La CASE a besoin de citoyens qui en comprennent la nécessité et les besoins, et qui s’impliquent dans son développement, et vers un bonheur de vivre. S’impliquer, c’est facile. On pense tout de suite à la vie politique, la vie économique ou le tissu associatif. C’est bien, mais tout le monde peut s’impliquer : des gestes, des attitudes, cela participe. Le voisin qui passe te voir pour te demander si tu veux du pain, celui qui nettoie son trottoir, les petits vieux qu’on peut aider à mieux vivre, mieux se déplacer et mieux partager la vie, les p’tits jeunes qui sont tout feu tout flammes, mais qui s’ennuient, et qui ne demandent qu’à être reconnus, pour ce qu’ils sont et font, même si des fois ça coince pour certains. Et puis tout le monde enfin ! Je ne connais pas grand monde qui n’ait envie de partager morceaux de vie, convictions, culture, sports, et bons et moins bons moments avec les autres. Et puis beaucoup ont besoin de sécurité : pas seulement les muscles, mais aussi un lieu, un toit, à manger, de la chaleur, du travail, faut être pragmatique, et le toutim.
    jusqu’à cette sécurité, moins facile, que nos gosses auront la chance de pouvoir aller à l’université apprendre à construire un monde en paix (et non totalement pollué et dévasté).
    Toi, comme Marc-Antoine Jamet, vous avez choisi un destin politique (le mot carrière me fait un peu frémir en matière de gouvernance publique). Vous décidez, par vos conduites, vos choix, vos (nos) actes, du sort de nombreuses personnes, souvent les plus humbles – et qui attendent beaucoup de vous.
    Il n’y a pas d’obligation de réussite. Mais il y a obligation de moyens.
    Bah peut-être que la première chose à faire est d’expliquer les raisons de ces choix, d’expliquer les risques, puisqu’on les partage tous, et les alternatives. Et d’écouter ce qu’en pense le peuple. Pas sûr qu’il soit si con si on ne le prend pas pour tel. Si on le laisse pas dans une salle d’attente avec “Closer”…

    Evidemment, Franck, tout cela est truffé d’énormes erreurs, et il t’appartient aussi de les corriger. J’en commets, encore et encore, et je n’ai pas fini. Mais j’écoute et j’apprends, je me corrige. J’en commettrai d’autres, corrige encore ;)

    nono

  8. Août 2010
    23
    18 h 01

    Totalement d’accord avec Laure. Je pense en premier lieu à Dominique Voynet et Noël Mamère.

    Denis

  9. Août 2010
    24
    16 h 07

    Il n’y a pas je pense de “premier lieu” (facile), mais il est plus que temps de légiférer dans ce sens.
    Tout le monde est d’accord, mais pour lui, elle, eux, sauf que pour l’élu multi-cartes et multi-récidiviste, ce n’est pas si facile !!!
    Certes la démocratie ne s’en portera que mieux, et les élus auront plus de temps pour s’atteler à leurs tâches. Mais les appareils et le star system y perdront en “efficacité” et en autorité (ah, on dit ordre et discipline).

    nono

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