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Lettre à Monsieur le Président de la République, la République exemplaire et le TSCG

Monsieur le Président de la République,
Je vous ai écouté ce soir, lorsque vous vous êtes adressé à tous nos concitoyens, dont je fais partie.
Je ne vais pas vous tutoyer comme un simple camarade ou militant, je vais vous vouvoyer parce que vous êtes le Président de notre Vème République. Nous sommes égaux, surtout certains. Nous avons pu être camarades pendant la campagne. Je ne crois pas avoir eu l'occasion et l'honneur de battre le pavé directement à vos côtés, pour les combats sociaux ou pour réclamer la sortie du nucléaire. j'ai eu l'occasion de côtoyer certains de vos camarades, aux termes d'un accord entre écologistes et socialistes et au cours d'une campagne où l'on a connu le meilleur, comme le pire. Pas de chance localement, car dans notre cinquième circonscription, nous avons connu le pire. Mais aussi des meilleurs, merci Martine et les militants PS qui ont vraiment bossé.
Les écolos et les socialistes sont donc devenus partenaires pour entamer une transition écologique de la société, pour s'engager dans la transition énergétique, en faisant passer la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025, et en oeuvrant pour rénover le logement socialement et énergétiquement. C'est un compromis.
Vous avez été candidat, vous êtes désormais Le Président. Je vous ai écouté ce soir, et je comprends que vous soyez très attentif, sinon atterré par les chiffres du chômage en France. Et que vous souhaitez que la crise permanente dans laquelle nous vivons connaisse une accalmie. C'est le voeu de la plupart des français. Mais ce n'est pas la dure réalité.
Comme candidat à la plus haute fonction de l'Etat, vous aviez dit, à propos du traité européen, le TSCG : "Le traité en l'état ne sera pas ratifié par la France".
Je ne vous ai pas entendu en parler ce soir, peut-être ai-je manqué d'attention.
Vous nous avez dit que la maîtrise de la dette était indispensable. Elle le reste.
Vous avez mis des conditions pour signer ce traité : "la création d'eurobonds, non pas pour mutualiser les dettes, mais pour financer des projets industriels, d'infrastructures dont les Etats détermineront l'ampleur", "la création d'une taxe sur les transactions financières avec les Etats qui en décideront", "la libération de davantage de possibilités de financements de la Banque européenne d'investissement", "la mobilisation de tous les reliquats des fonds structurels européens aujourd'hui inutilisés" pour accompagner des projets "qui auront des retombées sur les entreprises".
En outre, "la BCE devait pouvoir intervenir en premier et dernier ressort auprès des Etats".
Vous êtes désormais Président de la République, Monsieur le Président. Nous sommes bien loin du compte, Monsieur le Président. Car ce traité reste en l'état où vous le combattiez lorsque vous étiez candidat à l'élection et que les françaises et les français ont voté pour vous.
Je n'ai pas vu ce qui dans nos comptes ou nos prévisions de croissance peut laisser croire que nous échapperons aux sanctions automatiques qui s'appliqueront aux pays qui ne respecteront pas là règle "d'or".
Mais c'est vous, Monsieur le Président, qui êtes à la tête d'une armée de spécialistes.
Ces experts sont à même de vous avertir du risque d'une récession qui risque d'être longue et douloureuse. Le cas des pays européens à qui on a apporté des remèdes lourds doit nous alerter.
Parmi notre peuple, beaucoup doutent de la possibilité de respecter les promesses électorales, dont l'embauche de 60.000 enseignants, en même temps que le redressement économique, la transition énergétique, le logement, la sécurité pour tous, la lutte contre le dérèglement climatique, la sauvegarde des acquis sociaux, la retraite...
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé l'objectif d'un retour à l'équilibre budgétaire en 2017, lors de son discours de politique générale. Nous devons donc réduire le déficit public à 4,5 % du PIB cette année, 3% en 2013 avant d'atteindre cet objectif de 0% en 2017. L'hypothèse de croissance était surestimée.
C'est encore le Premier ministre qui a annoncé qu'il fallait réduire "un peu" l'hypothèse de croissance prévue pour le budget 2013, fixée à 1,2%.
Ce soir, vous l'avez réévalué, à 0,8%. Je crois me rappeler, contredisez-moi, qu'un dixième de pourcent correspond à peu près à 1 milliard d'euros. Que des économistes que vous jugerez trop pessimistes, d'autres les jugeront trop optimistes, estiment ce chiffre trop élevé, 0,5% serait plus juste si la situation ne s'aggrave pas.
Cette réévaluation, entre 0,8 et 0,5%, nous laisse-t-elle un espoir de remplir les engagements du traité, autrement que par la douleur, le chômage, et toujours plus d'inégalité ? Nous sommes certes tous égaux, mais beaucoup le sont moins que les autres.
Alors pourquoi ne pas demander au peuple son avis sur un tel traité, Monsieur le Président ? Le peuple est-il devenu idiot et incapable de choisir son destin ?
Le peuple a voté pour la renégociation du traité en votant pour vous, Monsieur le Président de la République. Vous changez d'idée. Vous êtes heureux de constater qu'il n'y a pas besoin de changer la constitution pour le signer. Ni de modifier le traité que l'on ne peut ratifier en l'état.
Mais avons-nous changée d'idée, nous les gens, les citoyens ?
Modestement, Monsieur le Président de la République, comme simple citoyen, je vous soumets une idée que j'ai eu, et qui pourrait ravir à plusieurs égards votre ministre du redressement productif :
Le non-remplacement d'un Président de la République sur deux à l'issue de votre mandat.
Je ne veux pas caricaturer en disant qu'il suffirait de vendre "Air Pizza One", l'avion présidentiel, pour payer quelques milliers de SMIC annuels, ou de récupérer au profit du redressement productif ou de l'écologie le fastueux budget élyséen.
Je vous rends grâce de votre projet de loi d'interdiction de cumul des mandats. Ce sera une vraie évolution déjà.
La marche de l'Europe ne peut s'arrêter maintenant. Notre avenir, nous allons le construire au sein de l'Europe. Y a-t-il d'autre choix démocratique que le fédéralisme ?
Force est de constater qu'il y a un vrai problème démocratique dans le fonctionnement européen, celui des États nations, et aussi celui de la décision de sanctions envers les États lorsque les sanctions économiques sont administrées alors qu'aucun budget fédéral n'existe encore. Et que les décisions sont incompréhensiblement prises par des commissions auxquelles personne ne comprend rien.
A-t-on mis la charrue avant les boeufs, Monsieur le Président, lorsqu'on signe en traité de stabilité sans se donner les moyens de quelque péréquation, sans se donner d'investir et de s'investir pour réaliser notre mutation politique, économique, écologique, sociale, et solidaire ?
Peut-on faire avancer l'Europe sans que le fonctionnement de celle-ci ne devienne transparente et contrôlable par le peuple ?
Vous avez parlé de patriotisme, Monsieur le Président. Patriote c'est faire confiance au peuple qui gouverne. A travers vous, puisqu'il vous a désigné. Et aussi pour un programme qui lui est apparu préférable.
Sans vouloir vous fâcher, Monsieur le Président, peut-être l'assentiment du peuple est nécessaire sur le traité. Comme il le sera pour d'autres sujets. Le peuple gouverne.
Sans doute, notre société doit évoluer, comme nos institutions.
Nous serons à vos côtés parce que nous sommes le peuple, tant que vous restez aux côtés du peuple, que vous lui donnerez la parole, que celle-ci sera entendue, et que sa volonté sera respectée.
Je vous souhaite, Monsieur le Président, et je nous souhaite à tous de la réussite et de la solidarité.

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