Profitant des vacances pour relire l'adaptation théâtrale faite par
Jean-Claude Carrière du scénario américain d'
Harold et Maude en 1971 (une apologie de la liberté et de la contestation pacifique et joyeuse : à lire ou à relire !), je suis tombée sur un extrait, tellement moderne et pertinent, de
La Vieillesse de Simone de Beauvoir :
"Quand Bouddha était encore le prince Siddharta, enfermé par son père dans un magnifique palais, il s’en échappa plusieurs fois pour se promener en voiture dans les environs. A sa première sortie il rencontra un homme infirme, édenté, tout ridé, chenu, courbé, appuyé sur une canne, bredouillant et tremblant. Il s’étonna et le cocher lui expliqua ce que c’est qu’un vieillard : « Quel malheur, s’écria le prince, que les êtres faibles et ignorants, grisés par l’orgueil propre à la jeunesse, ne voient pas la vieillesse ! Retournons vite à la maison. A quoi bon les jeux et les joies puisque je suis la demeure de la future vieillesse. »
(...)
Cessons de tricher ; le sens de notre vie est en question dans l’avenir qui nous attend ; nous ne savons pas qui nous sommes, si nous ignorons qui nous serons : ce vieil homme, cette vieille femme, reconnaissons-nous en eux. Il le faut si nous voulons assumer dans sa totalité notre condition humaine. Du coup, nous n’accepterons plus avec indifférence le malheur du dernier âge, nous nous sentirons concernés : nous le sommes."