gaz à effet de serre

Ce tag est associé à 1 articles

Un « accident » dans un puits gazier de Californie provoque une catastrophe écologique majeure et prévisible.

La fuite a été signalée le 23 octobre 2015. Elle provient du plus grand site de stockage géologique de gaz naturel de l’ouest des Etats-Unis, qui alimente Los Angeles. Il y a 115 puits d’injection et de pompage sur ce site situé à 2400 m de profondeur, qui contient 2,3 milliards de m3 de gaz.
Les dégâts sont colossaux, avec des impacts définitifs sur le réchauffement : le méthane a un effet de serre 80 fois plus important que le CO2 sur 20 ans. Il s’échappe jusqu’à 58 tonnes de méthane par heure. Depuis le 23 octobre, c’est 2% du gaz contenu qui s’est échappé, et cela représente chaque mois 25% des émissions de ces gaz à effets de serre de tout l’État.
la_fuite_d_alizo_canyon
La Californie placée en état d’urgence.
Comme pour « Deepwater Ocean », au large de la Louisiane en avril 2010, où BP avait mis plus de 3 mois à colmater la brèche, l’exploitant, ici « SoCalGas », après 8 tentatives, se montre toujours incapable de résoudre la situation.
La fuite se situe à 1000 m de profondeur, et la pression formidable exercée par le gaz a empêché toutes les tentatives de colmatage. Selon les dires de la compagnie, la situation ne sera pas résolue avant des mois.
Avec 50 tonnes de méthane s’échappant à l’heure, pendant 6 mois, cela signifie plus de 5,5 millions de tonnes d’équivalent CO2.
Risques et solutions
La compagnie va tenter de creuser un puits secondaire pour « soulager » la pression du puits en cause, ce qui pourrait permettre le colmatage. S’il faut attendre que la pression ait baissé d’elle-même en s’échappant, la catastrophe sera presque totale.
Presque ? Nous sommes situés ici sur la faille de San Andreas, où toute la population redoute le « Big One ». On y trouve aussi une centrale nucléaire, celle de « Diablo Canyon », deux réacteurs à eau pressurisée, censée résister aux secousses les plus fortes émanant des 4 failles sismiques qui l’entourent. C’est en tous cas ce qu’a conclu la NRC (commission de réglementation nucléaire des États-Unis).
Le risque de séisme est largement aggravé par la fracturation hydraulique, car si le site d’ « Alizo Canyon » est un site de stockage, on y injecte du gaz extrait par la fracturation hydraulique alentours.
Les risques liés à la fracturation hydraulique ont déjà été pointés par les ONG et la population qui y est de plus en plus opposée, et le gouvernement américain s’était engagé en ce début d’année à instaurer des règles contraignantes qui devaient être appliquées à la fracturation :
  • Renforcer l’étanchéité des puits et réaliser des tests systématiques ;
  • Vérifier la qualité des parois en ciment afin de protéger les nappes phréatiques ;
  • Publier la liste des produits injectés dans le sol pour en permettre l’extraction ;
  • Prévoir un plan d’élimination des produits toxiques ;
  • Sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts au lieu des les évacuer dans des fosses creusées à même le sol…
Le coût de ces mesures devrait se situer aux environs de 30 millions de dollars par an pour tous les USA. Cette somme très minime est due au fait qu’elle ne concerne que la fracturation hydraulique, pas les sites de stockage, et uniquement sur les terrains qui sont propriété de l’État fédéral. Donc ni les sites d’extraction privés, ni ceux appartenant aux États fédérés.
L'opposition des lobbies à la prévention et aux solutions
Les lobbies pétroliers se sont pourtant immédiatement et farouchement opposés à cette réglementation, parlant de « réaction à des mesures non fondées ».
Autrement dit, laissez-nous faire, on sait ce qu’on fait, nous contrôlons tout. Et ne touchez surtout pas à nos profits !
Ces mesures selon eux, « en ajoutant des coûts pour [leurs] producteurs indépendants », allaient faire fuir les investissements et les créations d’emplois.
Les lobbies pétroliers, en collaboration avec les républicains et les États fédérés, refusent toute réglementation, même minime. Ils sont en guerre contre la réglementation, contre une opinion de plus en plus opposée.
Il aurait mieux valu étendre la réglementation aux sites de stockage, et renforcer l’étanchéité des puits. Nous n’en serions pas là avec une cette fuite qui provoque une catastrophe mondiale pour les générations futures. Juste pour une question de profits, déjà évaporés.
Qui va payer ?
Pour ces centaines de milliers de tonnes à effet de serre rejetés massivement dans l’atmosphère, qui va payer ? A part les générations futures, s’entend…
A seulement 8 $ la tonne de CO2, cela ne représente qu’un peu plus de 43 millions de $ de dédommagements envers le monde. Un grain de sable qu’il eût mieux valu investir pour renforcer les puits et vérifier la qualité des parois, pour que cela n’arrive pas.
Mais les accords de la COP21 ne sont pas contraignants, et ne disent pas un mots sur les gaz à effet de serre, et encore moins sur leur coût.
A part d'éventuels dédommagements envers les habitants, si plus tard, il y a séisme, la nature portera le chapeau.
Et s’il y a accident nucléaire du fait d’un séisme, on parlera alors de catastrophe naturelle…

Suivez nous

suivez-moi sur facebooksuivez-moi sur twitterabonnez-vous en RSS