Troïka

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A genoux les grecs, debout les libéraux !

La démocratie s'est exprimée. C'est le second référendum pour la Grèce? Syriza incarne l'avenir. La vieille Europe n'a jamais été aussi vieille. Oxi, ça veut dire non. Non à la seule politique de l'offre, sans tenir compte de la demande, des populations, des gens.
La position géographique et géopolitique de la Grèce ne nous permet pas de nous passer de ce pays. La Grèce met l'Europe devant ses responsabilités : l'Europe est politique, elle n'est pas qu'une union bancaire, ou économique. On sauve la Grèce, ou bien on coule la Grèce ? Et on prend le risque de couler avec, à court ou moyen terme ?
mur-de-berlin
L'Allemagne, d'abord, veut préserver un euro fort. L'Allemagne est exportatrice (51% de son PIB), championne en construction mécanique, métallurgie, machines-outils, électrotechnique, et automobiles, avec des groupes très forts, et des PMI très performantes. En attendant que l'Asie acquiert leur savoir-faire, quelle que soit la valeur de l'euro, ils vendent. En Europe, aux USA, en Chine, en Inde... On peut comprendre que pour l'Allemagne, l'euro doit être le plus fort et stable possible.
Mais il n'en n'a pas toujours été ainsi : par deux fois, après la guerre, et après la chute du mur, quand l'Allemagne était qualifiée d'"homme malade de l'Europe", l'Allemagne a sollicité la solidarité européenne.
Après guerre, en 1953, l'Allemagne avait vu sa dette allégée de 62%, un moratoire sur les intérêts de la dette et un rééchelonnement de sa dette sur 30 ans.Et le pays pouvait arrêter les remboursements si les sommes dues représentaient plus de 5% des recettes des exportations.
Après la réunification allemande, l'Europe des 15 avait accepté une forte hausse des taux d'intérêts, une dette publique augmentée de plus de 20 points dans une Europe rentrée en crise.
Michel Barnier a averti les nouveaux dirigeants grecs :
Il y a un règlement de copropriété dans la zone euro, c'est ce que tous les pays doivent comprendre. La difficulté de l'un devient le problème de tous. C'est la leçon de cette crise. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de dire Vous faîtes des dettes, vous faîtes des emprunts et vous ne remboursez pas. On doit toujours rembourser ses emprunts.
Michel Barnier, conseiller spécial pour la politique de défense et de sécurité auprès de la Commission européenne

C'est l'esprit de cette copropriété qui est en cause : "selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir." La Grèce semble bien noire.
Et surtout, au delà d'un poids du PIB européen presque insignifiant, on ne veut pas qu'un sauvetage de la Grèce ne serve d'exemple et ne fasse un appel d'air pour les autres nations endettées. Entre autres l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Irlande et la France.
Alors on s'apprête à sacrifier la Grèce.
Le ministre des finances, Yanis Varoufakis a du mettre sa tête sous le billot, après un exercice démocratique massivement en sa faveur.
Cela ne suffit pas : il faudrait une convergence fiscale, sociale, et, disons-le, politique.
Et, disons-le encore, le nouveau gouvernement grec est de gauche, dans une Europe conservatrice et libérale. Cela semble inacceptable.
M. J-C Junker a fait campagne pour le "oui" et "nouvelle démocratie" (droite). C'est le non et Syriza qui ont fait 61% qui ont été plébiscités. Le non a du mettre sa tête sous le billot (même pas de cravate). M. Junker reste.
La troïka (Commission européenne, BCE, FMI) a mis à genoux la Grèce. Même si aujourd'hui le FMI a changé de fusil d'épaule, en demandant d'investir 61,9 milliards €, et de réduire la dette.
Mais la Grèce n'est pas l'Allemagne. Vendeurs d'olives et de soleil contre fabricants de berlines et de robots...
Les efforts grecs ont porté leurs fruits (avec un excédent primaire faible, mais qu'on aimerait bien avoir), les propositions sont là - fiscales, anti-corruption, sociales - mais pas assez libéro-orthodoxes.
Que la Grèce meure : elle a choisi la gauche, elle est faible, elle ne fait peur à personne. Pour l'exemple. Malgré son intérêt géopolitique, malgré l'Europe.
Où voulons-nous aller ? Vers l'Union Européenne Bancaire ? Ou bien vers les États Unis d'Europe ?

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